Dans les Parachiot précédentes, la Torah nous décrit en détail l'ordre d’Hachem de construire le Tabernacle. Dans Vayakhel, la Torah revient longuement sur la description de la construction du Tabernacle et de ses ustensiles, consacrant plus de 250 versets à la construction du Sanctuaire. Or pour décrire le récit de la création de l'Univers, la Torah ne consacre que 34 versets, Chabbath inclus.

Comment comprendre ce paradoxe ? Pourquoi cette répétition ? Pourquoi une telle importance accordée à la construction du Michkan et aux objets qu'il renfermait ?

L’une des réponses nous a été donnée par Rabbi ‘Haïm Ben Attar, le Or ‘Ha’haïm Hakadoch. Pour lui, la répétition montre l'amour que revêt pour Hakadoch Baroukh Hou la construction du Michkan, car c'est là où Il Se révélait à Son peuple et faisait résider Sa sainteté.

D.ieu estime les efforts de Son peuple

La Torah souligne combien D.ieu estime les efforts que Son peuple déploie pour Le servir. Cinq objets essentiels occupaient une place prépondérante dans le Tabernacle : l'Arche sainte, la table des propositions, le chandelier, l'autel et les chérubins. À l'instar du Tabernacle, aujourd'hui comme hier, le foyer juif doit être bâti sur ces mêmes bases pour pouvoir assurer son existence.

L'Arche sainte

Elle symbolise la Torah, base de notre existence. Pour la construction des objets du Tabernacle, la Torah a toujours utilisé le verbe Vé’assita, "et tu feras". Pour la construction de l'Arche, la Torah utilise la forme plurielle, Vé’assou, "et ils feront". Pourquoi cette différence ? Le Midrach écrit que tous viennent s’occuper de la construction de l'Arche afin de pouvoir mériter la Torah. Le Or Ha’haïm écrit que la Torah ne peut être appliquée que par l'ensemble du peuple. Chaque Juif a le devoir de contribuer au rayonnement de son patrimoine spirituel.

La Ménora

Elle symbolise la relation intime entre les générations, l'amour qui doit régner entre parents et enfants. Le socle de la Ménora symbolise les parents, et les branches les enfants. Elles se dressent vers le haut pour signifier que l'objectif primordial des parents devrait être porté vers les enfants pour leur assurer un avenir matériel et spirituel.

La Ménora devait être en or pur. De même, le Juif ne doit supporter aucun mélange. Il nous est interdit d’être partiellement juifs. Nos Sages disent : "Une chose entière et non une moitié." Certes, ce n'est jamais facile, mais grâce à l'éducation juive, nous sommes certains d’y arriver.

La table

Symbole de la richesse, elle nous apprend que nous devons savoir harmoniser matériel et spirituel et réussir ainsi à élever notre table vers D.ieu. La Cacheroute est l’un des moyens les plus efficaces pour lutter contre toute agression extérieure, contre l'assimilation. Le Rama commence son code de lois par le verset Chiviti Hachem Lenegdi Tamid, "Je fixe constamment mon regard vers D.ieu", et conclut par le même mot, Tamid, "constamment". Le Juif qui respecte le Choul’han ‘Aroukh sait conjuguer les deux Tamid qui incarnent le matériel et le spirituel.

L’Autel

L'Autel est le symbole de l’enthousiasme. Un feu devait y brûler constamment. Nous devons tout faire pour que le brasier en chacun de nous reste allumé et ne s'éteigne jamais. Selon nos Sages, la flamme de l'Autel restait vivace même lors des déplacements du Tabernacle. Malgré toutes les pérégrinations, les exils et les souffrances, nous devons veiller à maintenir notre flamme.

Les deux chérubins

Il est généralement interdit de construire une représentation. Les chérubins font exception car ils furent construits sur commandement divin. La parole d’Hachem sortait d'entre les deux chérubins, l’un évoquait la puissance, l’autre la douceur. La Présence divine se densifie là où les relations humaines sont satisfaisantes : père et fils, conjoints, frère et sœur. Ils représentaient la dualité inhérente à toute la Création, l’unité absolue n’existe qu’en D.ieu. Ce n’est qu’en s'associant aux autres que l’on peut se compléter mutuellement, progresser et faire progresser le monde. Lorsque les Bné Israël se rendaient en pèlerinage, ils pouvaient contempler les chérubins qui s'embrassaient : "Voyez combien le Tout-Puissant vous aime !" Mais lorsque les enfants d'Israël n’accomplissaient pas la volonté divine, les chérubins détournaient leur visage.

Le choix des enfants au-dessus de l'Arche sainte revêt pour nous une autre signification. La garde de la Torah doit être l'œuvre de tous. Chacun doit tout faire pour étudier et propager la Torah. Mais nous devons être conscients que l'avenir de toute société dépend de ses jeunes. Nos jeunes sont le judaïsme de demain.

Contrairement aux ustensiles du Temple, les chérubins devaient être fabriqués impérativement en or. Quand il s'agit de l'éducation de nos enfants, nous ne pouvons pas nous suffire de produits de substitution. La survie de leur judaïsme en dépend. Pour que la garde de la Torah soit efficace, nous devons toujours être vigilants et ne jamais vivre sur nos acquis.

L'amour d’Hachem et l'entraide sur les principes fondamentaux qu'il faut inculquer aux générations montantes feront s'accomplir sur nous ce verset de la Torah : "Ils Me construiront un Sanctuaire et Je résiderait parmi eux." Puisse la Présence d’Hachem ne jamais nous quitter.