Il est écrit : « La vie de Sarah fut de cent vingt-sept ans ; telle fut la durée de sa vie. » Rachi explique que cent, vingt, et sept ont une signification propre. Sarah était sans faute à l’âge de cent ans comme à vingt ans. Elle était belle à vingt ans comme à sept ans. Sarah était donc belle et juste. Est-ce là ce que la Torah veut nous apprendre ?  

Le temps que D.ieu nous octroie est une opportunité de nous réaliser. Il nous appartient de saisir les occasions qui se présentent pour ainsi passer du potentiel au réel. C’est le défi de notre vie. Les justes ont cette particularité que chez eux chaque instant compte. On raconte qu’un élève du 'Hafets Haïm est tombé gravement malade. Sa vie était en danger. Ses amis ont alors proposé de donner des instants de leur propre vie. Si ce concept peut paraître étrange, plusieurs histoires de ce type ont été retranscrites par nos maîtres. Les uns ont donné trois mois, d’autres un an. Ils ont ensuite consulté leur illustre maître afin qu’il associe et qu’il donne aussi un peu de sa vie. Le 'Hafets Haïm a murement réfléchi et a décidé de donner une minute, pas plus. Il expliqua à ses élèves que la vie était précieuse et que chaque instant vaut bien plus que de l’or. Il faut chérir le temps qui nous est donné. On a l’habitude de dire que le temps c’est de l’argent, mais en fait le temps, c’est de la vie. Et la vie, c’est la sanctification du Nom divin. Nous avons en effet le devoir d’honorer le Nom de D.ieu par nos actions. 

Les maîtres de la Kabbale expliquent qu’avant de venir dans ce monde, l’âme se délecte de la Présence divine. Elle jouit de la proximité avec D.ieu sans effort. Cette situation n’est pas honorable pour l’âme. Elle mange un « pain de honte ». Elle souhaite ardemment bénéficier de cette Présence par le biais de ses mérites. D.ieu la place donc dans ce monde afin qu’elle acquière le mérite de la Présence divine. Elle l’obtiendra en sanctifiant le Nom de D.ieu par la pratique des Mitsvot et en surmontant les épreuves. Chaque instant est l’occasion d’accomplir cette mission. 

Sarah était sans faute à l’âge de cent ans comme à vingt ans. Elle avait choisi de faire de sa vie un exemple. Elle vivait une vie pieuse. Mais attention ! Elle n’était pas une ascète coupée du monde et repliée sur elle-même. À l’instar de son mari Avraham, elle formait des croyants. Elle propageait le monothéisme dans le monde. 

Rachi nous dit qu’elle était belle à vingt ans comme à sept ans. La beauté s’effrite avec les soucis et les épreuves. Les aléas de l’existence nous enlaidissent. Cela dépend en grande partie de notre perception. Une joie de vivre indéfectible nous protège des marques du temps. Sarah était belle malgré ses épreuves. Elle avait la beauté d’une enfant insouciante, car elle aimait la vie. Quel était son secret ? Elle avait choisi de vivre, quoi qu’il arrive. 

Nous pouvons, nous aussi, choisir de vivre chaque instant de notre existence avec enthousiasme.          

Il nous appartient de comprendre que les épreuves sont des tremplins et pas des châtiments. Nous devons saisir que D.ieu nous aime d’un amour incommensurable et que chaque un instant de vie est une preuve de Son amour.  

Il est écrit (Psaumes 100,2) : « Adorez l’Éternel avec joie, présentez-vous devant Lui avec des chants d’allégresse. » C’est en choisissant de vivre une vie de Torah que l’on y parvient. Le Sfat Emet écrit à ce sujet : « Il n'y a pas de plus grande joie que la révélation de l'âme, pas de plus grand bonheur que le triomphe de la spiritualité sur le monde matériel. » Chacun de nous a une mission spéciale dans la vie et reçoit des capacités uniques pour lui permettre de remplir cette mission. Nous sommes dotés d'une âme pour nous aider à atteindre nos objectifs spirituels. Ainsi, nous avons tous un grand potentiel de grandeur. Il nous suffit de choisir la vie à l’image de Sarah.