Ce Jeudi soir, le Richon Létsion et Grand-Rabbin de Jerusalem avait organisé de manière indépendante (sans aucun rapport avec Torah-Box) une conférence en direct à destination des francophones par le biais du service en ligne "Zoom", mise en place assurée par son entourage. Pas moins de 1.000 foyers francophones étaient connectés et s'abreuvaient des paroles du Rav, lumière d'Israël, jusqu'à qu'un hacker très probablement antisémite fasse un "Zoombombing" juste avant la fin du cours, soit une intrusion dans le logiciel et s'autorise à choquer hommes, femmes, enfants en partageant aux yeux de tous d'ignobles et malsaines vidéos pendant une à deux minutes selon les nombreux témoins... Depuis 15 jours, il faut savoir que ce genre de hacking a lieu régulièrement dans les conférences Zoom qui réunissent la communauté juive, notamment le jour anniversaire de commémoration de la Shoah.

Le soir même, puis le lendemain, beaucoup de gens terriblement choqués ont contacté Torah-Box bien que notre association soit sans rapport avec l’événement. Plusieurs raisons à cela : nous sommes tous des amateurs de l'informatique, un service Zoom dépassé par son succès, et d'autres choses encore dont nous devons parler.

  1. Nous avons donc senti le devoir de mettre en place une cellule d'aide psychologique gratuite par téléphone. Composez le +33.1.80.20.5000 ou +972 2-3741515 (puis tapez 0)

  2. Ce Dimanche à 21h (heure française), nous organiserons une conférence -sécurisée- à plusieurs intervenants, en direct sur www.torah-box.com/live pour réfléchir, apprendre et comprendre comment utiliser ces nouvelles technologies qui s'offrent à nous, de manière "safe". Ceci, avec de nouvelles paroles de réconfort du Rav Amar.



L'équipe Torah-Box 


 

Retranscription d'une réflexion du Rav Israel-Meir Crémisi, Roch Yéchiva à Montréal (Canada) psychologue et thérapeute familial, à propos de cet évènement : 

"Depuis des millénaires le peuple juif vit sans le Temple, mais il y a toujours des lieux dans lesquels nous avons pu retrouver Hachem, notamment au Beth Hakenesset (synagogue), à la Yéchiva, dans ces endroits où l’on diffuse la Torah. Aujourd’hui, Hachem a fermé dans le monde entier, toutes les Yechivot, tous les Baté Midrach, bref, tout ce qui pouvait constituer une connexion véritable avec Hachem. Il y a lieu de se poser une question : nous savons que la guérison vient à travers la prière et qu’une véritable prière ne peut être qu’une prière publique (en minyan). Pourquoi D.ieu a donc fait fermer toutes les synagogues, et les Yéchivot et les juifs, les bons juifs sont obligées de prier à la maison ?

J’aimerai partager avec vous une idée qui a traversé mon esprit, depuis le début de ce drame. On sait qu’Hachem avait un plaisir fou en nous recevant chez lui à la maison, c’est-à-dire, chez lui dans Son Beth Hamikdach avec la présence divine avec les prophètes. Malheureusement, nos péchés ont fait qu’Hachem a dû choisir entre détruire Son Temple ou détruire le peuple juif. La décision a été claire aux yeux d’Hachem : détruire son Temple pour laisser le peuple juif vivre. Et depuis, Il nous a éparpillé aux quatre coins du monde dans l’espoir que l'amour du Temple l’amour de cette connexion avec Hachem serait tellement forte en nous, que nous allions changer, nous allions revenir vers Hachem, revenir vers lui très rapidement, en quelques semaines ou quelques mois, et alors, nous aurions eu le bonheur d’avoir de nouveau le Beth Hamikdach. Mais malheureusement, les hommes qui ont perdu le Temple, se sont souvenus qu’il était possible de prier avec Minyan. Il était possible de continuer à étudier alors on s’est réconforté, et consolé pendant des millénaires, à travers les Baté Midrachot, les synagogues, sans même nous demander est ce qu’Hachem est heureux de cette situation. On a ouvert des synagogues Séfarades, Ashkenazes, Hassidiques, Yéménites etc. chacun selon son rite, sa manière de prier, sa manière de penser, et sa vision du monde.

Tout cela, en oubliant un seul élément : cette situation ne devait être que momentanée. Ce qu’Hachem souhaitait véritablement, ce ne sont ni les Séfarades, ni les Ashkénazes ni les ‘Hassidim, mais qu’on revienne chez Lui, dans Sa synagogue. Hachem en a eu marre qu’on oublie et qu’on se soient consolés et réconfortés par l’existence de nos synagogues. Pour nous rappeler à l’ordre, il les a toutes fait fermer, comme il a fait fermer les Yéchivot. C’est alors qu’on s’est rappelé, que nous devons vivre avec Hachem. Mais au lieu de réfléchir dans le bon sens, nous avons toujours trouvé des astuces et des artifices pour oublier les motifs principaux pour lesquels nous avons été renvoyés. Nous nous sommes mis, chacun de notre côté, à inventer des façons de trouver une « solution au problème ». Le problème n'est ni la Yéchiva, ni le Collel, ni même le Beth Hakenesset ;  le problème est véritablement qu'on doit se rappeler que nous nous sommes éloignés d’Hachem.

Nous avons créé des systèmes pour palier à la situation, nous n'avons jamais vu autant de "Zoom", de conférences en ligne, autant de ‘Havroutot qui étudient par téléphone. Il semble qu’au fond de nous, nous pensions avoir gagné notre pari, à savoir contourner la fermeture des Beth Hamidrach et des synagogues, « grâce » à une technologie qui a presque fait oublié que les Beth Hamidrach sont fermés, que la Yéchiva n'est pas là, que les enfants ne peuvent plus étudier normalement. Au fond, ça n’est peut-être pas si grave, puisqu’on a trouvé une manière de « by passer » le système.

Ce jeudi soir, Hachem nous a rappelé à l'ordre, sans attendre ni des milliers ni même des centaines d’années, mais seulement, seulement deux mois après la fermeture de toutes nos Yéchivot (depuis le Coronavirus). Au moment où notre Rav, le Gadol Hador, (grand de la génération), Rav Chlomo Amar, celui pour qui véritablement la fermeture des Yéchivot représente un manque profond dans sa Néchama, un Rav qui donne sa vie pour la Torah, un Rav qui a décidé de prendre sur lui le joug de tout le peuple juif, où il s’est aperçu qu'en France, il y avait un besoin de Torah, il n’hésite pas à prendre de son temps pour nous parler, nous livrer des explications, nous remonter le moral, nous nous sommes peut-être dit consciemment ou pas : "Mais c'est extraordinaire ! Quand avons-nous eu la chance que le Gadol Hador prenne du temps pour nous ?" Nous nous sommes peut être même dits, "qu’après tout ça valait sans doute le coup ce Covid 19 pour mériter que nos ‘Hakhamim s’adressent à nous, ce qui ne se serait peut être pas produit, sans ce virus".

Mais Hachem a pulvérisé cette pensée instantanément en laissant faire ce qui aurait jamais dû se produire, en nous nous prouvant que la Torah existe surtout dans la Yéchiva, que l'enseignement réel n'existe que dans les écoles juives. Tout le reste, est surtout de la poudre aux yeux ; ça n'est pas du réel. La Guemara dit que lorsque l’homme se sent menacé par une tentation du Yétser Hara’, il faut absolument le tirer vers le Beth Hamidrach ; s’il est comme du fer, il fondera, s’il est comme une roche, il finira par voler en éclats.

Nous pouvons tenter de blâmer, Pierre, Paul et Jacques, alors que les seuls à blâmer, c’est nous-mêmes. Ce sont nous, tous les parents, tous les Juifs, qui avons oublié de prier pour Hachem ; « Tu as détruit Ton Temple, Tu m’as donné une roue de secours, et j’en ai fait ma roue principale. Le jour où tu m’as privée de ma voiture, où tu m’en as ôté les roues, alors j'ai décidé d'aimer la marche et d'oublier qu'un jour non seulement, j’avais la possibilité de rouler, je pouvais courir et être proche de toi, mais j’ai même pratiquement oublié la raison pour laquelle j’ai été puni. » Nous nous devons de réfléchir et nous demander ce que le Yetser Hara nous a envoyé comme message. Nos Sages nous indiquent que chaque chose qu’on est amenée à voir doit être un message clair pour nous.

La Guemara dans Sota rapporte qu’une personne ayant assisté à la dégradation d’une femme Sota (ayant commis un adultère), devait s’abstenir de boire du vin. Un homme qui se rendait au Temple pour amener un sacrifice quelconque, et qui apercevait une femme Sota, pouvait se dire, c’est un concours de circonstance, je ne suis pas du tout concerné par cette affaire. Mais non, il doit se demander pourquoi Hachem lui a fait assister à ce spectacle ? Et la réaction à cette vision malheureuse, est de devoir se priver de boire du vin. Que représente le vin ? Les plaisirs de ce bas-monde. Au moment où l’homme voit, quelque chose de choquant, ce qu’il n’aurait jamais dû voir, il se privera de vin. Le vin symbolise les sources des plaisirs du corps, ces mêmes choses qui ont contribuées à nous faire oublier ce qui fait de nous un peuple. Rien ne nous empêche a priori, de procéder à une collecte pour rebâtir le Temple ; les moyens financiers et la place ne manquent pas non plus. Ce qui manque c’est bien la décision d’Hachem, de vouloir Son Temple reconstruit. Pour cela, il n’y a qu'une seule chose qu'il faut, c'est diminuer nos plaisirs corporels diminuer certaines choses que nous avions l'habitude de faire; auparavant on sortait dehors et on s'amusait et maintenant on a décidé de ne plus sortir parce que nous sommes confinés. Pour autant, a-t ’on décidé aussi d'annuler ou de diminuer nos sources de plaisir physiques, pour passer plus de temps avec Hachem ?

Un de nos grands maîtres, le Zéra’ Chimchon, écrit dans son commentaire sur la Paracha de cette semaine (A’haré-Mot), que la raison pour laquelle Hachem a proscrit tout travail, le jour de Yom Kippour, était de tester notre niveau d’amour pour lui, et celui de notre volonté à rester proches de Lui. Un homme qui aime son épouse, n’a qu'une seule envie : passer du temps avec elle, sans penser à quoi que ce soit d’autre que la personne qu’il chérit. Hachem interdit les travaux à Yom Kippour ; c’est une manière de tester l'homme pour savoir combien nous l’aimons, et combien de temps sommes-nous prêts à vouloir passer avec Lui.

Hachem il y a deux moins environ, a adressé la requête suivante au peuple juif : Il n’y aura plus de travail, plus de loisirs, mais qu'une seule chose : vous et moi. Cela fait deux mille ans que je vis sans maison, sans sacrifices et sans mes enfants. Alors que vous, cela ne fait que deux mois que les grands-parents ne peuvent plus voir leurs petits-enfants. Et alors ?! Le monde est en branle-bas-de combat pour trouver des parades à cette nouvelle réalité. Nous devrions réfléchir au fait que le Créateur du Monde veut nous rappeler à l’ordre, comme ce qu’il a fait pour les synagogues et les Yéchivot. Il est vrai que ces Yéchivot, synagogues et maisons d’étude sont une roue de secours. Peut-être qu’il éprouvait tant de plaisir à nous entendre étudier, qu’Il a « oublié de les fermer beaucoup plus tôt. Aujourd'hui, Hachem ne nous a pas laissé nous perdre et après deux mois seulement, Hachem nous a rappelé à l'ordre, pour nous signifier que tous ces cours, ces Zoom, médias-sociaux et autres moyens modernes de communiquer, ne remplaceront jamais la Torah authentique et la véritable connexion avec le Créateur.

Ce qu’il nous faut retenir, c’est combien Hachem nous manque et qu’il serait souhaitable que chacun de nous prenne sur lui l’engagement de diminuer les plaisirs matériels et penser à la peine éprouvée par Hachem ainsi que le rapporte le Talmud (Berakhot) « Malheur au père dont les enfants ont été renvoyés de sa table ». Puisse Hachem nous envoyer très rapidement le Machia’h pour nous délivre. Amen !"