Nos cœurs crient, des larmes de douleur coulent sur les joues de tout le peuple d'Israël. Ce grand jour, Lag Ba’omer, qui a été fixé comme un jour de joie par le Tana Haéloki, Rabbi Chim’on lui-même, s’est transformé en quelques instants, en un jour de deuil national. Le mérite incommensurable de ce Juste n'a pas suffi à protéger ces Juifs innocents qui sont venus se recueillir sur sa tombe, le jour de sa Hiloula à Méron.

Pourquoi se réjouit-on habituellement ce jour-là ? La réponse est connue : c'est le jour où s'est arrêtée l'épidémie dans laquelle périrent 24 000 élèves de Rabbi ‘Akiva. Avons-nous une idée de ce que cela signifie ? 24 000 érudits quittèrent ce monde en quelques semaines !!! Combien de lumière et de bénédictions aurait pu apporter chacun d’entre eux, par sa Torah ! Pourquoi Hachem n'était-Il pas intéressé par leur Torah, et pire encore, pourquoi n'a-t-Il pas permis qu'elle perdure ? Elle a été engloutie dans la terre, avec ses détenteurs !

La Torah, une Torah de vie !

Quand Rabbi Chim’on Bar Yo’haï sortit de la grotte après 12 ans d'étude intensive, partout où il posait son regard, cela prenait feu. Que ce soit les oiseaux, les agriculteurs ou autre, personne ne résistait à son regard foudroyant… Il était impensable pour lui d'accepter que l’on puisse s'investir dans le matériel (labourer la terre par exemple) qui est, par définition, éphémère, alors qu'on se doit de s'adonner à l'étude de la Torah, qui elle, est éternelle.

Et là, la voix céleste se fit entendre et décréta : 

“Si c'est pour détruire mon monde que tu es sorti, alors rentre à nouveau dans la grotte !”. Et Rabbi Chim’on retourna encore un an étudier… Le message de l'Éternel était clair : la Torah, oui, étudier la Torah avec acharnement, oui, mais sans piétiner son prochain !! “Brûler” son prochain du regard est le résultat d'un sentiment complètement banni par Hachem, celui de se sentir supérieur, ou encore celui de détenir la vérité et donc de dédaigner l'autre parce qu'il est différent. L’homme a été créé “unique” parce que chacun de nous est un fils (ou fille) unique d’Hachem

Nos sages expliquent que les 24 000 élèves de Rabbi Akiva moururent pour la simple raison qu’ils ne se respectaient pas l'un l'autre. Respecter l'autre, c’est respecter l'image d'Hachem qu'il y a dans l’autre. Dédaigner son prochain, le blesser, le rabaisser, c'est toucher directement Hachem ! Pensons-nous à cela avant de réagir, avant de proférer des mots qui peuvent être tellement destructeurs ? 

Dans le traité de Chabbath, il est révélé que les élèves de Rabbi ‘Akiva ont été frappés de la maladie de “askara”. Rachi nous éclaire en expliquant que cette maladie attaque en premier les intestins puis se termine dans la gorge. Ils ont en fait été punis “mesure pour mesure”, puisqu'ils faisaient de la médisance les uns sur les autres.

Mais en réfléchissant, la médisance sort de la bouche, alors comment se fait-il qu'ils aient été touchés également aux intestins ?! Et bien, tout simplement, dire du mal d'autrui commence par un mauvais jugement d'autrui. Les mots proférés ne sont pas la première “station”, la faille commence bien avant, dans la profondeur de nos pensées, dans notre intérieur… Si nous parvenons à changer notre façon de percevoir l'autre, en nous concentrant sur sa parcelle divine, dont la pureté est une valeur constante, alors même nos paroles changeront ! 

Essayons de regarder au-delà du comportement, au-delà de l'habillement, au-delà de la pellicule, qui est la majeure partie du temps, le symptôme d'un malaise présent. Il n'existe pas de mauvaises personnes, il y a seulement des personnes qui ont mal ! Selon Rabbi Na’hman de Breslev, “aimer son prochain” signifie le juger avec indulgence, lui chercher toujours des circonstances atténuantes.

Rabbi Israël Mibarditchov était appelé le “Défenseur du peuple d'Israël”. Une fois, il vit une femme jeter un seau d'eau par la fenêtre, ce qui trempa un passant qui marchait juste à ce moment-là. Il s'exclama : “regardez quelle femme juste ! Elle fait la volonté de son mari !”, contrairement à de nombreuses personnes qui auraient pu penser : “quel manque d'éducation !”. Il savait toujours trouver le positif dans chaque situation, dans chaque comportement.

Nos Sages nous apprennent que c'est le secret pour être également jugé positivement par Hachem, comme il est écrit : “Hachem est ton ombre”(Téhilim).

“Un cœur brisé et abattu, ô l’Éternel, tu ne le dédaignes point”(Téhilim).

La Torah vient nous enseigner combien la soumission et l'humilité sont des vertus chères aux yeux d’Hachem, comme il est écrit : “Alors leur cœur obtus se soumettra, et ils expieront leur iniquité” (Vayikra 26,41). Une personne dotée de ces qualités est prédisposée à acquérir toutes les valeurs spirituelles, et principalement celle sur laquelle repose toute la Torah : l'amour du prochain. Aimer l'autre, c'est d'abord l'accepter comme il est, c'est savoir descendre à son niveau sans lui donner le sentiment qu'il est inférieur. Qu'il soit pauvre, marginal ou faible psychologiquement, tout cela ne doit constituer en aucun cas des barrières à notre solidarité de cœur. De la même manière qu’Hachem est Un, nous nous devons d'être Un.

Selon Rabbi Mena’hem ‘Azrya de Pano - un grand Kabbaliste d'Italie -, Rabbi ‘Akiva lui-même devait mourir avec ses 24 000 élèves, mais ce qui lui a sauvé la vie, c'est le travail qu’il a fait le jour de Lag Ba’omer, qui constitue le 33ème jour du ‘Omer. Dans les Maximes des Pères, on parle des 48 qualités pour acquérir la Torah, et la 33ème c'est l'amour du prochain. Si Hachem nous a donné la Torah, c'est parce qu'Il nous aime, c'est parce qu'Il veut notre bien, notre réussite, notre épanouissement.

Et cette Torah, nous nous devons de l'étudier dans le but de l'appliquer. Une étude qui s'arrête à l'étude, sans engendrer de changements dans notre être, n'est pas appréciée par Hachem. Comme nous le dit si bien le Ramban, dans sa fameuse lettre : “quand tu te lèveras de ton étude, tu chercheras dans ce que tu as étudié, s'il y a quelque chose que tu peux appliquer“. “Tu chercheras dans ce que tu as étudié”, ce sont les mots clés de la réussite dans le travail des Midot : réfléchir, s'auto-analyser, et décider de s'améliorer.

Comment le faire ? En se fixant des objectifs :

À partir d'aujourd'hui, je cherche les occasions de complimenter mon conjoint, d'encourager mes proches, je ne laisse pas passer un jour sans réjouir mon entourage. Et avant de dormir, s'asseoir sur un fauteuil au salon, se retrouver avec soi-même, et repasser la journée dans ses pensées, en mettant le doigt sur nos réussites d'abord et nos échecs ensuite. C'est ce qu'on appelle le “‘Hèchbon Néfech”(Introspection).

Que D.ieu nous aide dans nos entreprises pour lui ressembler et sanctifier Son nom !  Amen Véamen