« Plus il y a de Yéchiva, plus il y a de sagesse. Plus on a d'Etsa, plus on accroît l'intelligence. Plus on donne la Tsédaka, plus on accroît la paix. »

QUESTIONS :

  1. Que signifie ici le terme Yéchiva ?
  2. Que signifie ici le terme 'Étsa ?
  3. Pourquoi la 'Étsa conduit-elle à l'intelligence?
  4. Pourquoi le don à la Tsédaka entraîne-t-il la paix ? Les bénéficiaires sont certes heureux du don, mais pourquoi entraîne-t-il la paix ?

Hillel poursuit : plus on accroît la Yéchiva, plus il y a de sagesse. D'après de nombreux commentateurs, la Yéchiva se réfère ici à un groupe d'individus étudiant ensemble, et Hillel évoque l'enseignant de ces hommes. Celui qui enseigne aux autres améliore son intelligence, car lorsqu'on est contraint de consacrer son étude aux autres, on doit veiller à étudier en profondeur afin de transmettre clairement les enseignements. De la même manière, la Guémara cite cet enseignement de Rabbi 'Hanina : « J'ai appris beaucoup de mes enseignants, davantage de mes amis, et de mes élèves, encore plus que les autres. »[1] De nombreux commentateurs l'expliquent de manière similaire : en prodiguant un enseignement aux autres, le maître obtient un niveau plus élevé de sagesse. Le 'Hatam Sofer offre une explication différente : il postule que lorsqu'un homme se focalise sur l'aide apportée aux autres dans leur étude de la Torah, il a droit à une Siyata Dichmaya (une assistance divine) dans sa propre étude, du fait qu'il est prêt à renoncer à son étude afin d'aider son prochain.

Hillel affirme ensuite que celui qui accroît sa 'Étsa accroît son intelligence. Au sens élémentaire, cela se réfère à tous les domaines de la vie : un individu qui consulté des hommes dotés de sagesse élargira sa perspective de la vie. Ce principe s'applique à de nombreux domaines de la vie. Par exemple, si l'on veut améliorer notre perspective du rôle de parent, il nous appartient de prendre conseil auprès d'un expert en parentalité, et le même principe s'applique à d'autres domaines essentiels, comme le mariage, le développement personnel, ou la gestion des addictions.

Le 'Hasdé Avot[2] applique également cet enseignement à l'étude de la Torah. D'après lui, un enseignant en Torah doit consulter ses élèves sur le domaine d'étude qu'ils veulent étudier, et il doit écouter leur « conseil.» En effet, cela s'appuie sur le principe de nos Sages : « Un homme n'étudie que ce que son cœur désire»[3], un homme va certainement réussir dans son étude s'il étudie ce qu'il aime, plutôt que ce qu'il est contraint d'étudier. Le 'Hasdé Avot l'applique à l'étude de la Guémara, mais cela peut s'étendre à tous les domaines de l'enseignement : il est important qu'un enseignant prenne en considération les souhaits de ses élèves. S'il décide arbitrairement du sujet à étudier, sans évaluer le niveau d'intérêt de ses élèves, ils auront bien moins de chance de réussir.

Hillel ajoute ensuite qu'un homme qui donne beaucoup de Tsédaka accroît la paix. Il est évident que donner la Tsédaka rend heureux, mais pourquoi cela apporte-t-il la paix ? Rabbénou Yona explique que lorsqu'un homme donne la Tsédaka, les bénéficiaires développeront des sentiments très positifs envers lui, et ainsi la paix sera renforcée. Le donateur originel aura tous les mérites de la paix qui est créée dans ce sillage, car il a initié le mouvement.

L'histoire suivante se prête à une autre interprétation possible de cet enseignement : un voisin du Rav Nissim Karelitz zatsal, qui vivait dans l'appartement en-dessous, vint se plaindre chez le Rav : de la peinture avait bouché ses tuyaux, et des travaux de plomberie s'avéraient nécessaires en conséquence. Ce voisin avait apparemment présumé que le Rav Karelitz avait versé de la peinture dans l'évier. Le Rav répondit en demandant à combien s'élevaient les réparations, et il paya volontiers le coût du dépannage. Lorsque l'homme partit, Rav Nissim révéla aux personnes présentes que ni lui ni personne dans l'appartement n'avait versé de peinture dans le lavabo. Mais il s'était abstenu d'engager un débat avec son voisin et paya immédiatement la somme pour préserver la paix. Son geste fut essentiellement un acte de charité – même si le bénéficiaire ne le voyait pas de cette façon – mais en donnant de l'argent pour éviter les dissensions, il appliquait le principe de Hillel que celui qui donne la charité accroît la paix.

De la même manière, un certain érudit en Torah encourage la création d'un « fonds de paix » dans lequel un homme met de côté de l'argent, qui sera à sa disposition en cas de désaccord financier. Au lieu de risquer d'être entraîné dans une controverse, il peut utiliser ce fonds et apaiser son prochain, préservant ainsi la paix. La valeur d'une telle action surpasse toute perte financière, du fait que le Chalom, la paix a une valeur incommensurable. 

 

[1] Ta'anit 7a.

[2] Cité dans Darké Avot, vol.1, p.257

[3] 'Avoda Zara 19a.