Yéhoudit allait très bientôt marier sa fille aînée. Les joyeuses préparations étaient assombries par un léger stress, la mère de la fiancée étant elle-même sur le point d’accoucher. La date du mariage avait été fixée deux semaines après la date présumée de l’accouchement et Yéhoudit espérait que, comme pour ses précédents accouchements, elle allait accoucher avant l’heure, mais ses espoirs ne se réalisèrent pas.

Chaque jour qui passait ne faisait qu’augmenter la pression : quand allait-elle accoucher ? Est-ce qu’elle allait devoir sortir de l’hôpital pour accompagner sa fille sous le dais nuptial ? Allait-elle réussir à participer au mariage ? «  Cela vaut peut-être le coup de déclencher l’accouchement artificiellement ?  », réfléchit-elle, «  comme cela je serai mieux préparée…  ».

Efrat avait un problème qui exigeait la présence d’un médecin durant l’accouchement. Pour ses trois précédents accouchements, elle avait pris un médecin privé dont elle était très contente. De même, pour cet accouchement, elle avait fixé qu’il serait son obstétricien. Or, une semaine avant la date présumée de l’accouchement, la secrétaire de ce médecin l’informa qu’il se trouverait à l’étranger lorsqu’elle devrait accoucher.

«  Que vais-je faire ?  », Répondit Efrat perplexe, «  Je ne me sentirai pas tranquille avec un autre médecin  ».

«  Nous allons anticiper l’accouchement à l’aide d’une stimulation artificielle  », fut tout simplement la réaction de la secrétaire.

«  Peut-être que oui ?!  » fut tentée d’acquiescer Efrat.


«  Tu es encore là ?  », C’était la quatrième fois que cette question manquant de tact était adressée à Nava. Elle sourit, embarrassée. Oui, elle était encore là, au travail, bien que la date présumée de l’accouchement soit passée.

«  Ce n’est pas facile pour moi  », reconnut-elle en jetant un regard sur ses pieds enflés et douloureux. Les contractions irrégulières perturbaient son sommeil la nuit, les aigreurs d’estomac étaient difficiles à supporter et elle était essoufflée pour le moindre effort effectué.

«  En fin de compte, je finis toujours par accoucher avec une stimulation artificielle  », pensa-t-elle, «  Alors pourquoi attendre encore deux semaines après la date présumée ? Et si je demandais la stimulation artificielle dès maintenant ?!  »

Il est très courant que la femme veuille que l’accouchement arrive enfin. La difficulté de la grossesse entremêlée à la tension due à l’accouchement et la conscience que le bébé est déjà complètement formé et ne fait qu’attendre le moment propice éveillent en elle une pulsion pour entreprendre une action qui va hâter l’accouchement et le faire tout de suite se déclarer.

Les législateurs de la Torah ont statué sur le sujet et ont tranché (Igrot MochéYoré Dé’a Chap.2) qu’il ne faut pas faire une telle chose parce que le moment de l’accouchement est un moment de danger, comme l’écrit Rachi (Chabbath 32b) : «  Que l’accouchement est un danger et requiert des miracles  », et il est rapporté dans Tossefot (Ketoubot 82) que la plupart du temps, l’accouchée s’expose au danger.

Cependant, bien que l’accouchement soit un moment de danger, au moment naturel de l’accouchement existe une Providence particulière d’HaKadoch Baroukh Hou qui «  Protège les simples  » (Téhilim 116, 6), ouvre la matrice de la femme et dans Sa grande Miséricorde, fait s’ouvrir ce qui était fermé et fait se fermer ce qui était ouvert, faisant ainsi preuve de ‘Hessed (acte de bonté) avec chaque femme.

De même que HaKadoch Baroukh Hou envoie à la biche un serpent qui la mord et dont la morsure provoque l’ouverture de sa matrice exactement au bon moment, comme il est dit dans Iyov (39, 1) : «  Connais-Tu l’instant où enfantent les chamois ? Surveilles-Tu la matrice des biches  », ainsi chacune bénéficie d’une Providence individuelle au moment de son accouchement et elle sort saine et sauve, et du Ciel on a pitié d’elle puisqu’elle se trouve en position de danger.

Lorsqu'elle avance de son propre fait le moment de l’accouchement par le biais de moyens artificiels, forçant ainsi la matrice à s’ouvrir, elle se met elle-même en danger et on ne sait pas si elle méritera alors la miséricorde et l’aide du Ciel.


Ne pas priver le bébé d’un bienfait

Outre le danger encouru par la mère, la stimulation artificielle de l’accouchement présente aussi un inconvénient pour le fœtus qui sort avant l’heure du ventre de sa mère. N’est-ce pas HaKadoch Baroukh Hou qui fixe tous les moments de l’homme et décrète combien de temps il résidera dans le ventre de sa mère, et quand il sera parfaitement complet avec ses membres totalement renforcés !?

Seul le Créateur, Béni soit-Il, sait quel est l’état du fœtus dans les entrailles de sa mère et fait en sorte qu’il ne sorte que lorsqu’il est complètement formé et renforcé.

Ce renforcement lui sera bénéfique pour tous les jours de sa vie, comme l’ont dit nos Sages(‘Houlin 24, 2) «  Les bains chauds et l’huile dont m’a oint ma mère dans mon enfance, ce sont eux qui m’ont renforcé dans ma vieillesse  », et lorsque l’on avance le moment de la sortie du bébé on le prive de ce bien.

Hormis ce qui a été dit plus haut, il faut savoir que la nature de l’homme et ses traits de caractère sont fixés en fonction des astres qui figuraient au moment où il est né. Comme le dit la Guémara (Chabbath 156a), celui qui est né sous le signe de la planète Mars sera sanguinaire et celui qui né avec l’étoile Noga (la planète Vénus) sera riche, et de même, tous les jours de la semaine influent d’une façon ou d’une autre sur l’ensemble des qualités du bébé.

C’est la raison pour laquelle l’instant où l’homme né est reconnu comme étant d’une grande importance en ce qui concerne sa réussite dans la Avodat Hachem. Et même si le peuple d’Israël se situe au-dessus du Mazal (du destin) et que par la prière, on peut changer les dés, cela n’est pas facile de changer le destin et de le dominer.

La Guémara dit (Nidda 16b) : «  Le même Malakh (ange) préposé à la grossesse… soulève une goutte de semence et la présente devant HaKadoch Baroukh Hou et Lui demande : Maître du Monde, cette goutte que sera-t-elle ? Un homme vaillant ou faible, intelligent ou sot, riche ou pauvre ? »

Dès le début de la grossesse sont fixées les qualités du bébé, et il naît sous le signe qui convient à ses qualités. Lorsque l’on change l’instant de sa sortie dans le monde, on modifie les astres qui vont influer sur sa vie et on renverse l’ordre de la Création. Et qui sait quel mal peut être causé de cette façon à ce bébé !?

Le Raavad s’exprime de façon sévère (dans l’introduction du SéferYétsira) à propos de celui qui écrit un talisman à une femme enceinte afin de précipiter son accouchement : «  Parfois, il tue deux personnes, l’accouchée et le fœtus, et parfois il cause à l’enfant de naître dans des mauvais jours, lequel aurait dû naître dans des jours d’abondance de bien, ou il naît dans des jours de carence, et il manque à cet enfant de la vitalité et il meurt avant son heure  ».

S’il en est ainsi pour un talisman spirituel, combien plus encore pour une injection qui cause effectivement la contraction de l’utérus et le début de l’accouchement !