En aidant sa grand-mère pour le ménage de Pessa’h, Céline tomba sur l’album-photo du mariage de ses grands-parents. Combien d’années ont-elles passées ? Sur les photos en noir et blanc, ils ont l’air si jeunes, comme sortis d’un autre monde… Ses grands-parents, Céline les a toujours considérés comme une seule entité, toujours unis dans l’épreuve comme dans les moments de joie.

« Mamie », demanda Céline à sa grand-mère, « Est-ce que Papi t’a rendue heureuse ? ». Cette question qui n’aurait dû être que rhétorique reçut une réponse pour le moins inattendue… « Non, pas du tout ! », lui lança sa grand-mère, dans un retentissant écho. « Comment ça, non ? », interrogea Céline, surprise. « Je pensais que tu avais vécu une vie heureuse avec Papi… », souffle-t-elle, déstabilisée.

« Non, ma chérie », poursuit la grand-mère de Céline un sourire en coin, comme pour signifier ses intentions cachées. « Certes, nous avons vécu une vie heureuse avec ton grand-père et avons élevé une famille qui nous procure beaucoup de satisfaction - et de petits-enfants », ajoute-t-elle toujours en souriant. « Mais en réalité, même avant de connaître ton grand-père, j’étais heureuse. Je suis heureuse intrinsèquement et ce, indépendamment des circonstances extérieures ! »

Après cette édifiante leçon de vie, Céline passa un dernier coup de torchon sur le vieil album, avant de le refermer et le ranger soigneusement sur l’étagère.

Les années passent, le bonheur reste

« Finalement, le bonheur ne dépend pas des autres, il ne dépend que de nous-mêmes », se dit Céline sur le chemin du retour qui la menait chez elle. « Moi qui pensais que Mamie tirait sa joie de vivre des bonnes relations qu’elle a toujours entretenues avec Papi... Mais c’est vrai que la vie n’a pas toujours été facile pour eux deux. Si Mamie avait fait dépendre son bonheur de facteurs extérieurs, je crois qu’elle n’en serait pas là aujourd’hui… »

La réflexion saine de Céline, nous pouvons l’appliquer à nous-mêmes également. Les données extérieures qui constituent le puzzle de nos vies sont en perpétuel changement. Rien n’est figé, que ce soit notre situation familiale, notre état de santé, l’état de nos finances, nos relations avec notre entourage, notre humeur et la liste n’est pas exhaustive.

Les gens qui nous entourent changent, ils nous déçoivent même parfois ; notre humeur n’est pas linéaire, tout autant que l’état de notre compte en banque. Si une personne décidait que son bonheur dépendait de tel ou tel facteur, sa joie serait de courte durée… Le bonheur n’est pas le résultat d’une situation, mais il est en fait une décision que l’on prend et à laquelle on se tient fidèlement au fil du temps. Et des épreuves qui se présentent à nous.

Aujourd’hui, nous pouvons vivre une vie heureuse auprès de notre mari et de nos enfants. Mais toutes ces circonstances extérieures sont au mieux des « passages », qui peuvent induire chez nous un état passager de joie ou de tristesse. En fait, le vrai bonheur va bien au-delà de cela !

Le responsable de mon bonheur

Une personne véritablement heureuse, même si elle perd par exemple son emploi ou connait un revers sentimental, restera une personne heureuse mais qui traverse un moment ponctuel de tristesse.

Contrairement à elle, certains vivent une vie impossible, car inconsciemment, ils pensent : « Tant qu’untel/unetelle ne me prend pas suffisamment en compte, je ne peux pas être heureux », « Tant que mes enfants font preuve d’ingratitude, je ne peux pas être heureux », « Tant que mes compétences professionnelles ne sont pas reconnues à leur juste valeur, je ne peux pas être heureux », etc. En fait, même s’il leur était accordé tout ce qu’elles désiraient, ces personnes continueraient de ne pas connaitre le bonheur ! Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas saisi l’essence même du bonheur, qui est une constante et non une variable.

En couple, c’est la même chose : dès lors que nous cesserons de considérer notre conjoint comme principal responsable de notre bonheur ou de notre absence de bonheur, nous ouvrirons la porte au bonheur véritable et ne serons jamais déçues de notre mariage. Celui-ci n’aura plus vocation à remplir des attentes qui le dépassent !

Votre bonheur est d’une trop grande valeur pour que vous en confiiez la responsabilité aux autres.

Soyez heureuses, tout simplement, envers et contre tout !

Audrey K.