Cela a commencé par des alertes pendant Chabbath, puis cette annonce terrible de ma voisine : “Préparez-vous, ça va durer deux semaines.” Et là, comme un flash, les souvenirs des précédents confinements resurgissent : enfants à la maison, télétravail planquée à côté de la poubelle de la cuisine quand toutes les pièces sont déjà prises, ateliers pâte à sel collante… et tout ça avec le sourire bien sûr ! Mais les "boum" en rafale me ramènent vite à la réalité : cette fois, ça pourrait être plus grave…

Je n’ai jamais voulu faire peur à mes enfants, que ce soit pour le 7 octobre 2023 ou pour l’Iran. Je m’inspire un peu du magnifique film « La vie est belle » qui, bien que irréaliste dans les faits, m'a marquée par sa poésie et par la volonté du père de protéger son fils. Alors là, je n’allais tout de même pas inventer qu'Israël organisait une fête nationale chaque soir avec feux d’artifice à volonté. Mais j’ai voulu plutôt transmettre aux enfants ce sentiment que nous n’avons pas peur, qu’Hachem est avec nous et nous protège.

Étant donné que nos ennemis ont choisi la nuit pour attaquer, on a connu quelques réveils très chauds : attraper les enfants un par un et les descendre à l’abri en bas de l’immeuble avec les “boum” qui faisaient trembler le sol. J’ai vraiment senti qu’on courait pour nos vies !

L’avantage de ne pas avoir d’abri anti-missiles (Mamad) à la maison a été le rapprochement avec les voisins. Quoi de plus convivial que de se retrouver à 2h du mat en pyjama ? Bon, au début j’ai dormi toute habillée pour préserver un peu de dignité, mais j’ai très vite cédé au bon vieux ‘Halouk (robe de maison), crocs et bonnet. Mes voisins en ont fait de même et c’était assez drôle de voir ceux que l’on a l’habitude de croiser en chapeau, costume et barbe, en short, tongs et toujours la même barbe !

Ce qui m’a vraiment marquée pendant ces 12 jours, c’est la résilience des Israéliens. Cette capacité incroyable à continuer de vivre “normalement”, sur fond de risque d’alerte permanent et en repérant toujours l’abri (Miklat) le plus proche. Ces deux conditions intégrées, on emmenait nos enfants manger une glace, on allait au parc, on faisait même des barbecues… Un jour, après avoir fait des courses, j’ai dû aller dans un abri dans la rue. Quand on a pu sortir, tout le monde a repris sa journée comme si de rien n’était.

Et puis il y a eu ce dernier réveil à 5h25 où l’on est resté dans l’abri jusqu'à 7h, heure du cessez-le-feu. En rentrant à la maison, j'espérais que tout le monde allait se ruer dans son lit pour se rendormir. Que nenni ! Ils étaient en forme, réclamaient leur petit-déjeuner, commencèrent à jouer… J’ai cru que le sol se dérobait sous mes pieds de fatigue ! Heureusement dans la journée, tout le monde s’est reposé et puis le téléphone a commencé à sonner : “les écoles reprennent demain, le travail reprend demain”. Et effectivement, le lendemain en sortant déposer mes enfants, la vie avait repris son cours comme avant, comme si rien de tout ça ne s’était passé…

Nos Sages (Sanhédrin 98b) comparent la période précédant la venue du Machia’h aux douleurs de l’accouchement. Exactement ce qu’on vient de vivre : une contraction intense et douloureuse, suivie d’un retour au calme.

Que cette épreuve nous rapproche encore plus de la délivrance, amen !