Tsipora a l’habitude chaque après-midi, à quatre heures, de se tenir près de la Mézouza et de prier pour chacun de ses enfants. Elle ne sait ni lire ni écrire, mais elle n’a jamais raté ce rendez-vous. Elle pleure pour que chacun de ses descendants soit un bon Juif, et ce jusqu’à la fin des générations.

Mémé Méssa’ouda se cachait le visage dans son foulard jour après jour, versant de chaudes larmes pour sa progéniture, pour que celle-ci suive le chemin de la Torah. Elle ne savait même pas comment épeler leurs noms, elle signait avec son empreinte digitale. Cela ne l’a pourtant nullement empêché de converser avec Son Père qui est au Ciel durant de longues heures !
 

Ces femmes n’avaient pas besoin des lettres du Siddour, pour implorer D.ieu du plus profond de leur être.

Leur cœur s’exprimait naturellement, toute leur vie n’était que prière et relation étroite avec le Créateur de l’univers.

Le prophète dit (Eikha 2,18) : « Leur cœur crie vers D.ieu », point n’est besoin de limiter celui qui prie et de le cantonner à un nombre de mots !

La femme n’est pas dépendante du Siddour pour implorer D.ieu. Elle est, dans son essence, plus proche de D.ieu, elle a la larme facile et une sensibilité exacerbée !

Elle peut se servir des « neuf quantités de paroles » dont elle a été gratifiée pour dialoguer constamment avec D.ieu.

En accomplissant ses besognes, ses lèvres ne cessent de prononcer des prières, pour que son mari grandisse en Torah, pour que sa maison s’imprègne de sainteté, pour que ses enfants se portent bien, pour qu’il y ait l’abondance, pour que les malades guérissent et pour que chacun réussisse dans ses entreprises.

Elle peut aussi demander simplement que son gâteau ou son repas ait un bon goût.

Ta maison sera ainsi emplie de prières et deviendra un réceptacle digne des bénédictions célestes.

Tsofia vit une passe financière difficile. Une réorganisation au bureau de son mari a entraîné son licenciement. La machine à laver a rendu l’âme prématurément et des soins dentaires imprévus ont littéralement vidé les caisses. Elle a en main un misérable billet de cent shékalim pour acheter les denrées nécessaires à la préparation de Chabbath et pour les courses de la semaine à venir.

Elle est sans ressources.

Elle coince sa tête dans les pierres du Kotel et dépose son lourd fardeau, mais elle ne fait que gémir et pleurer sans même parvenir à formuler une demande explicite.

De retour chez elle, elle sent qu’elle a raté une occasion en or pour prier et solliciter l’aide du Ciel.

La prière a dix noms différents : imploration, cri, complainte, joie, rencontre, sollicitation, appel, conjuration, plaidoyer, supplications (Vaét’hanan Rabba, 3311).

Les trois premières expressions sont trois manières de parler :

-      Chéva’a : L’imploration se fait avec l’aide de mots.

-      Tsé’aka : Le cri avec l’utilisation de la voix.

-      Néaka : La complainte est un soupir muet.

Le Zohar Hakadoch (Chémot page 20) s’exprime ainsi :

« Le cri ne nécessite pas de mots. Rabbi Yéhouda a dit : Le cri est le plus grand degré auquel l’homme accède, car il est enfoui dans les plus petites fibres de son cœur. Nos Sages ont enseigné : celui qui prie et qui pleure sans qu’aucun son ne sorte de sa bouche voit sa requête agréée entièrement. »

C’est justement cette Téfila qui est prononcée sans mots, mais chargée de sentiments qui monte aux cieux et qui est entendue !

Dans le livre « Ché’arim BaTéfila », il est enseigné que la complainte est le plus haut niveau qu’un homme puisse atteindre. Voici ce qu’il dit :

« Il n’est pas écrit que les enfants d’Israël se sont plaints à D.ieu, mais D.ieu a écouté leurs complaintes… Il est communément admis que la complainte est naturelle et ne fait qu’exprimer la douleur. Il est possible de l’orienter vers D.ieu. L’homme doit s’habituer, lorsque le malheur le touche et qu’il gémit, à se concentrer pour prier et implorer D.ieu ».

C’est la raison pour laquelle même aux moments difficiles, malgré toi, tu pousses des cris et des soupirs, la situation étant trop pénible. Utilise ces cris et ces soupirs, dirige-les vers D.ieu, car ils ont le même impact que la prière !

Une prière du plus profond de son cœur est toujours entendue, elle apporte invariablement le salut et la bénédiction.