Les Sages d’Israël bénéficient au sein de notre peuple d’une reconnaissance suprême. Leurs avis est recherché tant sur le plan spirituel que matériel, leur comportement est minutieusement scruté et leurs décisions scrupuleusement respectés. Ils sont la principale source d’inspiration et d’ambition des membres du peuple juif, tant pour leur sagesse que pour leur piété. 

D’où provient leur aura si particulière ? Sommes-nous tenus d’être soumis à leur autorité ?

La Torah écrite n’est pas compréhensible sans la Torah orale

Avec le don de la Torah au mont Sinaï, Hachem enseigna à Moïse l’explication et les détails de toutes les Mitsvot. Moïse à son tour les transmit au peuple. Cette transmission de maître à élève fut orale jusqu’en l’an 3948, où Rabbi Yéhouda Hanassi inscrivit tous les enseignements oraux sur parchemin : ce fut la naissance de la Michna.

La Michna regroupe les détails et les explications de toutes les Mitsvot de la Torah, qui furent transmises de Moïse jusqu’à Rabbi Yéhouda Hanassi.

Le fait que D.ieu assigna à Sa Torah une explication orale se transmettant de maître à élève était inéluctable, car sans cette explication, la Torah serait impénétrable.

Quelques preuves que la Torah orale est indispensable à la compréhension de la Torah écrite...

Chabbath

« Pendant six jours on se livrera au travail, mais le septième jour il y aura repos, repos solennel pour une sainte convocation. Vous ne ferez aucun travail. Ce sera le Chabbath de l’Eternel, dans toutes vos habitations » (Lévitique 23, 3) 

Quel genre de travail nous est-il interdit d’accomplir le Chabbath ? Est-il pensable de sanctionner le contrevenant, pour la transgression du Chabbath, alors qu’on ne lui a pas expliqué par quelle action il se rendrait coupable ?

« Que chacun demeure où il est, que nul ne sorte de son habitation le septième jour. » (Exode 16, 29)

Qu’est-ce qu’une habitation ? Doit-on s’isoler des autres gens le Chabbath ?

Les Téfilines (phylactères)

« Tu les attacheras, comme symbole, sur ton bras, et les porteras en fronteau entre tes yeux » (Deutéronome 6, 8)

De quel symbole s’agit-il ? Le mot symbole en hébreu ‘Ote’ signifie aussi marque, signe ou encore lettre… alors que devrions-nous nous attacher sur le bras ?

« En fronteau » se dit en hébreu ‘Totafot’. Quel est le sens ? Peut-être qu’il s’agit d’un plat traditionnel ? Comment se fait-il que tous les membres du peuple juif portent les mêmes phylactères au même endroit depuis la nuit des temps ?

Tsitsit

« Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d’ajouter à la frange de chaque coin un cordon d’azur » (Nombres 15, 38)

Que sont ces franges ? De quelle matière sont–elles faites ? Où trouver ce bleu azur ? Et si le vêtement n’a pas de coin, sommes-nous obligés d’y mettre des franges malgré tout ?

Souccot

A propos de la fête de Souccot, il est dit : « Vous demeurerez dans des tentes durant sept jours ; tout indigène en Israël demeurera sous la tente » (Lévitique 23, 42)

De quoi doit être fait cette tente ? On devra vendre sa maison à ce moment-là ? Femmes et enfants aussi sont obligés d’y demeurer ?

Roch ‘Hodech (la néoménie)

« Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier mois de l’année » (Exode 12, 2)

Comment calcule-t-on ce mois-ci : d’après le Soleil ou bien la Lune ?

La vie conjugale

« Quand un homme aura pris une femme et cohabité avec elle… » (Deutéronome 24, 1) 

Avec quoi doit-il prendre la femme ? Par la main ? Avec de l’argent ? Après quoi peuvent-ils cohabiter ensemble ?

« Et que ce dernier, l’ayant prise en aversion, lui écrive un libellé de divorce… » (Ibid. 24 :3)

Que doit-il écrire sur ce libellé ? Et qu’es qu’un libelle de divorce ? Un tampon, un reçu … ?

La Brit Mila

« Vous retrancherez la chair de votre excroissance, et ce sera un symbole d’alliance entre Moi et vous » (Genèse 17, 11)

De quelle excroissance est-il question ici ? Sans une explication claire et fiable de la signification de ce verset, comment tout le peuple se serait unanimement livré à des circoncisions sur leurs propres bébés ? 

Il est donc clair que la Torah écrite ne peut être comprise sans la Torah orale, cette transmission des Sages, qui de génération en génération a garanti la validité de la Loi divine.

Outre ces considérations évidentes, D.ieu Lui-même nous ordonne de nous soumettre aux Sages, leur conférant par là une souveraineté totale sur le peuple.

Ainsi dit la Torah : « Si tu es impuissant à te prononcer sur un cas judiciaire, sur une question de meurtre, de droit civil, ou de blessure corporelle, sur un litige quelconque porté devant les tribunaux, tu te rendras à l’endroit qu’aura choisi l’Eternel, ton D.ieu... Et tu agiras selon leur déclaration, émanée de ce lieu choisi par l’Eternel, et tu auras soin de te conformer à toutes leurs instructions. » (Deutéronome 17, 8-10)

Ou encore : « … Ne t’écarte pas de ce qu’ils t’auront dit ni à droite ni à gauche. » (Ibid 17, 11)

La grandeur des Sages d’Israël

Lorsque le peuple fut présent au mont Sinaï, il accepta de se faire diriger par les Sages, puisque c’est effectivement un commandement à part entière de la Torah.

Choisis par leurs prédécesseurs pour leur maîtrise parfaite de la Torah, ainsi que leurs hautes qualités morales, les Sages de chaque génération sont assermentés pour diriger le peuple face aux évolutions de la société et des mœurs.

Comme ce fut le cas des communautés partout à travers le monde, riches ou pauvres, jeunes comme moins jeunes, toutes admettaient la souveraineté des grands de la génération concernant leurs choix de vie.

Ainsi, l’influence du Baal Chem Tov et de ses élèves en Europe Centrale, des familles Abouhatsira et Tolédano au Maroc, du Gaon de Vilna en Lituanie et au sein de la Russie Blanche, ou encore celle de Rabbi ‘Haïm Falaggi et de son fils Rabbi Avraham en Turquie, du ‘Hatam Sofer en Hongrie et du Ben Ich ‘Haï en Irak, préserva les communautés et avec eux les milliers de juifs qui suivirent les préceptes des grands des générations, avec intégrité.

Aujourd’hui aussi, comme à chaque génération, les grands de la génération œuvrent dans le même sens : préserver et améliorer la qualité du service divin de chaque juif, là où il se trouve. C’est pourquoi il est impératif d’entrer en contact avec des Sages reconnus par leurs pères, porteurs de ce que l’on appelle une tradition. 

Comme le dit la Guémara Roch Hachana p. 25 « ne dis point que les jours d’avant furent meilleurs que ceux-ci », explique Rachi : Pour t’apprendre que tu ne dois demander qu’un juge de TA génération. 

Puisse Hachem nous guider afin que l’on ait le mérite d’étudier et de pratiquer toute la Torah écrite, à la lumière de la Torah orale et de l’enseignement de nos sages.