« Il disait : L'abondance de biens multiplie les soucis. L'abondance d'épouses entraîne la profusion de sortilèges ; l'abondance de servantes entraîne la profusion d'impudicité ; l'abondance de domestiques entraîne l'abondance de vol. »

Hillel nous enseigne qu'une personne acquérant de nombreuses propriétés aura plus de soucis. On peut penser qu'en acquérant une grande fortune et des biens, l'homme sera capable de vivre avec sérénité en sachant qu'il a un gagne-pain sûr. Or, Hillel nous enseigne le contraire. En conséquence de posséder beaucoup de biens, l'homme aura plus de choses à propos desquelles se faire du souci. Un aspect de ce tracas est l'éventualité d'avoir ses acquisitions volées. De ce fait, il est fréquent pour des gens très aisés de devoir faire de grands efforts pour se protéger et pour garder leurs biens en sécurité, et ils sont accablés par la possibilité persistante d'être volés ou même d'être physiquement agressés par des malfaiteurs qui cherchent à voler leurs biens.

Deuxième cause de souci : l'homme devra constamment gérer ses acquisitions, ce qui implique un temps et des efforts considérables. Troisièmement, il pensera fréquemment à ses investissements, se demandant s'il n'aurait pas dû acheter certaines marchandises avant que leur prix ne baisse, ou vendre d'autres biens avant que leur prix ne baisse.

Le Barténoura relève qu'un homme vertueux doit adresser une prière à Hachem afin qu'il l'épargne du Pizour Hanéfech, c'est-à-dire littéralement de l'éparpillement de l'esprit. On lui demanda ce qu'il entendait par là et il répondit que lorsqu'un homme possède de nombreuses propriétés éparpillées dans divers endroits, il est obligé de s'éparpiller lui-même dans tous ces endroits pour les entretenir.

Certains commentateurs[1] proposent une autre interprétation du type de soucis évoqué par Hillel. Ils citent cet adage de nos Sages : « Lorsqu'un homme meurt, il n'a pas obtenu la moitié de ses désirs : s'il possède cent choses, il en désire deux cents.» C'est une référence à l'argent spécifiquement ; nos Sages nous enseignent qu'un homme n'est jamais satisfait de la quantité d'argent qu'il gagne, mais lorsqu'il gagne une certaine somme d'argent, il souhaite en gagner le double, etc.. Le Noda Biyéhouda explique, en s'appuyant sur notre Michna, que lorsqu'un homme gagne par exemple un million de dollars, il se tracasse pour tenter d'obtenir le double de cette somme, soit deux millions de dollars. S'il réussit à obtenir deux millions de dollars, il s'efforce d'en gagner deux millions de plus à nouveau, et il est plus soucieux que lorsqu'il cherchait à gagner un million de plus. Donc, à chaque fois qu'il obtient plus d'argent, ses soucis augmentent, car il doit se préoccuper de chercher une somme d'argent encore plus grande, et de ce fait, plus il gagne, plus il se fait de soucis !

On sait que des hommes extrêmement riches sont incapables de contrôler leur désir insatiable d'obtenir de plus en plus d'argent, même s'ils ne feront rien avec un million ou un milliard de dollars de plus. Ce désir les consume et les empêche de profiter du fruit de leur labeur.

Hillel continue en expliquant qu'un homme qui a de nombreuses épouses sera exposé à de nombreux sortilèges. Les commentateurs expliquent qu'il était fréquent à cette époque pour les femmes d'avoir recours à la sorcellerie interdite pour entraîner leur mari à les aimer davantage que ses autres femmes, et en réaction, leurs rivales avaient également recours à la sorcellerie pour se venger, ce qui entraînait de plus de plus de sorcellerie. Il va de soi que cela ne s'applique pas à notre vie actuelle, car il est interdit d'épouser plus qu'une femme, et de même, la sorcellerie n'est pas fréquemment utilisée de nos jours. Mais le message de ce passage est important. La raison pour laquelle un homme désire épouser plusieurs femmes tient à ses désirs primaires, et Hillel nous explique que lorsqu'on veut satisfaire à ses désirs de plus en plus, les conséquences sont négatives et peuvent conduire à des transgressions.

Hillel ajoute également que le fait d'avoir de nombreuses servantes peut conduire à plus d'immoralité, et posséder de nombreux esclaves conduira à plus de vol. D'après les commentateurs, un homme peut désirer des servantes et des esclaves pour se rendre la vie plus facile, et c'est compréhensible. Mais à nouveau, la Michna nous met en garde : si un homme est excessif dans son désir d'une vie facile – ce qui pourrait bien provenir de sa paresse – alors à nouveau, les conséquences seront négatives : le fait d'avoir de nombreuses servantes peut augmenter la possibilité d'actes immoraux, et posséder de nombreux esclaves risque fortement d'augmenter la possibilité des vols.

Nous avons constaté que s'adonner excessivement à des plaisirs physiques n'a que des conséquences négatives. La prochaine fois, nous analyserons la partie suivante de la Michna qui expose les accomplissements spirituels, dont les bénéfices sont illimités.

 

[1] Voir Michné Avot, volume 1, p. 297.