« Celui qui a acquis une bonne renommée l'a fait pour lui-même ; celui qui a acquis la connaissance de la Torah s'est assuré la vie du Monde futur. »

QUESTIONS :

  1. Que signifie une bonne renommée ?
  2. Que signifie le fait qu'il l'a acquise pour lui-même ?
  3. En quoi cette partie est-elle liée aux clauses précédentes ?
  4. Que nous enseigne la Michna : celui qui a acquis pour lui-même des Divré Torah s'est acquis le 'Olam Haba – cela vient-il exclure autre chose ?
  5. Qu'en est-il d'un individu qui accomplit des Mitsvot, n'acquiert-il pas le 'Olam Haba ?
  6. En quoi cette partie est-elle liée à la clause qui le précède immédiatement et au reste de la Michna ?

Ayant énuméré deux groupes d'excès, l'un négatif et le second, positif, Hillel ajoute deux commentaires quelque peu énigmatiques – tout d'abord, celui qui s'est acquis une bonne renommée pour lui, l'a acquise pour lui-même, et deuxièmement, celui qui a acquis des Divré Torah, s'acquiert le Monde à Venir pour lui-même. Commençons par traiter le premier commentaire : il faut d'aborde en comprendre le sens exact. Deuxièmement, quelle est la relation entre cette affirmation et ce qui l'a précédé ?

Les commentateurs expliquent qu'une personne dotée d'un Chèm Tov se réfère à l'idée qu'il a une réputation positive qui s'appuie sur ses bonnes actions. Mais cela va plus loin que le fait d'être apprécié des autres, du fait que le terme Chèm ne signifie pas seulement « nom », mais il se réfère également à l'essence de quelque chose. En conséquence, cela signifie que son essence acquiert une bonne réputation, qui devient intrinsèque à son être. Cela s'inscrit en contraste avec les plaisirs matériels mentionnés dans la première partie de la Michna, comme la nourriture et la richesse. Lorsqu'un homme consomme de la nourriture ou amasse des richesses, elles ne deviennent pas partie intégrante de son être essentiel et il ne les acquiert pas de manière permanente. Au contraire, les bénéfices d'une nourriture supplémentaire disparaissent rapidement et ne servent qu'à l'engraisser, et l'argent peut aisément disparaître. De plus, la quantité d'argent possédée par une personne n'a aucun effet sur son essence : il existe des milliardaires qui ressemblent à des hommes ordinaires, du fait que leur argent ne leur est pas intrinsèque. En revanche, on peut voir la grandeur chez une personne vertueuse, non pas en vertu de ce qu'elle possède, mais par ce qu'elle est. Cette partie de la Michna nous renseigne sur les domaines où il vaut la peine pour nous de déployer des efforts dans ce monde – un Chèm Tov – et ce qui est futile au final, les plaisirs matériels.

La dernière clause de cette Michna : celui qui acquiert des Divré Torah acquiert le 'Olam Haba (Monde futur). Cette clause semble appartenir au groupe positif de l'excès, comme ceux qui accroissent l'étude de la Torah. Il insiste ici sur le fait que c'est uniquement par le biais de l'étude de la Torah qu'une personne peut atteindre le plus haut niveau de 'Olam Haba.

Certains commentateurs vont plus loin en mettant en parallèle l'idée d'acquérir un Chèm Tov et d'acquérir le 'Olam Haba. Ils postulent qu'un Chèm Tov est un attribut positif, mais il sert principalement une personne dans ce monde-ci, tandis que l'étude de la Torah est la clé du monde futur. Il va de soi que l'accomplissement des bonnes actions et des Mitsvot en général acquiert à l'homme une récompense dans le Monde à venir, mais afin d'atteindre des niveaux plus élevés d'Olam Haba, il faut avoir une relation à la Torah.

Cette idée est corroborée par une Guémara fascinante.[1] La Guémara s'interroge : comment les femmes auront-elles droit au 'Olam Haba, au Monde futur ? La Guémara répond qu'elles le méritent en permettant à leur mari et à leurs fils d'étudier la Torah. Mais la question de la Guémara pose un problème évident : les femmes devraient mériter le 'Olam Haba en raison des nombreuses Mitsvot à leur actif, en dépit du fait qu'elles ne sont pas soumises à l'obligation de l'étude de la Torah au même titre que les hommes.[2] Une réponse élémentaire : elles méritent effectivement le 'Olam Haba par leur observance des Mitsvot, mais le seul moyen d'accéder aux plus hauts niveaux du 'Olam Haba s'obtient par une relation à l'étude de la Torah, qui, sur de nombreux plans, est la Mitsva ultime à la base de notre relation avec Hachem. La Guémara répond que les femmes peuvent accéder à cette relation à l'étude de la Torah du fait qu'elles permettent à leur mari et fils d'étudier la Torah.[3]

Hillel nous enseigne qu'en ce qui concerne ce monde-ci, une bonne renommée a une bien plus grande valeur que les plaisirs matériels, mais afin d'atteindre les plus hauts niveaux du 'Olam Haba, il faut créer une relation avec la Torah.

 

[1] Brakhot 17a.

[2] Les femmes sont tenues d'étudier la Torah afin de pouvoir respecter la Halakha et développer une bonne Hachkafa (vision du monde), mais elles n'ont pas d'obligation intrinsèque d'étudier la Torah en soi, à l'image des hommes.

[3] Voir aussi Kétoubot 111b, qui stipule explicitement que sans relation à la Torah, un individu ne peut mériter la Té'hiat Hamétim, la résurrection des morts.