Bonjour, j’ai 14 ans et j’ai des parents très gentils qui se soucient beaucoup de moi. Le seul problème, c’est qu’ils passent leur temps à se disputer et j’en souffre beaucoup. Mais le plus bizarre dans tout ça, c’est que j’ai l’impression qu’ils aiment ça. Est-ce possible d’aimer les disputes et d’avoir besoin de se disputer pour pouvoir aimer ? Je souffre énormément de cette situation et je ne sais pas comment les aider. Merci de m’aider.

Réponse de Mme Nathalie Seyman

Au sein d’un couple amoureux, aussi désagréables qu’elles soient, les disputes sont nécessaires. Elles permettent un rééquilibrage de la relation et une remise en question des protagonistes indispensable à une bonne communication. Mais à l’excès, elles sont extrêmement nuisibles au couple comme à son entourage. En particulier pour l’enfant face à la querelle parentale. Alors comment devez-vous réagir ou ne pas réagir face à cette situation que vos parents vous imposent ? Penchons-nous sur le sujet.

La place de la dispute dans le couple

La dispute conjugale n’est pas forcément négative. Elle peut même être, utilisée à bon escient et bien dosée, plutôt constructive pour le couple. Elle permet de mieux connaître les limites de l’autre, ses frustrations, de mettre à jour certains conflits, d’empêcher l’autre de nous négliger ou même de provoquer un dialogue profond et sincère entre les conjoints. Et ainsi avoir le plaisir de se réconcilier et repartir sur de bonnes bases. La relation en sort grandie. Mais pour cela, la querelle doit rester saine, sans insultes, rabaissement/domination ou violence de la part de l’un ou de l’autre. Et prouver que l’on sait rester respectueux et digne face à la personne que l’on aime, même si l’on est fâché, ne peut que renforcer l’estime et l’amour entre les époux.

Hélas, pour certains couples, se quereller se trouve être leur principal mode de communication. Pour eux, leur amour se vit sur le mode de l'agressivité et implique qu'on ait besoin de pousser l'autre dans ses retranchements. Parfois c’est pour continuellement tester son conjoint. Et d’autres fois, pour ne jamais tomber dans la routine avec ce besoin de pimenter leur couple et d’avoir des disputes pour se sentir vivants. Ou bien parce qu’il y a un problème plus profond qui n’arrive pas à sortir au grand jour, et c’est le seul moyen qu’ils aient trouvé pour continuer à se parler.

Evidemment, chacun peut décider du couple qu’il a envie de construire, mais il faut aussi comprendre que ce n’est pas une situation saine et que, tôt ou tard, la relation risque d’atteindre le point de non-retour pour ne plus se relever. Car plus l’on se dispute, et plus l’on risque de se manquer de respect, et ainsi diminuer de façon considérable l’estime que l’autre a de nous-même. On perd cette notion de stabilité qui définit le couple, et même de crédibilité dans l’entourage. Mais ce sont les enfants qui sont le plus touchés par ce mode de vie.

L’enfant devant la dispute parentale

Pour l’enfant, le couple que forment ses parents constitue un cocon, un lieu de sécurité. L’enfant qui voit ses parents se disputer, en souffre et devient anxieux. En revanche, s’il les voit par la suite se réconcilier, cette dispute pourra avoir un impact positif sur lui en lui faisant comprendre l’importance de la réconciliation après une querelle et cela aura de plus un effet apaisant sur lui.

Pour l’enfant contraint de supporter une situation de disputes incessantes, il se trouvera exposé à une intimité qu’il ne sait pas gérer et qui peut le plonger dans le désarroi le plus total. Un enfant est une éponge. Il absorbe toutes les émotions de ses parents en les revivant à sa manière. C’est pourquoi cette situation l’amène à se sentir démuni et désorienté. Lorsqu’il est témoin ou pris à partie, les places de chacun sont redistribuées : les parents se comportent comme les enfants et les enfants prennent la place des parents en essayant d’enrayer la dispute. Ce qui est vraiment très déstabilisant pour les enfants et très égoïste de la part des parents.

Comment réagir ?

Le meilleur conseil à vous donner est que vous vous éloigniez au maximum de ces querelles. Il s’agit du problème de vos parents, et, même si vous en souffrez, vous devez rester à votre place d’enfant. Sinon vous risquez plus tard de garder une certaine rancune envers eux. Vous devez vous protéger de cette situation anxiogène, en sortant voir une amie ou bien en mettant un casque avec de la musique afin de ne plus rien entendre si vous devez rester chez vous. Pour faire comprendre la souffrance que vous ressentez à vos parents, la lettre est un excellent moyen de réagir. Ecrivez toutes vos émotions, tout ce que vous aimeriez dire, et adressez-la à vos parents. C’est peut-être le déclic qu’ils ont besoin pour faire évoluer leur histoire.

Conseils à vos parents

L’homme en hébreu se dit Ich et la femme Icha. Lorsque l’on enlève le nom d’Hachem de ces mots, nous nous retrouvons avec Ech, le feu. Il est dit qu’Hachem se retire du foyer où règne le feu de la discorde.

Votre fille souffre de vous voir sans cesse vous disputer. Vous ne la protégez pas assez d’une situation qui l’angoisse. Il faut revoir votre mode de communication entre époux, car communiquer ce n’est pas que s’exprimer et monopoliser le dialogue, c’est aussi savoir écouter et faire preuve d’empathie ou de compréhension. Et le plus important sera de retrouver le respect, l’amour et tout simplement le plaisir de discuter et d’être ensemble entre conjoints. Le meilleur moyen d'enseigner à nos enfants à se respecter et s'aimer les uns les autres est de leur en donner l'exemple vivant. Il est naturel d’avoir entre mari et femme parfois des opinions divergentes et de se disputer. Toute la question est de savoir comment le faire tout gardant un certain respect, tout en protégeant vos enfants, et tout en sachant dépasser vos désaccords par la suite pour en faire une dispute constructive.

Peut-être une thérapie de couple pourra vous être utile afin d’arriver à comprendre pourquoi vous en êtes arrivés à ce stade. Cela pourra vous aider à désamorcer cette situation qui fait souffrir toute votre famille.

Je finirai en vous demandant de réfléchir à cette question : quelle image voulez-vous que vos enfants aient du mariage ? Sachant que c’est cette image qu’ils garderont pour construire leur vie future.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.