La critique (« bikoret ») ressemble à une visite (« bikour »).

Tu entres dans la pièce, inspectes, flaires, lèves les yeux sur les peintures, sur les meubles, tu tournes la tête à droite et à gauche, sourcilles devant les coins poussiéreux et tends l’oreille aux propos murmurés par-ci, par-là.

Nous aimons toutes les visites et les fêtes. Mais nous les apprécions plus lorsque l’on nous avertit. Aucune de nous n’est contente lorsqu’une voisine entre sans y avoir été invitée.

Critiquer avec des mots, c’est un peu comme ouvrir la porte et rendre visite à l’autre !

Tu toques et attends patiemment.

« Puis-je venir chez toi ? » c’est la question que tu poses à ton interlocuteur. « Est-ce que cela te convient si j’analyse ce qui se trame à l’intérieur de ton âme ? »

Tu dois tenir compte de la réponse et la respecter.

S’il refuse, n’oublie pas qu’il s’agit de son domaine. Il est le propriétaire et choisit d’inviter qui bon lui semble et à un moment opportun.

Si tu pénètres son intériorité alors qu’il ferme les verrous, ta critique ne sera d’aucune utilité et plus encore, elle sera nuisible.

Pour que la critique soit constructive, il est conseillé de l’enrober de compliments. Même les personnes les plus rigides les apprécient.

Ce sont des moyens magiques pour que l’homme autorise « la visite de la critique ! »

En entrant à la maison, une odeur de brûlé m’assaille !

« Mon repas de midi ! »

J’ai du mal à ravaler ma colère, combien de fois ai-je demandé à mon mari d’éteindre le feu ! Combien de fois a-t-il oublié ! Que vont-ils bien manger à présent ? Qui va laver les marmites brûlées ?

Je ne sais pas par quel mérite, mais à ce moment-là, j’entends comme une petite voix : « Si tu cries et s’il se met lui aussi en colère, que gagneras-tu ? Cela ne rendra ni la nourriture consommable, ni récurera les casseroles ! Trouve un moyen plus efficace pour lui faire passer le message.

Mon mari est au salon, discutant au téléphone. Dès qu’il raccroche, je m’adresse à lui :

-      « Raphaël, tu es si méticuleux et si ordonné de nature, comment est-ce possible d’avoir laissé le feu allumé ?

-      « Oh ! Cela ne me ressemble vraiment pas, j’étais tellement occupé que cela m’est sorti de l’esprit » répondit-il.

-      « Je suis sûre que tu devais être très occupé, car tu parviens toujours à surmonter les moments de stress, alors que d’autres s’effondrent. Te souviens-tu de la veille de Pessa’h ? » poursuis-je.

Raphaël garde le silence, mais une lueur brille dans ses yeux. Alors que je n’avais même pas soulevé le problème du repas, il me dit soudain :

-      « Ne t’inquiète pas Eva, je vais acheter une pizza pour les enfants et les casseroles, dit-il, un pied déjà dehors, c’est pour moi… »

Le Rambam écrit (Hilkhot Dé’ot 6,7) : « Celui qui réprimande son prochain le fera calmement, avec des mots doux, en lui montrant que c’est pour son bien : lui permettre l’accès au monde futur. »

Les paroles prononcées ne doivent pas être des flèches acérées.

Ne faites jamais de remontrances sur ce qui ne peut plus changer !

Les phrases telles que « Tu es trop profonde ! », « Tu es compliqué ! », « Tu as l’air d’un géant ! » sont à bannir, car elles décrivent une réalité irréversible. Elles ne font que blesser l’autre inutilement.

Il faut donc faire preuve d’intelligence pour présenter le reproche de la meilleure manière possible. C’est ainsi qu’il atteindra son but !