Il leur dit : « Sortez et identifiez la voie droite à laquelle l’homme doit s'attacher. » Rabbi Eliézer dit : « un bon œil. » Rabbi Yéhochoua dit : « un bon ami. » Rabbi Yossé dit : « un bon voisin. » Rabbi Chimon dit : « entrevoir les conséquences de ses actes. » Rabbi Eléazar dit : « un bon cœur. » 

QUESTIONS

1. Que signifie « un bon voisin » ?

2. De quelle manière est-il préférable à un bon ami ?

3. Pourquoi avoir un bon voisin est-il une voie à laquelle l'homme doit s'attacher ?

 

En réponse à la question de Rabbi Yo'hanan sur la voie droite à laquelle l'homme doit s'attacher, qui le conduira à réussir dans tous les domaines, Rabbi Yo'hanan répond : un bon voisin.

Tout comme pour la louange précédente d'un bon ami, nous avons deux explications principales.

Le Barténoura et de nombreux autres commentateurs affirment que cela désigne le fait d'avoir de bons voisins. Il explique qu'avoir un bon voisin a un avantage sur le fait d'avoir un bon ami, du fait que l'homme est constamment entouré de ses voisins, plus que de ses amis. En conséquence, les voisins d'un homme peuvent avoir une plus grande influence sur lui et sa famille que les amis.

L'importance d'avoir de bons voisins pour le niveau spirituel de la personne est mis en valeur pas nos Sages de manière très marquée. Le Midrach Tan'houma[1], cité par Rachi[2] relève que la proximité des tribus les unes des autres eut un effet significatif sur leur vertu. Les tribus de Yéhouda, Issakhar et Zévouloun étaient toutes situées à côté du camp de Moché Rabbénou et d'Aharon. Le Midrach remarque qu'elles se trouvaient à proximité de Moché qui étudiait la Torah, et méritèrent ainsi d'avoir un niveau remarquable en Torah. Le Midrach résume ce phénomène en ces termes : « Tov Létsadik, Tov Léchkhéno : c'est bon pour la personne vertueuse, et bon pour son voisin. »

Nos Sages voient une preuve de ce phénomène dans la situation inverse, où des personnes peu recommandables eurent une influence négative sur leurs voisins. Dans la Paracha de Kora'h, la Torah rapporte que des membres de la tribu de Réouven se joignirent à Kora'h dans sa rébellion malvenue contre Moché Rabbénou. Le Midrach[3], cité à nouveau par Rachi[4] explique que Réouven était proche de la famille de Kéhat, dont Kora'h était membre. C'est pourquoi ils se joignirent à Kora'h dans sa Makhlokèt (controverse) et à ce sujet, le Midrach dit : « Oy Laracha, Oy Lachkhéno, malheur au mécréant, malheur à son voisin. »

Ces enseignements sont fondamentaux, ils indiquent que le facteur décisif de la vertu ou non de ces tribus a été le niveau spirituel de leurs voisins. La leçon évidente est que le choix du lieu de résidence aura une incidence très importante sur notre bien-être et celui de notre famille. En conséquence, lorsqu'on fait le choix, parmi les nombreux facteurs en jeu, d'un lieu de résidence, le niveau spirituel du quartier en général et des voisins en particulier a une importance capitale sur la décision.

Rabbénou Yona explique cette clause de la même manière qu'il a expliqué la clause précédente d'un bon ami. Il ne s'agit pas d'avoir de bons voisins, mais plutôt d'être soi-même un bon voisin. Quelles sont les qualités d'un bon voisin ? Le Tiféret Israël explique qu'être un bon voisin signifie de faire des actes de bonté avec ses voisins. Autre aspect important d'être un bon voisin : savoir gérer des conflits d'intérêt, ce qui arrive plus fréquemment avec des voisins qu'avec d'autres personnes. Par exemple, si un voisin souhaite agrandir son appartement et que cela constitue une source de désagréments pour d'autres voisins. Ou si le travail ou les loisirs d'un résident sont bruyants, ce qui pourrait potentiellement affecter ses voisins.

Bien entendu, chaque situation est différente et de nombreux facteurs sont en jeu, mais en général, une approche louable est de toujours s'évertuer à agir au-delà de la loi – Lifnim Michourat Hadin – plutôt que de tenter constamment d'appliquer la loi à la lettre. Si un résident, par exemple, désire faire des rénovations et que cela risque de déranger ses voisins, il est admirable d'aller au-delà de la loi stricte et de ne pas faire d'histoires. C'est de plus une application de la Mitsva d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, car la majorité des gens voudraient que leurs voisins les traitent avec bienveillance dans un tel scénario.

Un jour, un Rav relata que l'un de ses fidèles, un homme très religieux, lui avait demandé s'il avait le droit de se conduire d'une certaine manière stricte avec son voisin. Le Rav avait répondu : « Tu as aussi le droit de te conduire au-delà d'une lecture littérale de la loi. » Le Rav communiquait cette idée : être un bon Juif et un bon voisin signifie que l'on ne se conduit pas selon la lettre de la loi, mais qu'il convient d'aller au-delà de la lettre de la loi, de la même manière qu'on voudrait être traité soi-même.

 

[1] Midrach Tan'houma, Bamidbar, 12.

[2] Bamidbar 3:38.

[3] Midrach Tan'houma, Kora'h 4.

[4] Rachi, Bamidbar, 16.1.