À l'occasion du jeûne du 10 Tévet, l'équipe Torah-Box vous remet dans le contexte historique de ce jour malheureux pour le peuple Juif. Un jour pendant lequel les armées de l'empereur babylonien Nabuchodonosor (ou Névoukhadnétsar) établirent le siège de Jérusalem.

Le siège de Jerusalem

Les prophéties de Yirmiyahou commencèrent à se réaliser. Vers la neuvième année du règne de Tsidkiyahou, Névoukhadnétsar rassembla ses armées et se dirigea vers Jérusalem avec la ferme intension d’écraser la révolte.

Atteignant la ville de Ribla, il y établit ses campements. De nouveau, l’hésitation s’installa et l’idée qu’Hachem puisse lui réserver le même sort qu’à San'hérive provoqua en lui un sentiment de terreur intense. Il décida finalement de déléguer à sa place le chef de ses armées Névouzardan, à qui il ordonna d’investir Jérusalem muni de trois-cent-mille ânes chargés de barres de fer afin d’enfoncer les portes de Jérusalem.

Le 10 Tévet, Névouzardan assiégea Jérusalem, empêchant quiconque de prendre la fuite ou de s’approvisionner en matériel ou en nourriture.

Parallèlement, il tenta d’enfoncer les murailles de Jérusalem, mais sans succès. En effet, la destruction de la ville n’étant pas encore scellée par le décret divin, toutes les tentatives de Névouzardan allant dans ce sens restèrent vaines. L’immense quantité de barres de fer fournies par Névoukhadnétsar se révéla être inefficace. Les barres se brisaient au contact des portes.

Les soldats tiraient leurs flèches et projetaient des blocs de pierre, mais sans résultat. Il devenait dès lors évident que cette protection divine avait pour but de renforcer le peuple dans sa foi afin de l’amener à se repentir. Une multitude de grands guerriers composait la population de Jérusalem. Ils livrèrent une lutte sans merci aux Kassdim (Babyloniens), leur administrant des pertes importantes.

Parmi eux se trouvait 'Avika, fils de Guivetari, un guerrier doté d’une force surhumaine.

En effet, lorsque les soldats de Névoukhadnétsar catapultaient d’énormes blocs de pierre au-delà des murailles, 'Avika les interceptait et les renvoyait à nouveau sur les soldats causant la mort d’un nombre important d’entre eux. Lorsque les attaques se multipliaient ainsi que le nombre de projectiles, il faisait alors usage de ses pieds afin de les récupérer.

Hélas, le poids de ses fautes scella son sort d’une mort tragique. Un vent violent le propulsa du haut des murailles, provoquant une chute qui lui fut fatale.


Les atrocités du siège

Jérusalem fut assiégée durant un an et demi. Peu à peu, les réserves de denrées alimentaires s’amenuisèrent. Jour après jour, la faim s’établit, générant avec elle son lot de souffrances insoutenables. Bon nombre d’habitants ne supportèrent pas cette situation et moururent de faim. Lorsque les jeunes filles se rencontraient dans les allées du marché de la ville, chacune d’entre elles posait la même question à son amie : « Quelle est la raison de ta présence ici ? De tout temps, tu ne t’y es jamais rendue ! » 

L’autre répondait : « La faim sévit cruellement, cela m’est insupportable ; je me suis donc rendue au marché dans l’espoir d’y trouver quelque chose à manger ».

De telles scènes devenaient désormais courantes, les femmes en quête de nourriture se tenaient par le bras. Chancelantes et affaiblies par la faim, elles achevaient leur parcours en s’effondrant sur des piliers avant de mourir. Rejoignant leur mère afin de recevoir d’elle de la nourriture, les jeunes enfants, n’ayant pour réponse que le silence, s’éteignaient à leur tour en s’effondrant sur les cadavres de leur mère.

Cette situation atroce peut s’illustrer parfaitement par l’évènement suivant : une mère de trois enfants dont les deux plus âgés furent enrôlés au combat, accomplit un acte abominable. Se voyant condamner à mourir de faim ainsi que ses deux grands enfants, elle fit cuire dans une marmite son bébé afin de sauver les aînés d’une mort certaine. Lorsqu’ils commencèrent à manger, les frères comprirent qu’il s’agissait de leur jeune frère.

Terrassés par la douleur et l’effroi, ils se jetèrent du haut du toit de leur demeure, mettant ainsi fin à leurs jours. Dans sa douleur, la mère hurla : « Celui qui récolte dans les champs y maintient les plans, de même celui qui vendange sa vigne y maintient les ceps ; mais moi il ne me reste plus rien ! J’ai été livrée aux mains de Névoukhadnétsar comme un agneau destiné à l’abattoir ! »

C’est l’objet du verset  que nous récitons lors des lamentations, dans la Méguila Eikha : « De leurs propres mains, de tendres femmes ont fait cuire leurs enfants pour s’en nourrir » (Lamentations Chap.2, vers.10).