Dans la paracha Vayikra (1,2) il est écrit : "Si quelqu’un d’entre vous veut présenter au Seigneur une offrande de bétail, c’est dans le gros ou le menu bétail que vous pourrez choisir votre offrande."

Rabbi Avraham Yéhochoua Heschel d’Apta (l’auteur du Ohev Israël) propose une lecture littérale du verset : Adam ki yakriv mikem - lorsqu’un homme est prêt à se dévouer corps et âme pour le service divin ; il entre dans la dimension de korban lachem (une offrande pour D.ieu) et d’En-Haut, on considère qu’il a sacrifié son propre sang et sa propre graisse en l’honneur du Créateur.

En revanche, min habéhéma, min habakar ou min hatsone - celui qui se contente d’offrir des contributions financières mais n’est pas prêt à dévouer son âme pour la gloire de D.ieu, verra son sacrifice réduit au titre de korbané’hem (votre offrande) une offrande d’une valeur moindre que le korban lachem (Parparaot Latorah).
 

Le Maguid de Doubno illustrait cette idée au moyen d’une parabole :

Un berger oublia d’emporter sa gamelle et tenaillé par la faim, il abandonna son troupeau et s’offrit un copieux déjeuner dans une auberge avoisinante. De retour dans les champs, il constata que son troupeau avait disparu et interrogea les paysans locaux à son propos. Ces derniers lui apprirent que les bêtes s’étaient échappées de leur enclos et avaient fait irruption dans la magnifique roseraie du ministre de la ville qu’ils avaient entièrement saccagée. En apprenant cela, le ministre avait ordonné de les confisquer.

Le cœur plein de remords, le berger s’assit sur la grande place et enfouit son visage entre ses mains. Voyant son désarroi, un ancien de la ville s’approcha de lui et lui apprit qu’un cas semblable s’était présenté quelques années auparavant et que le berger, un homme sage, avait offert au ministre un magnifique gâteau tout en lui présentant ses excuses les plus sincères à la suite de quoi ce dernier lui avait restitué son troupeau.

L’idée trouva grâce aux yeux de notre berger qui décida d’imiter la stratégie de son prédécesseur. Il acheta un gâteau fort appétissant et se dirigea vers la demeure du prince. Par malchance, il ne le trouva pas chez lui et apprit qu’il se trouvait actuellement en déplacement. Sans se démonter, l’homme posa son présent sur la table du ministre, pénétra par effraction dans son étable et récupéra son troupeau.

Quelques jours plus tard, il fut convoqué chez le ministre :

« Comment as-tu pu te permettre de reprendre ton troupeau ? lui demanda ce dernier.

—  Votre honneur, répondit le berger. Mais je vous ai laissé un gâteau comme ce berger l’avait fait dans un cas semblable.

—  Sot que tu es ! s’exclama le ministre. Penses-tu que je manque d’argent pour m’offrir un gâteau ? Ce berger dont tu parles s’était mis à genoux devant moi et j’ai accepté ses excuses. Le gâteau n’était qu’une preuve concrète de sa soumission ! Quant à toi, tu t’es contenté d’un présent, mais tu n’as pas exprimé tes regrets ! Voilà pourquoi tu ne mérites pas de récupérer ton troupeau. »

De même, conclut le Maguid de Doubno, lorsqu’un homme offre un sacrifice, ce que le Saint béni soit-Il désire n’est pas la chair de l’animal mais les remords et la soumission qui l’accompagnent à l’instar du comportement du premier berger.