Jérémie rentra chez lui plus tôt que d’habitude. Il était pris de vertige. « Peut-être un virus ou une simple grippe, » pensa-t-il. « J'ai besoin de me reposer un peu, » dit-il à sa femme effrayée. Et il sombra dans un sommeil profond.

Et la voilà toute agitée ; elle s’imagine déjà entendre les hurlements des sirènes et voir des médecins s'affairer autour de son lit d'hôpital.

Un essaim de médecins l’entoure silencieusement et examine son visage blafard. « Qui sait ce qu’il a… Il faut lui faire immédiatement un examen approfondi. » Encore un examen pour voir s’il respire et elle prend son livre de Téhilim et prie pour son rétablissement en versant des torrents de larmes. ***

« J’ai la tête lourde » lui dit son mari après être revenu plus tôt que d’habitude du Collel.
« Tu as la tête lourde ? » Elle sourit légèrement. Encore un effet de la fatigue.
Il se réveille au bout de trois heures et se plaint encore de maux de tête.
Elle lui conseille de prendre sa température.
En l’espace d’une minute, le mercure du thermomètre monte à quarante degrés.
Elle s’affole : « Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ? Je ne pensais pas que c’était grave… »
« J’ai dit que j’avais la tête lourde, n’est-ce pas suffisant ? »
« Pour une température de quarante degrés ? Non ! Moi, j’aurais dit que tout tanguait autour de moi, que me yeux se troublaient, que j'allais m’évanouir, que j'étais sur le point de mourir, et toute sorte d'autres choses du même style… »

***

La toux perçante de son bébé tira Annaël de son sommeil en pleine nuit. À partir de cet instant, elle vérifia toutes les minutes qu’il respirait correctement. Elle lui massa la poitrine et la lui frotta avec de l’huile. Dès que l’aube se leva, elle réveilla Mikhaël.

« Le petit tousse à fendre l’âme, » lui dit-elle nerveusement.
« Houla !», lui répondit-il sur le même ton de compréhension mutuelle qu’il avait adopté au fil des ans. « C’est terrible. Il pourrait s’étouffer. Je vois que pour le moment, il respire bien… Que proposes-tu, l’emmener chez le pédiatre ou cela prendrait trop de temps ? Si on appelait un taxi et qu'on l’amenait au dispensaire ? À moins que tout simplement, on l’emmène aux urgences ? »
Annaël l’arrêta : « Une minute, il ne faut pas exagérer. Il a en fait le teint frais. Ses lèvres sont roses et il ne semble pas en danger. Il n’a pas non plus de fièvre. Je pense qu’il suffit de l’amener chez le pédiatre… »

Ce qu’il y a entre les notes de la partition

L’homme

En général, l’homme n’a pas tendance à exagérer.

La femme

La nature de la femme, habituellement, est d’exagérer.

Lorsque son enfant a une température de trente-sept virgule deux, elle a peur qu’il soit subitement pris de convulsions et se demande déjà s’il faut l’amener aux urgences ou si le dispensaire local suffit. Le sens de l’exagération est inné chez la femme et peut être positif dans de nombreux domaines. Mais elle doit veiller à ne pas réagir de manière excessive, car cela n’est pas sain pour elle et pour son entourage.

Solution

Exagérez moins, ou tout au moins, efforcez-vous de ne pas trop exagérer, car l’homme n’est pas toujours conscient que la dramatisation occulte les faits et les gonfle excessivement. Si vous avez recours trop souvent à l’exagération, il risque de cesser de vous croire ou de ne pas tenir compte de ce que vous dites comme il le devrait, ce qui serait dommage.

En outre, vous risquez de vous laisser convaincre par vos propres excès et de penser que la situation est terrifiante, choquante et sans espoir. Or, comme dans un cercle vicieux, le corps influe sur l’âme et l’âme sur le corps !

Expliquez à votre mari pendant les périodes de calme que les femmes sont portées à l’exagération ; quelquefois, l’exagération est mêlée d’hystérie, ce qui les pousse à dire ou à faire des choses disproportionnées ; il est donc préférable qu’il ne prenne pas tout pour argent comptant et qu’il attende patiemment la fin de la « crise ».

L'exagération apporte dans son sillage toutes sortes de motifs de crainte. Demandez à votre mari qu’il vous calme et qu’il vous répète qu'il n’est pas sain de tant vous inquiéter.

Parfois, il vous aidera en vous expliquant de manière rationnelle combien vos craintes sont éloignées de la réalité et, parfois, il sera même opportun qu’il exagère avec vous… Un sourire éclairera votre visage et votre tension se relâchera lorsque vous vous verrez comme dans un miroir. Il n’y a pas de règles : chaque couple trouvera la voie qui lui convient.

Si vous aspirez à établir un équilibre et une fusion avec le tempérament modéré de votre mari, nul doute que vous y parviendrez, Be’ezrat Hachem, avec les années.