Nous sommes parfois surpris de l’attitude d’une personne qu’on pensait connaître et qui, devant une situation particulière, étonnamment, réagit de façon bien différente de ce que l’on aurait pensé. On pouvait jurer de son honnêteté et de sa droiture, mais voilà qu’il nous escroque. Faut-il conclure que nous sommes des naïfs et que ce personnage jouait bien son jeu jusqu'à cet événement ? 

Pas forcément, car il existe au fond de chacun d’entre nous des traits de caractère bien enfouis, qui ne se réveillent que devant une réalité nouvelle et qui peuvent nous faire réagir d’une manière qui nous surprendra nous-mêmes. Devant un danger ou un stress important, on peut réagir avec lâcheté ou courage, avec noblesse ou égoïsme, se soucier de l’autre ou au contraire le considérer comme inexistant. 

Le Saba de Kelm expliquait ainsi la surprenante attitude d’Efron face à Avraham Avinou lorsque ce dernier le pria de lui vendre une grotte afin d’y enterrer sa femme Sarah. Dans un premier temps, Efron proposera généreusement au Patriarche de la lui céder gratuitement et même d’y ajouter le terrain sur lequel cette grotte débouche. Mais lorsqu’Avraham insistera pour payer la transaction, Efron se métamorphosera en commerçant cupide et demandera une somme faramineuse. 

Cette contradiction dans le comportement d’Efron se retrouve aussi chez des gens qui paraissent facile à vivre et au bon caractère, jusqu’au jour où cela touche leur honneur ou leur argent. 

A ce propos, on rapporte que quelqu’un s’adressa au Rav Steinman pour le questionner sur l’un de ses élèves les plus proches auquel on s’intéressait en vue d’un mariage. Le Rav répondit qu’il ne le connaissait pas. Devant l’étonnement de son interlocuteur, il lui expliqua sa réponse en lui disant : “Nos Sages nous apprennent qu’on peut connaitre un homme lorsqu’il est confronté à trois situations : lorsqu’il boit de l’alcool (Békosso), dans sa colère (Béka’asso), et lorsqu’il en va de son argent (Békisso). Or dans ces trois domaines, je ne le connais pas” expliqua le Rav. 

Le sujet des traits de caractère enfouis est le point névralgique de l’assise d’un couple. Lorsqu’on rentre sous la ‘Houpa, nous sommes heureux de concrétiser notre décision de partager la vie avec la personne que nous avons élue. Le destin nous fait rencontrer un jour notre “moitié”, et nous avons trouvé en elle celle qui éveille en nous le désir de nous unir et de fonder ensemble un foyer. Même dans le cas où on pense bien connaître notre futur conjoint avant de faire le pas, tout au long de la vie commune, on va lui découvrir des aspects insoupçonnés. Le père d’un enfant très handicapé m’avait un jour dit que les raisons pour lesquelles il aime aujourd’hui sa femme ne sont pas du tout les mêmes que celles du début du mariage. Il avait trouvé en elle courage et joie de vivre pour surmonter cette épreuve.

Et c’est là que se trouve la clé du bonheur dans un couple : le destin envoie à chaque famille ses épreuves (subsistance, santé, éducation des enfants, belle-famille, voisinage…) qui la secouent et menacent parfois l’équilibre même du couple. C’est dans ces moments que les forces enfouies en nous vont s’exprimer, l'épreuve dévoilant au grand jour ce que nous sommes. Lorsque l’homme ou la femme réagissent intelligemment, avec sang-froid et avec Emouna, conservant le sourire et la confiance en l’avenir, ils provoquent indirectement chez le conjoint des sentiments d’admiration et de reconnaissance, qui ne peuvent qu’engendrer de l’amour profond. En réalité, les forces se trouvaient en nous, mais il fallait les faire resurgir, car l’Eternel dans Sa bonté ne nous envoie que des problèmes surmontables. 

Puissions-nous mettre nos forces à profit !