Bon nombre de femmes qui s’occupent de leurs jeunes enfants ressentent un sentiment de manque, car elles ne participent pas vraiment aux prières des Yamim Noraïm, ne ressentent pas suffisamment le jour du Jugement de Roch Hachana, ni Yom Kippour...

Certes, entre la tétine perdue et la couche à changer, elles réussissent à réciter quelques prières, mais elles ont le sentiment qu’il est impossible de comparer une prière personnelle dans leur salon à celle qui s’élève dans la synagogue, lorsque la voix de l’officiant résonne, émeut et est reprise par tous les fidèles…

Qu’il est impossible de comparer la prière de « Ounetané Tokef » d’une grande assemblée avec le murmure solitaire d’une femme qui prie chez elle.

Qu’il est impossible de comparer le fredonnement d’une femme à la maison et les mélodies poignantes du ’Hazan et de tous les fidèles !

Mais justement là où nous ressentons ce manque, nos Rabbanim nous renforcent avec des paroles merveilleuses, qui montrent à quel point les prières de la femme, même récitées dans sa maison, montent jusqu’au Ciel, atteignent le Kissé Hakavod (trône céleste) et sont exaucées.

Le ’Hafets ’Haïm répétait à sa femme, à l’époque où celle-ci s’occupait de leurs jeunes enfants, qu’elle était dispensée de prier à la synagogue pendant les Yamim Noraïm.

Le Rav Steinmann déclara : « Une mère juive qui s’occupe de ses enfants et qui a du mal à ouvrir un Ma’hzor pendant Roch Hachana et Yom Kippour n’a pas à s’inquiéter quant à l’année qui l’attend. Au contraire, grâce à la Mitsva de s’occuper de ses enfants, elle méritera une bonne et douce année ! »

Rav Eliahou Lopian affirma : « Les femmes qui restent à la maison pendant les Yamim Noraïm et s’occupent de leurs enfants n’ont pas besoin de toutes les prières et de l’ambiance solennelle de la synagogue pour que leurs prières montent jusqu’au Ciel. Elles ont un conduit direct jusqu’en Haut, jusqu’au Trône céleste ! Pendant les quelques minutes qu’elles prennent pour réciter quelques mots de prière, elles atteignent le Kissé Hakavod (trône céleste) au même titre que toute l’assemblée qui reste debout pendant de longues heures, à couronner Hachem, à implorer et à pleurer. »

Rav Pinkus comparait la prière de la mère juive à Roch Hachana (le jour du couronnement d’Hachem) à une femme qui a le privilège de s’occuper des enfants du Roi – les princes – qui, le moment venu, porteront la couronne sur leur tête. La personne qui garde les enfants du Roi n’est pas tenue de participer à la cérémonie de couronnement. Elle est occupée par une tâche plus importante…

Et pour finir...

Parfois, nous avons l’impression qu’Eloul est comme un invité important…

Tout le monde court pour le voir, l’écouter, tout le monde se prépare à sa venue…
Et nous, nous sommes coincées à la maison, dans la cuisine avec une poêle de schnitzels en main et une montagne de linge qui nous attend patiemment.

Nous aurions voulu un Eloul avec des larmes dans nos prières, mais nous avons un Eloul avec des larmes à cause de l’oignon épluché.

Nous aurions voulu un Eloul avec des cours inspirants, mais nous avons un Eloul avec des « Maman ! Il m’a frappé ! ».

Nous aurions voulu une synagogue avec des prières et des récitations de Séli’hot avec Kavana (ferveur), mais nous restons à la maison, avec des fragments de prière que nous parvenons à réciter entre les pleurs, les biberons à préparer et les jouets éparpillés, à écouter les enfants chanter « Roch Hachana, la nouvelle année est enfin arrivée… ».

Et puis je me souviens des paroles de la Rabbanite Neustadt, de mémoire bénie,
Elle dit un jour aux mères qui se plaignaient de ne pas pouvoir rester à la prière à la synagogue : « Qui donc a élevé toutes ces armées de fidèles ? C’est grâce à vous qu’il y a des gens qui prient aujourd’hui… »

Arrêtons-nous un instant, respirons profondément et souvenons-nous :

C’est notre Eloul. Là, au milieu du désordre, des rires, des disputes, des larmes, des verres qui se renversent… C’est l’essence du mois d’Eloul et des Yamim Noraïm qui compte, notre mission…

Chaque crise de colère qui est réprimée, chaque biberon qui est préparé, chaque bisou ou câlin – fait partie de mon service divin.

Car il n’y a pas de Roi sans peuple. Et ce peuple, c’est nous qui le bâtissons !!

Que nos prières et les prières de tout le peuple d’Israël soient acceptées et exaucées, dans la miséricorde divine, dans la joie et la largesse, pour notre bien et le bien de nos proches…

Chana Tova à toutes !