Le don de la Torah aux enfants d'Israël a été caractérisé par la célèbre déclaration נַעֲשֶׂה וְנִשְׁמָע – Nous ferons et nous écouterons. Cette phrase leur valut de se faire comparer aux anges qui accomplissent l’ordre du Créateur avec détermination par le simple fait qu’Il ordonne, même s’ils n’en comprennent pas la raison.

 

Mais cette déclaration dissimule aussi un autre message: l’homme ne peut comprendre le spirituel qu’après l'avoir pratiqué, fait.

 

 

En effet, l’homme créé de chair et de sang est naturellement attiré vers l’assouvissement de son instinct, optant toujours pour le profit immédiat même si son choix lui nuit à long terme. Il lui est presqu’impossible de vaincre son instinct ‘spirituellement’, en se convainquant de la nécessité de faire. A chaque fois que la bonne conscience incite l’homme –c.-à-d. le cœur– à aller de l’avant, l’instinct commence par brouiller le dialogue; et si la conscience persiste, l’instinct soudoie le cerveau pour argumenter le fait que dans ce cas précis, il est exempté de son devoir.

 

Chacun à son niveau est confronté à cette lutte des dizaines de fois par jour. Et le combat est toujours le même: le Yetser Hatov nous suggère de faire le bien, puis le Yetser Hara tente de nous détourner l’attention, et s’il n’y parvient pas, il avance mille et une raisons pour démontrer qu’il n’est pas requis de faire cet effort surnaturel. Quel est l’unique moyen de parvenir à faire? Faire ! Si l’homme décide de passer à l’acte, sans comprendre, il sortira des griffes de son instinct. Et seulement après, il deviendra possible de percevoir à quel point le choix du bien s’imposait: ‘nous ferons et seulement après nous serons aptes à comprendre!’      

 

En Hinoukh, l'éducation des enfants, le principe est le même. Pour faire agir un enfant contre sa nature, pour son bien absolu, il n’est concrètement pas possible de le persuader de faire le bien pour le moment, car il est trop ancré dans son désir instinctif. Il faut obligatoirement le pousser à faire, sans expliquer – c.-à-d. ‘l’astreindre’, par la discipline, la punition ou la récompense.

 

Seulement une fois que l’enfant aura agi, et que l’éventuelle amertume de la contrainte aura commencé à se dissiper, il devient possible de passer à la phase Hinoukh, en lui faisant réaliser la grandeur de son acte, comme nous l’expliquerons plus tard.