Pessa’h approche… Ces quelques mots suffisent à susciter chez quelques uns de nos coreligionnaires une certaine inquiétude, voire une certaine anxiété. Paradoxal, me-direz-vous pour la fête de la liberté… La chasse au ‘Hamets, commencée pour certains un mois auparavant, suscite en effet un certain stress. Ce stress, il faut le dire concerne bien davantage les femmes que les hommes. Les femmes d’Israël se sont distinguées déjà en Égypte et nous ont fait mériter, ni plus ni moins, la sortie d’Égypte…

Décidément, les femmes d’Israël sont toujours à la pointe et laissent loin derrière leurs homologues masculins, qui essayent tant bien que mal d’accéder à cette incroyable zerizout (empressement à réaliser les mitsvot) qui se manifeste notamment dans ces remarquables préparatifs de Pessa’h et ce grand ménage qui a le mérite de vous octroyer une maison quasiment neuve.

Dans quel esprit doit être abordé ce grand nettoyage de Pessa’h ?

D’abord, comme toutes les Mitsvot de la Torah, il devra s’envisager dans la joie et la bonne humeur. N’oublions pas que la raison principale de la Galout (l’exil) et de son cortège de problèmes est l’absence de joie dans le service divin, comme le dit expressément le verset : « Du fait que tu n’as pas servi l’Éternel ton D.ieu  dans la joie… » ( Dévarim 28,47). De ce verset, le Rambam déduit que : « La joie dans l’accomplissement des Mitsvot… constitue un grand effort [de la part de l’homme], mais celui qui s’en abstient encourt un châtiment de D.ieu comme le mentionne le verset : "Du fait que tu n’as pas servi l’Éternel ton D.ieu dans la joie…" »

Faire le ménage de Pessa’h dans la joie impose quelques précautions, notamment celle de commencer longtemps avant Pessa’h, au lendemain de Pourim, soit environ un mois auparavant. Cela impose aussi de ne pas confondre l’accessoire et l’essentiel. Nous sommes là pour montrer à nos enfants l’exemple du dévouement dans les Mitsvot, et le ménage de Pessa’h s’y prête admirablement bien. Mais si nous nous mettons en colère contre nos enfants au cas où ils auraient malencontreusement introduit du ‘Hamets dans des endroits déjà nettoyés pour Pessa’h, nous nous rendrions coupables du pêché d’idolâtrie, car en effet nos Sages enseignent que celui qui se met en colère est comparable à un idolâtre.

Il est normal de vouloir obtenir une maison propre et d’inviter nos enfants à nous y aider, mais il serait anormal de manquer de respect à nos enfants et de mal leur parler. Si nous nous mettons en colère au nom de la Torah, la seule chose que les enfants retiendront, c’est qu’il est permis de se mettre en colère, comme on le rapporte au nom du ‘Hazon Ich.

Le ménage de Pessa’h, sous l’aspect matériel qu’il semble revêtir, est bien entendu l’occasion de faire aussi le ménage dans notre esprit : en effet classer les objets, garder ce qui est important et se débarrasser de ce qui l’est moins, est également une opportunité pour réorienter les priorités dans notre vie, en chasser le ‘Hamets et se réorienter sur l’essentiel.

Le ménage de Pessa’h représente aussi une occasion unique pour les maris d’intensifier leur aide à la maison et de prendre conscience du devoir de solidarité avec leurs épouses qui leur incombe dans l’accomplissement des tâches ménagères, comme on le rapporte au nom du Rambam.

C’est ainsi que tous ces efforts qui ne sont pas sans rappeler, toutes proportions gardées, la servitude d’Égypte nous mèneront vers le soir du Séder et cette extraordinaire sensation de liberté qui accompagne les fêtes de Pessa’h.