Notre quotidien est presque aussi bien réglé qu’une horloge : lever tous les matins à heure fixe, prière, prise du petit-déjeuner minutée, accompagnement des enfants. Et tout doit rentrer dans une fourchette de temps parfois très serrée.

Si, par malheur, le moindre boulon de cette horloge ne tournait pas exactement comme prévu, nous aurions tendance à faire respecter le programme préétabli coûte que coûte, quitte à en subir les conséquences. Tourmentée par l’horaire, notre réaction métabolique activera le « mode de survie » comme s’il s’agissait d’une menace bien réelle. Le cerveau déclenchera alors une double réaction hormonale : les catécholamines d’une part, le cortisol d’autre part, un duo salutaire dans l’immédiat, puisque cette réaction biochimique sert à nous mettre en éveil face au danger. Elle redirige le flux sanguin là où, dans l’urgence, on en aurait le plus besoin, c’est-à-dire les muscles, les organes internes prêts à combattre ou à fuir mais inhibant du même coup ceux inutiles à la bataille, tels que le système digestif par exemple. Il va donc sans dire que lors du repas, il ne faut pas être en fighting mode, or c’est pourtant le lot de bien des gens sous pression. 

En savoir un peu plus sur notre système afin de mieux l’appréhender 

Pour ceux qui souhaitent savoir le pourquoi du comment. 

Le système digestif dans son ensemble est sous l’influence du système nerveux dit sympathique et parasympathique. Par exemple, le système parasympathique correspond à une réponse relaxante. Il induit un ralentissement général des fonctions de l'organisme. Le rythme cardiaque et l'activité respiratoire sont ralentis et la tension artérielle diminuée. La fonction digestive et l'appétit sexuel sont favorisés. Mais que se passe-t-il lorsque l’organisme est soumis à une forte pression ? C’est l’activation du système sympathique. Les catécholamines, des neurohormones impliquées dans la transmission de l’influx nerveux qui sont produites en grandes quantités sous l’effet du stress, activent le système nerveux dit sympathique. En effet, l’épinéphrine (adrénaline) et la norépinéphrine (noradrénaline) sont les premières mobilisées pour réagir en cas de stress. Leurs effets secondaires sont bien connus : sueurs, augmentation du rythme cardiaque, tensions artérielles etc. 

Parallèlement au stimulus des catécholamines, le cerveau ordonne à l’hypophyse de sécréter du cortisol par les glandes surrénales. Le cortisol libère à son tour du glucose dans le sang pour satisfaire les besoins en énergie à partir des réserves en glycogène, en graisse ainsi qu’en protéines. Les effets combinés des catécholamines et du cortisol peuvent s’avérer nuisibles à l’ensemble du système digestif lorsqu’ils se produisent de façon répétée. Un dysfonctionnement à ce niveau impacte donc la maintenance générale de notre estomac et peut parasiter notre digestion. C’est pourquoi un stress répété peut être la source de différentes pathologies digestives telles que l’intestin irritable par exemple dont les symptômes sont douleurs abdominales, troubles du transit (diarrhées ou constipations), ballonnements, remontées. Le stress est également lié à des pathologies plus graves telle que l’ulcère gastroduodénal ou d’autres maladies liées aux inflammations de l’intestin (MII), le reflux gastro-œsophagien, le syndrome du côlon irritable. En bref, si notre petit-déjeuner est ingurgité sous la menace de la montre, c’est tout notre système digestif qui peut s’en trouver altéré. Ce n’est qu’une petite partie des dommages sur notre système digestif, le préjudice global est bien plus alarmant que ces quelques minutes perdues…

Et du coté Torah 

Le Rav Chlomo Ganzfried écrit dans son abrégé du Choul’han ‘Aroukh [1] : 

« Le Créateur, qu’Il soit béni et que béni soit Son nom, a créé l’Homme (ainsi que tout être vivant) et y a mis la chaleur naturelle qui constitue sa vitalité, de telle sorte que si le feu naturel s’éteint, il n’y a plus de vie. C’est grâce à la nourriture que l’homme consomme que cette chaleur est entretenue. Comme le feu s’éteint complétement si l’on n’y ajoute pas constamment du bois, l’homme qui ne mange pas meurt, car son feu intérieur s’éteint. La nourriture est broyée entre les dents, mélangée avec sucs et salive, puis liquéfiée. De là, elle descend dans l'estomac. Là aussi, elle est écrasée, mélangée aux sucs (suc gastrique et bile), diluée, transformée par la chaleur et les sucs, puis digérée. La partie utile est tirée pour l'alimentation de tous les organes et le maintien de la vie de l'homme ; le déchet qui est le surplus est évacué. Pour cela, nous disons dans la bénédiction Acher Yatsar : « Il fait des merveilles ». En effet, le Saint, béni soit-Il, a conféré à la nature humaine la faculté de choisir dans l'aliment le bon, à chaque organe celle d'attirer la nourriture qui lui convient, le déchet étant évacué. Car si le déchet restait à l'intérieur, il provoquerait des maladies, que D.ieu nous en préserve. C'est pourquoi la santé du corps et sa faiblesse dépendent pour la plus grande part de la digestion des aliments. S'ils sont digérés facilement et bien, on se trouvera alors en bonne santé. Mais si la digestion est dérangée, alors on s'affaiblira et l'on pourra en arriver à être en danger, à D.ieu ne plaise. » Le Choul’han ‘Aroukh met donc l’accent sur l’importance d’une bonne digestion comme premier facteur santé.

Après la culture, la confiture  

À ce prix-là, mieux vaut repousser le petit-déjeuner du matin. Mais qu’on se le dise, il en va de même lorsque la pression provient de l’intérieur. Piquer une colère en plein repas active presque les mêmes facteurs chimiques que le stress et dérègle de surcroît la vésicule biliaire par ses sécrétions excessives.   

Conclusion :  on ne s’attable ni sous le coup de la colère, ni du stress.  

Vous seriez peut-être étonnés de savoir qu’au-delà d’être un bon conseil, c’est une Halakha du Choul’han ‘Aroukh qui écrit [2] : « Un homme ne doit pas être nerveux durant son repas. » Essayons de penser la Halakha. Et s’il est nerveux ou stressé (ce qui revient à peu près au même), que doit-il faire d’après la Halakha

Deux propositions : se calmer s’il en a les moyens, ou bien repousser son repas à plus tard pour ne pas être victime des conséquences.

Et oui, ça peut paraître tout bête comme ça, mais nous ne sommes pas obligés de manger lorsque nous le pouvons !

En revanche, nous somme obligés de manger correctement.  

En résumé, il y a « manger » et « manger », l’important est de bien manger, quitte à repousser la prise alimentaire en patientant avec une boisson chaude en attendant le moment idéal pour se mettre à table. 

En collaboration avec Dr. Judith Toubiana de Restart https://torahbox.com/9JRS Contact : 02-5381820 (appuyez sur 3) / WhatsApp: 052-6643995 / Mail : [email protected]/ Info : https://lp.vp4.me/psp8