Question d'une internaute : "Je pense que je suis une perfectionniste. Que ca soit mon travail, l'aspect de ma maison, mes plats cuisinés, mon travail, mes tables de Chabbath, les tenues vestimentaires de mes enfants, j'ai besoin que tout soit réussi à la perfection.

Et c'est fatiguant... car dès que je réussis, je n'en tire aucune satisfaction, mais dès que je rate, je me sens nulle ! Un conseil ?"

Réponse de Mme Nathalie Seyman :

Dans un monde en perpétuel mouvement, nous sommes de plus en plus nombreux à essayer de tout maîtriser pour ne pas risquer de perdre notre place dans cette société. Mais pour certains, une véritable pathologie s’installe en refusant tout laisser-aller sous peine d’un énorme sentiment d’échec. Qu’est-ce qui peut faire devenir perfectionniste à ce point ? Est-ce une bénédiction ou un cadeau empoisonné dont il faudrait se défaire ? Réfléchissons ensemble à la question qui touche les hommes et surtout les femmes d’aujourd’hui à savoir : et si la perfection était une imperfection ?

Origines

Durant notre enfance, on n’a qu’un souci : être l’unique objet d’amour de nos parents. C’est sur l’assurance que l’on a de cet amour que se construit notre narcissisme, la confiance en nous nécessaire pour avancer et trouver sa place parmi les autres.

Or, dans la plupart des cas, lorsque l’enfant est élevé dans la comparaison avec ses pairs et/ou dans une éducation ne soulignant chez lui que ses points faibles (pour le motiver à faire mieux), sans le féliciter sur ses succès et points forts (pour ne pas qu’il freine ses efforts), alors il grandira avec l’idée que l’on doit mériter l’amour de ses parents. Et toute sa vie sera par la suite entièrement basée sur cette croyance : Si je réussis, on m’aime, si je rate, je perds cet amour.

Risques

Ce trait de personnalité rend très vulnérable, car l’échec n’est pas envisagé et la réussite n’est pas profitable. En effet, le perfectionniste met tout en œuvre pour toujours tout réussir tant son angoisse d’échouer est très forte. Il fera tout pour l’éviter quitte à mettre sa santé physique et mentale en danger. Car pour lui, sa perfection lui assure l’amour des siens et il n’est pas capable d’envisager la moindre petite perte d’admiration ou même un seul regard de déception sous peine d’égratigner gravement son estime de lui-même. Mais il ne se réjouira pas pour autant de ses succès tant le fait de se mettre la pression est permanente ! Il doit rester à la hauteur de ses exigences, et à force de mettre la barre toujours plus haute, les objectifs deviennent très vite irréalisables.

Par conséquent, les perfectionnistes sont sous un stress constant qui les rend davantage sujets à des problèmes émotionnels, physiques et relationnels incluant la somatisation de leurs angoisses, les troubles alimentaires, les conflits conjugaux, ou bien la dépression.

Comment s’en sortir :

Un travail important sur soi-même sera nécessaire afin d’améliorer votre qualité de vie et lui redonner une dimension plus heureuse et simple :

- Apprendre à gérer les échecs et les imperfections : Pour profiter du meilleur de la vie, il vous faudra commencer par accepter l’imperfection et ne plus avoir peur des émotions négatives que vous ressentez lorsque vous êtes critiquée, par exemple. Il vous faut comprendre qu’être imparfait ne signifiera jamais ne pas/plus être aimé. Vous-même, comment appréhendez-vous les imperfections de vos proches ? Vous empêchent-ils de les aimer ? Il vous faudra aussi changer votre rapport à l’échec en apprenant à vous en servir : qu’est-ce j’ai appris sur moi ? Comment j’en sors grandie ? Se tromper offre la chance de recommencer, de s’améliorer et d’éviter de refaire les mêmes erreurs. N’ayez plus peur de passer par là !

- Viser des objectifs réalisables : A force de courir après la première place, on finit par perdre de vue ses priorités. Quels sont vos objectifs ? Quelles en sont les motivations ? Qu’est-ce que cela va vous apporter ? En avez-vous vraiment envie ? Ces questions doivent vous permettre de faire le tri entre les buts visés par pur narcissisme et ceux qui vous tiennent réellement à cœur et qui vous permettront d’avancer sainement.

- Apprécier la victoire : Le succès à peine obtenu, c’est un autre qu’il faut conquérir… Comment sortir de cet engrenage ? D’abord, en prenant conscience des efforts fournis, par exemple en notant tous vos petits et grands succès de la semaine. Ensuite, en n’hésitant pas à se féliciter et pourquoi pas s’offrir un petit cadeau qui symbolisera cette victoire, si petite soit-elle. Le but : réapprendre à apprécier la saveur de la réussite, gagner de la confiance en soi, et surtout ne pas passer trop rapidement au succès suivant.

- Réapprendre à être soi : Le meilleur moyen d’aller mieux va être de soulager votre manque inconscient d’estime de vous-même. Vous devez comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’être le meilleur pour être entouré et apprécié, et que, quelle que soit votre place au sein de la société, celui que vous tenez au sein de votre famille est immuable.

Il vous faut retrouver le plaisir des loisirs en famille en écartant tout ce qui est du domaine de la compétition et ainsi retrouver le goût des choses simples.

Arrêtez de vous comparer. Personne ne vous demande d’être parfaite, tout le temps. Redevenez simplement vous-même, sans être en compétition, sans essayer de cacher vos défauts. Au contraire, apprenez à aimer vos défauts ! Ils font de vous ce que vous êtes, et la raison qui fait que votre mari et vos enfants vous aiment. Ne restez pas dans un modèle qui ne vous correspond pas et, qui plus est, vous fait du mal.

Par contre, sans état d’âme, vous pouvez mettre votre besoin de réussite au service d’Hachem et des Mitsvot, car, dans ce domaine, vous n’en retirerez que de la satisfaction, mais à partir d’aujourd’hui, détachez-vous de cette incarnation de la perfection pour ne la laisser qu’à Hachem et à Lui-Seul.

Kol Touv.

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman répondra aux plus pertinentes et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.