Aujourd’hui c’est mon anniversaire ! Au-delà de la célébration d’une année de vie supplémentaire, le jour de mon anniversaire est spécial… Car plus qu’aucun autre jour, c’est celui où je me rappelle combien Hachem répond à toutes nos prières…

Des compagnons de jeu

Quelques (bonnes) dizaines d’années plus tôt… j’ai 6 ans. Je suis une petite fille heureuse, comme beaucoup d’autres. Je suis choyée par mes parents et je passe mes journées à jouer, à apprendre et à rire… Quelle douce période !

Je vais à l’école avec mon cartable neuf que nous avons passé beaucoup de temps à choisir avec maman dans le magasin. Pour la première fois, la maîtresse nous apprend à dessiner de grosses lettres rondes sur nos cahiers. J’aime beaucoup écrire. Mais j’aime encore plus la récréation !
Nous avons plein de jeux différents selon l’humeur des copines. Je suis très forte pour jouer à l’élastique (le mien est jaune fluo), beaucoup moins à la marelle (comment font-elles pour avancer sur un seul pied) ? Les jeux, c’est très sérieux ! C’est le moment le plus important de mes journées.

J’aime beaucoup aller à l’école, parce que j’y retrouve mes amies. Le soir, j’aime aussi être à la maison, mais je joue différemment. Je m’amuse toute seule. J’ai une jolie maison de poupée et trois petits bonhommes… Mais aucune amie pour jouer avec moi.

Chez les autres, c’est différent. Ils sont plusieurs enfants dans la même maison. Et je sais que des fois ils se disputent, mais des fois seulement. Parce que le reste du temps, ils inventent plein de nouveaux jeux.

Aucune raison que moi je reste seule ! Alors un dimanche à table, je déclare fermement à mes parents : “Je veux vingt frères et sœurs !” Je me souviens que mes parents ont ri, mais moi j’étais très sérieuse ! Et souvent je leur répétais que j’en voulais vingt (pour ne pas qu’ils oublient).

Un jour, mes parents sont venus me voir dans ma chambre et m’ont demandé : “Combien de frères et sœurs veux-tu déjà ?

- J’en veux vingt !

- Eh bien tu en auras… un !

- D’accord” (c’est déjà ça de pris).

Le temps passe et j’y pense de temps en temps, à ce petit frère ou cette petite sœur qui va venir me rejoindre. Est-ce qu’on pourra jouer à tous les jeux que j’ai prévus ?

Pourtant, (je me souviendrai toujours de ce moment) un soir, je suis couchée dans mon lit et j’entends ma mère de l’autre côté du mur qui rit, qui rit ! Comme jamais je ne l’ai entendue rire ! Ça résonne encore aujourd’hui à mes oreilles.

Je suis curieuse et en fermant les yeux, je me promets de poser la question à maman… Le lendemain matin, c’est elle qui vient me réveiller et je la revois assise au bord de mon lit. Je lui demande pourquoi elle riait tellement hier soir. Et dans un doux sourire, elle me dit : “Combien de frères tu as dit que tu voulais, déjà ?” Ils sont bizarres mes parents, je dois toujours leur rappeler les choses ! “Ben, j’ai dit que j’en voulais vingt.

- Eh bien… tu vas en avoir… deux !”

Incroyable ! C’est trop bien ! Je vais en avoir deux pour moi ! Je cours à l’école dire à tout le monde que ma maman attend deux bébés !

Du haut de mes 6 ans, je ne me pose aucune question et pour moi c’est l’évidence même : comme j’ai demandé à Hachem beaucoup de petits frères, c’est LUI qui me les envoie. C’est normal. Par contre, je n’ai pas pensé à la question de savoir si je préfère avoir des frères ou des sœurs...

Une prière quotidienne

Je me lance donc dans des calculs savants : hummm deux frères ?... Bof, ça voudra dire qu’on sera obligé de jouer à des jeux de bagarre ou de voitures… Deux filles ? Mais papa sera tout seul à la maison ! Un garçon et une fille ? Oui, voilà ça me paraît être le bon équilibre.

Mon choix est fait ! Mais j’espère que D.ieu ne va pas oublier (comme mes parents, qui m’ont demandé plusieurs fois combien j’en voulais). C’est une demande trop importante, alors tous les jours je mets tout mon cœur à demander à Hachem un frère et une sœur. Et tous les jours je Lui explique pourquoi c’est important pour moi et combien ce sera chouette pour mes parents.

Tous les jours, tous les jours pendant des mois, je prie Hachem. À aucun moment je ne demande qu’ils arrivent en bonne santé. Ca ne me viendrait même pas à l’esprit de penser que Hachem puisse nous envoyer autre chose que du bien. J’ai 6 ans et pour moi Hachem entend tout, Il ne répond QUE par de bonnes choses.

Un lundi après-midi, je rentre de l’école et surprise ! C’est ma grand-mère qui m’ouvre la porte ! Son sourire est immense et elle me dit qu’il y a un appel pour moi. C’est mon papa au téléphone. Je ne prends même pas la peine d’enlever mon cartable et je cours dans le salon attraper le combiné : “Ca y est ma chérie, tu es une grande sœur !

- C’est génial ! Et il y en a combien ?

- Il y en a deux.

- D’accord, très bien… Et c’est quoi ?

- Un garçon... et une fille !”

Est-ce que j’ai sauté de joie en entendant la bonne nouvelle ? Pas du tout ! J’étais contente, mais je n’ai à aucun moment douté que le Maître du monde allait répondre à ma prière. C’était une évidence.

Les années ont passé, je suis devenue une femme et le temps n’a pas altéré la relation entre mon frère, ma sœur et moi. Malgré nos sept ans d’écart, nous sommes très proches et nous nous aimons d’un amour infini. Nous avons traversé la vie chacun à notre rythme et moi je suis revenue à un monde de Torah et de Mitsvot.

Mais que c’est dur de prier ! Bien sûr je récite quotidiennement la prière du matin, je ne manque aucune bénédiction sur les aliments, je pétris la ‘Halla sans manquer d’en prélever un morceau.

Pourtant, j’ai du mal à ouvrir mon cœur. Je doute, je suis déconcentrée. Je prie mais je ne suis pas complètement là.

Dans ma famille, nous avons toujours fêté les dates d’anniversaire civil, et si tous les trois nous sommes du même signe astrologique, nous avons bien sûr une date différente.

Un jour, je m’interroge : peut-être que si je prie le jour de ma date hébraïque de naissance, alors j’arriverai à retrouver cette proximité avec Hachem ?

Je me lance donc dans des recherches et rapidement je découvre que je suis née un 18 Tévet. Un peu plus tard, j’ai ma petite sœur au téléphone et je lui fais partager ma découverte toute heureuse et ajoute que j’ai hâte de prier ce jour-là. “Moi aussi je veux connaître ma date !”, me dit-elle. Je l’invite donc à faire les mêmes recherches que moi… Mais ma sœur est dehors et elle me dit “Oh vas-y, toi cherche pour moi, tu sais déjà où trouver”.

En gentille grande sœur que je suis, je raccroche et reprends mes recherches de dates pour elle (et par ricochet pour mon frère aussi).

Je ne comprends pas : la date qui s’affiche est le... 18 Tévet !

Sûrement, j’ai oublié de réactualiser ma page. Je relance la recherche : de nouveau c’est le 18 Tévet qui s’affiche.

Un cadeau d’Hachem

C’est extra-ordinaire ! Mon frère, ma sœur et moi partageons la même date d’anniversaire. 7 années pile nous séparent. Moi qui ai tant prié pour avoir des frères et sœurs, Hachem me les a envoyés… le jour de mon anniversaire ! Quel cadeau de D.ieu !

Plus qu’une découverte, ce jour-là je me suis souvenue : Hachem écoute toujours nos prières, Toujours, toujours ! Même s’il nous semble que non, Il les reçoit toutes et les rassemble chez Lui. Et si les prières déchirent les cieux, les prières des enfants elles, ouvrent des portes !

L’innocence d’un enfant, c’est de croire de tout son cœur en quelque chose, sans douter un seul instant que ça ne puisse être juste. Un enfant innocent ne tient pas compte des paramètres extérieurs (l’horloge biologique, le nombre d’hommes célibataires juifs, la somme restante sur le compte en banque).

Quand nous étions enfants, nous avions tous en commun de croire que TOUT est possible. Et c’est exactement ce que Hachem attend de nous : qu’on Lui parle comme des enfants ! Qu’on dépoussière nos cœurs de toutes nos craintes d’adultes et qu’on Lui adresse nos paroles avec l’innocence de savoir que tout est possible, même l’impensable… Parce que tout vient de Lui… Et qu’Il nous aime d’un amour sans limite.

Depuis cette découverte, chaque année le 18 Tévet je me rends au Kéver Ra’hel, sur le tombeau de notre mère à toutes, et je prie comme une enfant, pour chaque Juif dans le monde.

Et pour chacun, comme pour moi, ma demande est la même : qu’on retrouve cette Émouna pure, simple et parfaite de croire que grâce à Hachem, tout est possible !