Écouter des parcours de vie, c’est toujours une expérience enrichissante — à bien des égards. D’abord, on apprend. Ensuite, pour les curieux, c’est une façon bien plus élégante — et moins voyeuriste — de nourrir sa soif d’histoires humaines (plutôt que de passer des heures à regarder des réels sur instagram). Et surtout, on en ressort souvent inspiré. C’est cette inspiration-là que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui.

Il faut oser le dire : les personnes les plus intéressantes à écouter, quand on s’intéresse à un parcours, ce sont les personnes âgées. Oui, je sais, c’est à contre-courant. On est loin de la tendance actuelle des influenceurs : jeunes, bien mis, photogéniques, plein de bagou et passés maîtres dans l’art des filtres et de l’auto-promo. Mais que voulez-vous : à 70 ans, on a en général plus de choses de valeur à raconter qu’à 25.

Alors… que fait-on de cela ?

Aujourd’hui, les personnes âgées vivent souvent dans des maisons de retraite à l’écart du centre de la vie sociale. Même si les maisons de retraite présentent de nombreux avantages, elles contribuent au fait que le lien entre les générations se distend petit à petit… Il fut un temps où les personnes âgées terminaient leur vie chez leurs enfants. Une solution gagnante : les jeunes profitaient de leur sagesse, et les anciens n’étaient pas seuls.

Mais les temps ont changé. Le retour en arrière n’est plus possible. Il faut pourtant trouver des moyens de maintenir ce lien. La Torah nous enjoint de respecter nos Anciens contrairement à ce que nous susurre le monde moderne. En effet, on considère qu’une personne née avant nous est, par définition, plus sage. Plus proche du moment du don de la Torah. Donc la morale est simple : apprendre d’eux, les respecter, les écouter.

Et puis, vivre une vie juive authentique, c’est vivre une vie de don. Un des plus beaux dons qu’on puisse faire, c’est donner de sa personne, donner de son temps. Alors si vous avez autour de vous une personne âgée, appelez-la. Passez la voir. Donnez-lui ce temps.

Je sais, ce n’est pas toujours évident : les échanges peuvent parfois être répétitifs, l’écoute demande un peu plus d’attention… Mais votre présence, aussi simple soit-elle, peut illuminer sa journée bien plus que vous ne l’imaginez.

Et ce n’est pas à sens unique. Fréquenter des personnes âgées, c’est aussi s’interroger. Cela vous pousse à réfléchir à votre propre vie, à vos choix, à vos priorités. Cela vous fait parfois gagner des années de maturité, et cela peut vous éviter bien des erreurs.

Parfois, quand on est jeune, on est entraîné dans sa vie active et on prétend ne pas avoir de temps tant notre activité professionnelle est prenante. Le Hovot Halévavot (Cha’ar Habita’hon, 5-6) nous met d’ailleurs en garde : celui qui passe son temps à s’inquiéter de sa fortune — sous prétexte de “protéger sa famille” — finit par gaspiller le sens même de son existence. Il oublie pourquoi il est là. Pourtant, quand on y pense, il est bien dommage de réfléchir et d’agir de la sorte. En effet, à 120 ans, quand une personne quitte ce monde, on ne parle pas des milliers d’euros sur son compte bancaire, ni de ses habits, ni de ses vacances féériques. On se souvient de sa bonté, de sa générosité, de sa conduite inspirante.

Alors oui, notre époque valorise la performance, la vitesse, le paraître. Mais il y a, tout près de nous, des trésors de sagesse qui ne demandent qu’à être écoutés. Des visages marqués, des voix tremblantes, mais des cœurs pleins d’histoires et d’enseignements. Aller à la rencontre d’une personne âgée, ce n’est pas seulement lui faire plaisir. C’est aussi se reconnecter à l’essentiel, à ce qui dure, à ce qui compte. C’est se rappeler que la vraie réussite ne se mesure pas en likes ni en chiffres, mais en liens, en bonté. 

Alors oui ce n’est pas aussi trépidant qu’une sortie entre jeunes mais cela vous construira, je vous le garantis. Donnons de notre temps, de notre écoute, de notre présence…