Question d'une internaute : "Bonjour, j'ai toujours été de nature joyeuse et détendue, mais, depuis la naissance de mon premier enfant, je suis devenue une véritable boule de nerfs ! Je suis devenue si nerveuse, que j'en viens souvent à me disputer avec un peu tout le monde, il suffit qu'on me cherche un peu pour que j'explose ! Et lorsque mes petits piquent une crise (surtout si c'est les deux en même temps), alors là, c'est la panique à bord ! Je ne parviens à être de nouveau calme et détendue que lorsque je suis seule ou en compagnie de personnes calmes et agréables. Je fais beaucoup d'efforts pour me contrôler, mais c'est souvent plus fort que moi, je ne sais plus quoi faire pour parvenir à comprendre et à dominer cette colère intérieure qui bouillonne en moi ! Qu'avez-vous à me conseiller ?"

La colère est une émotion. Elle est présente lorsque l’on a la perception d’être impuissant dans une situation. Il s’agit d’un mécanisme de défense, une sorte de défouloir qui peut faire du bien sur l’instant. Or, par la suite, on se rend compte que se mettre en colère n’est pas sain et n’arrange rien. Bien au contraire, on se sent encore plus impuissant. Et cela engendre un cercle vicieux. Alors, comment s’en sortir et retrouver des relations saines ? Comment désamorcer toute l’irritabilité qui sommeille en nous et n’attend que la plus petite des occasions pour nous dégoupiller ? Développons...

L’origine de la colère

Il faut savoir que la colère n’est pas la maladie, mais le symptôme. Elle révèle un mal sous-jacent qu’il faut découvrir si on veut réussir à la maîtriser. Une réaction n’est jamais disproportionnée. Si l’événement qui la provoque est en réalité sans gravité, il faut faire l’hypothèse qu’il s’agit d’une alarme qui nous renvoie inconsciemment à des choses qui sont plus importantes.

Vous expliquez que tout a commencé lorsque vous êtes devenue mère. Avoir un enfant bouleverse toute la palette émotionnelle d’une femme. D’un coup, elle se rend compte de la responsabilité qui lui incombe et très souvent, craint de ne pas réussir à être à la hauteur de la tâche. Elle développe ainsi une hypersensibilité à tout ce qui touche son rôle de mère, mais aussi à tout jugement de la part d’autrui, tant elle doute d’elle-même. Et, de ceci, peut découler un besoin d'approbation très élevé, la recherche d’être une mère parfaite au détriment de ses propres envies, ceci créant une frustration permanente, poussant ainsi à des comportements d’irritabilité. Il s'agit d'un mal-être intérieur comme vis-à-vis de sa propre vie, qui est estimée non satisfaisante. L’envie d’être partout à la fois, mais ne finalement réussir à n’être nulle part. La frustration de vouloir répondre adéquatement aux besoins de chacun, et ne finir par ne répondre à plus rien.

Cette irritabilité peut ainsi être annonciatrice d’un burn-out maternel. Quoi qu’il en soit, il va vous falloir lever le pied, car il s’agit d’un message que vous envoient votre corps et votre esprit, et vous devez les écouter ! 

Gestion de la colère

L’élément fondamental de la gestion des émotions, c’est de savoir qu’il est possible de les gérer, même les plus difficiles ! Donc, tout le monde peut y arriver, il n’y a pas de raison, même si ce n’est pas évident. Il faut tous les jours nous rappeler ce que la Torah nous dit sur la colère : "Un homme qui résiste à la colère est supérieur à celui qui a de la force, et celui qui domine son instinct à celui qui s'empare d'une ville".

Alors, évidemment, arriver à bien gérer sa colère ou son irritabilité demande beaucoup de pratique. Cela demande à réussir à bien se connaître soi-même, et comprendre quand le contrôle de soi risque de nous échapper, et, ainsi, savoir réagir au bon moment. C’est d’autant plus important dans notre rôle de parent, car nous sommes souvent placés dans des situations où nous ressentons un sentiment d’impuissance ou une perte de contrôle. Il faut donc bien développer cette habileté et accepter nos limites personnelles sans les faire subir à toute la famille.

Imaginez une jauge en vous qui mesure le degré de sentiment de frustration et d’impuissance. Lorsque vous sentez monter en vous cette jauge, il ne faut pas attendre qu’elle arrive au point où elle réussira à libérer la colère qui est en vous. Voici donc quelques pistes pour faire redescendre cette jauge :

- Posez-vous tout d’abord la question : est-ce que je suis dans une situation où je me sens impuissante ? Si oui, que puis-je faire, concrètement et rationnellement, pour reprendre le contrôle (par exemple, détourner l’attention des enfants pour désamorcer leur crise) ? Si non, est-ce que je peux accepter que la situation soit désagréable en sachant qu’elle aura une fin (par exemple, je vais bientôt les amener à l’école, je retrouverai le calme dans peu de temps) ?

- Demandez à votre mari ou à un tiers (votre mère, votre sœur, une amie, etc.) de gérer la situation qui vous stresse.

- Retirez-vous dans votre chambre pour décompresser quand vous n’en pouvez plus.

- Ouvrez les fenêtres pour vous oxygéner et faire retomber un peu la pression.

- Avec les autres, n’hésitez pas à dire lorsqu’une parole vous a vexée ou si une situation vous a mise mal à l’aise avant que cela n’arrive au débordement.

- Ne vous culpabilisez pas si vous n’arrivez pas toujours à maîtriser votre colère. Ce n’est pas chose facile, mais vous avez le grand mérite d’en être consciente et de tout faire pour vous améliorer, et, pour cela, un grand bravo !

Conseils

- Entourez-vous de personnes positives, calmes, et agréables. Évitez ceux qui ont la capacité de vous faire ressortir de mauvais sentiments.

- Avec votre mari, vous êtes une équipe. Lui parler de vos difficultés fera de lui un partenaire pour vous aider à tenir vos objectifs. À deux, on est plus forts !

- Lâchez prise en tant que maman et faites du sport ou du yoga, de la relaxation. Prenez soin de vous en allant dans un salon de beauté au moins une heure dans la semaine. Gardez aussi une soirée dans la semaine pour sortir seule avec votre mari, et une soirée par mois au moins pour faire une soirée avec vos amies. Ce sont des remèdes infaillibles ! Vous retrouverez vos bambins avec plus de sérénité et de contrôle de vous-même.

- Essayez de dormir suffisamment, même si je sais que c’est un conseil parfois difficile à pratiquer lorsque l’on est maman de jeunes enfants. Car, souvent, la fatigue joue un grand rôle dans l’irritabilité.

- Si, après tout ceci, vos accès de colère persistent, c’est qu’il y a peut-être un problème bien plus important que ça, et il vous faudra consulter un professionnel pour découvrir l’origine de ce mécanisme de défense.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.