« Véhi Chéamda… 🎶🎵 »

Chant rempli d’émoi !

Nous le chantons avec joie,

à Pessa'h, maintes fois!

C’est toujours pour moi,

le plus beau chant du Séder !

Chacun y va de son air !

Celui de Yaacov Shwekey nous pénètre…

Jusqu’au plus profond de nos êtres…

Nous l’entonnons tous en chœur !

Et avec beaucoup de ferveur !!!

Puis, vient le moment des commentaires…

Pessa'h, c’est aussi « Pé-Sa’h », la bouche qui raconte…

À l’inverse du « Chéono Yodéa Lichol » - Celui qui ne sait pas questionner…

Pour lequel la Haggada ajoute : את פתח לו

« Tu lui ouvriras (la bouche)… »

את, tu (au féminin), c’est la femme, la mère…

Avec toute sa féminité, elle pousse au questionnement…

Je pourrais donc, ce soir, jouer pleinement mon rôle, tel que la Haggada le préconise, quand viendra mon tour… Comme tous les ans, je demande alors à mes enfants :

« Savez-vous ce que signifie VÉHI » ?

- Euhhh… »

Sourires gênés sur toutes ces mines encore quelque peu enfarinées…

C’est pour moi le moment judicieux pour servir…

…ma délicieuse explication annuelle !

Pour la énième année consécutive !

Occasion de l’ancrer un peu plus !

C’est une explication qui vient des tréfonds de mon enfance, apprise de mon père zl’, et transmise chaque année aux miens…

« VÉHI, והיא en hébreu, dis-je alors triomphante - avec une joie renouvelée, comme celle ressentie lorsqu’on transmet un enseignement pour la première fois - est un acronyme…

Chaque lettre de Véhi והיא correspond à une dimension de notre riche héritage…

Le ו׳, évoque le chiffre 6 et les שישה סידרי משנה, les 6 traités de la Michna…

Le ה׳, évoque le chiffre 5 et les חמישה חומשי תורה, les 5 livres de la Torah

Le י׳, évoque le chiffre 10 et les אשרת הדיברות, les 10 commandements…

Le א׳, évoque le chiffre 1 et אחד השם, Hachem notre D.ieu unique…

Et c’est tout cela ensemble (le respect et l’étude de la Michna, de la Torah, des dix Commandements ainsi que notre Émouna - notre foi) qui nous a portés et c’est grâce à tout cela qu’Hachem nous a délivrés des mains de ceux qui voulaient nous exterminer…

Comme le proclame cette chanson poignante qui nous fait tant vibrer… »

Autour de moi, l’effet « Pé-ssa’h » n’a ménagé personne !

C’est comme si un vent de liberté avait balayé toutes ces mines, qui me regardent, maintenant, avec des yeux ronds comme des Matsot

« Ah oui, c’est vrai Maman ! On s’en rappellera cette fois-ci pour l’année prochaine ! 

- Je vous souhaite surtout de le vivre intensément ! »

Depuis quelques années, j’ajoute, à ce moment-là, une nouvelle explication, personnelle cette fois-ci, que j’ai à cœur de partager, plus largement, cette année…

« Savez-vous que c’est par le mérite des femmes justes que nous avons été sauvés d’Égypte ? Et que c’est par leur mérite que dans l’avenir, nous serons délivrés ? 

"בזכות נשים צדקניאות ניגלו אבותינו ממיצרים ועתידים להיגאל"

En effet, en Égypte, les hommes travaillaient extrêmement dur…

C’était la "'Avoda Kacha"

Ils étaient esclaves, asservis…

Oppressés, pressés comme pour extraire d’eux jusqu’à leurs dernières forces…

Il ne leur en restait plus, pour se rapprocher de leurs femmes et pour procréer…

L’avenir du peuple juif était en péril…

Les femmes se levèrent et prirent alors le destin du peuple entre leurs mains, avec le peu de moyens qu’elles possédaient…

Elles se mirent à frotter le cuivre de leurs casseroles jusqu’à ce qu’elles brillent, afin de pouvoir se regarder dedans comme avec des miroirs et se parer…

Elles se mettaient alors derrière les hommes lorsque, exténués, ils se ressourçaient à la rivière, afin que ceux-ci, voyant le reflet de leurs épouses dans l’eau désaltérante et indispensable à leur survie, en viennent à les voir et à les désirer à nouveau…

Le peuple juif put ainsi se perpétuer…

L’action des femmes juives parut si belle aux yeux d’Hachem, qu’Il ordonna, plus tard, à Moché (réticent au départ, car il n’attribuait qu’une valeur superficielle à ces mises en beauté) de faire fondre ces ustensiles en cuivre pour en faire le Kiyor, dans lequel les Kohanim se lavaient les mains avant de commencer leur service…

Magnifique hommage aux femmes et à leur détermination.

Ces femmes, nos aïeules, se sont connectées ainsi à ‘Hava, la première femme, אם כל חי, "Mère de tous vivants", dans ce rôle si peu reconnu parfois…

Si peu valorisé souvent…

Et pourtant si déterminant !!!

Car que serait l’histoire de l’humanité sans les femmes ?

Sans leur Téfilot et sans leur peine, leur sueur, leur dévouement ?

Sans leur Méssirout Néfèch ?

Que j’aime appeler aussi la "MesSUER Néfech" !

Tant les femmes transpirent de tout ce dont elles ont en elles, tant elles transmettent (Méssirout vient du verbe לימסורה - transmettre) leurs forces, leur amour, leur énergie…

Aujourd’hui, la femme a évolué, a aiguisé sa féminité, ses armes…

Elle est toujours "l'Échet ‘Hayil", qui n’est pas seulement "la femme vertueuse" ou "la femme vaillante" …

Car c’est aussi la femme battante !

‘Hayil, n’a-t-il pas d’ailleurs la même racine que ‘Hayal - le soldat ?!

L’Échet ‘Hayil intemporelle, c’est la femme qui retrousse (un peu !) ses manches et qui se bat, dans tous les domaines de sa vie, avec toutes ses armes, pour elle-même, pour son couple, pour ses enfants, pour sa famille, pour sa communauté, pour son peuple, pour l’humanité !

Les femmes, d’ailleurs, pour sauver leur cellule familiale vont, aujourd’hui, plus que jamais, au front !

Ne sont-ce pas elles qu’on retrouve majoritairement dans ces « états-majors », ces cours de Chalom Bayit, dédiés parfois même aux hommes et pourtant si boudés par ces derniers ?

"חוכמת נשים בנתה ביתה"

"L’intelligence des femmes construit la maison !"

La femme est même la בית, la maison tout court…

Sans femme, un homme n’a malheureusement plus de "maison" , plus de foyer véritable…

Aujourd’hui, les valeurs de base de notre monde s’écroulent…

La femme, potentiellement, est la charpente, la battante, l’intelligence, la mère de l’humanité…

Et c’est à travers elle que l’avenir de l’humanité passera… »

Après cette longue tirade, à notre table du Séder, je conclus en disant que ce « VÉHI » est un hommage à la femme du passé, du présent et de l’avenir, sans laquelle il n’y pas de VIE possible…

« VÉHI », c’est elle ! C’est la femme, c’est la VIE !!! C’est l’avenir !!!

C’est la femme qui se lève !

C’est la femme qui porte !

C’est la femme qui agit !

C’est l’espoir de l’humanité à travers le temps ! C’est grâce à la femme que nous avons survécu à toutes les vicissitudes de l’histoire ! Et c’est à travers elle que l’avenir est assuré !

La Haggada, à travers ce « VÉHI », met donc aussi en lumière, à mon sens, le rôle majeur de la femme, la met à l’honneur, lui rend hommage et l’appelle à jouer son rôle, encore aujourd’hui, avec sa féminité, pour cette Guéoula tant attendue, tant espérée, tant désirée !

C’EST ELLE qui nous mène Béézerat Hachem à la Guéoula, BEKAROV !!!

Femme, lève toi !

Continue sur ta voie !

Hadassa TEBOL