Rav David Cohen, Roch Yéchivat ‘Hévron, rapporte des propos du Gaon Rav Steinman : « Il est très fréquent que des visiteurs viennent me voir pour divers problèmes, ils demandent à obtenir des bénédictions, et très souvent, ils sont prêts à voyager loin dans ce but, même s’ils n’ont aucune garantie de l’effectivité des Brakhot de ceux qui les bénissent. Ils ne font pas attention au fait que tout près de chez eux, chaque jour, ils peuvent bénéficier d’une Brakha garantie par le Saint béni soit-Il, qui apporte de nombreux bienfaits », affirme le Rav Steinman, tout en éclaircissant ses propos : « C’est la Brakha récitée tous les jours par les Kohanim… Pourquoi ne pas faire l’effort de rechercher le mérite de la bénédiction des Kohanim ?! »

10 faits sur la bénédiction des Kohanim

1. Commandement de la Torah pour les Kohanim de bénir le peuple juif : cette Brakha figure dans la Torah dans le cadre de la Mitsva donnée aux Kohanim de bénir les Bné Israël. La Brakha est composée de trois versets, d’où son autre appellation, « la triple bénédiction. »

La bénédiction est récitée de nos jours au cours de la reprise par l’officiant de la prière de la ‘Amida, entre « Hamodim » et « Sim Chalom ». Les Kohanim accomplissent alors la Mitsva d’étendre les paumes en récitant la Brakha, leurs bras étendus en direction de l’assemblée. Les versets de la bénédiction des Kohanim servent de Brakha aux Juifs en d’autres occasions, par exemple lors du Pidyone Haben, le rachat du premier-né.

2. La source : La source de cette Brakha apparaît dans le Livre de Bamidbar : « L’Eternel parla à Moché en ces termes : "Parle ainsi à Aharon et à ses fils. Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël, vous leur direz : Que l’Eternel te bénisse et te protège, que l’Eternel fasse rayonner Sa face sur toi et te soit bienveillant. Que l’Eternel dirige Son regard vers toi et t’accorde la paix !". Ils imprimeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël et Moi Je les bénirai ».

3. Le Saint béni soit-Il bénit Lui-même le peuple : Dans le Midrach Tan’houma (Nasso 8), il est ramené : « Lorsque les Bné Israël ont entendu le Saint béni soit-Il dire : "Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël", l’assemblée d’Israël s’adressa au Saint béni soit-Il : "Maître du monde ! Tu demandes aux Kohanim de nous bénir ? Nous n’avons besoin que de Ta bénédiction, d’être bénis par Ta bouche, comme il est dit : Jette un regard du haut des cieux, Ta sainte demeure, et bénis Ton peuple Israël." Le Saint béni soit-Il leur répondit alors : "Bien que j’aie demandé aux Kohanim de vous bénir, Je suis parmi eux et vous bénis, comme il est dit : Ils imprimeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël et Moi Je les bénirai" ».

4. La Présence Divine repose sur les Kohanim au moment de la bénédiction : L’usage est de ne pas regarder les Kohanim au moment de la bénédiction, dans le sillage des propos de nos Sages, selon lesquels toute personne qui regarde les Kohanim lors de la récitation de la Brakha, voit ses yeux s’assombrir (à savoir que sa vision s’amoindrit), car la Présence Divine repose sur les Kohanim au moment de la Brakha. C’est pour cette raison que les Kohanim s’enveloppent d’un Talith et recouvrent leur visage et leurs mains. Certains pères présents dans l’assemblée recouvrent leurs fils du Talith pendant la Brakha.

5. Ségoula contre un mauvais rêve : Puisque cette bénédiction nous a été donnée directement de la bouche de D.ieu, nous n’avons pas à notre disposition les outils pour mesurer les Ségoulot et l’immense bénéfice pour nous, le peuple d’Israël. Dans les écrits de nos Sages, plusieurs détails ont été révélés sur ce thème, en particulier le fait de répondre Amen à la bénédiction pour dissiper l’effet d’un mauvais rêve.

Dans la Guémara (Brakhot 55, 2), il est rapporté que si l’on est perturbé par un rêve que l’on a fait la nuit, sur soi ou ses enfants, on récitera à la synagogue la formule de la prière spéciale pour dissiper un rêve, au moment où les Kohanim étendent leurs paumes, et on aura l’intention de finir sa prière en même temps que les Kohanim, pour que le « Amen » répondu par l’assemblée serve également à sa prière. Le Méiri explique que la raison pour laquelle nos Sages ont choisi ce moment favorable pour l’acceptation de nos prières tient à ce qu’en ces instants, le public est le plus concentré, et cet Amen est récité avec plus de concentration que les autres Amen de la prière.

Nos Sages s’expriment encore dans le Midrach (Chir Hachirim Rabba 3, 11) sur les termes du verset : « Chacun porte le glaive au flanc, à cause des terreurs de la nuit », que si un homme voit en rêve une épée qui sort de sa jambe, que fera-t-il ? Il ira à la synagogue, lira le Chéma’, priera, et écoutera la bénédiction des Kohanim, à laquelle il répondra Amen, et alors il lui est assuré que rien de mal ne lui arrivera.

D’après le Midrach, l’auteur du Torat ‘Haïm de Kassov a trouvé une source merveilleuse aux propos de Yossef Hatsadik adressés aux ministres des vins et le panetier, lorsqu’ils lui ont demandé de l’aider à élucider leur rêve : « Les solutions sont entre les mains de D.ieu, relate-les moi, de grâce ». Les termes de « Na Li, de grâce », écrit le Torat ‘Haïm, forment en valeur numérique le terme d’« Amen », une allusion au Amen auquel on répond après la Brakha des Kohanim, c’est une grande Ségoula pour atténuer les décrets apparus en rêve.

6. En terre Sainte, les Kohanim récitent cette bénédiction tous les jours : Les jours ordinaires, la Brakha des Kohanim n’est récitée qu’à la prière du matin, à Cha’harit, et à Moussaf les jours où la prière de Moussaf est récitée. Les jours de jeûne, on récite également la bénédiction des Kohanim à Min’ha, car on ne craint pas que les Kohanim aient bu du vin avant la Brakha. Mais à Yom Kippour, l’usage est de s’abstenir de réciter la Brakha des Kohanim à Min’ha, mais de la réciter uniquement à Né’ila.

7. A l’étranger, les coutumes varient sur la récitation de la Brakha des Kohanim : Les Ashkénazes de l’étranger et les Séfarades d’Europe occidentale (à part à Amsterdam) ainsi que le Minhag Loubavitch à l’étranger suivent l’usage de réciter la Brakha des Kohanim uniquement pendant les fêtes et non pendant les jours de semaine, ni le Chabbath. La raison de cette coutume, qui annule l’accomplissement d’une Mitsva, tient à ce que la vraie joie ne s’exprime que dans les fêtes, et on ne peut bénir le peuple en l’absence de joie.

8. En l’absence de Kohanim à la synagogue, l’officiant récite la bénédiction : En l’absence de Kohanim sur le lieu de la prière, pour une prière récitée en présence d’un quorum de dix hommes, l’officiant lit une brève introduction avant la Brakha, puis lit verset par verset la formulation de la bénédiction, et l’assemblée répond après chaque verset « Ken Yéhi Ratson ». C’est l’usage également lorsque la bénédiction des Kohanim n’est pas récitée pour diverses raisons, comme dans la maison d’un endeuillé ou dans les lieux où l’usage n’est pas de la réciter chaque jour.

Lorsqu’un Miniyan se forme composé uniquement de Kohanim, tous montent sur l’estrade pour réciter la Brakha, même s’il n’y a personne dans l’assemblée hormis eux pour bénéficier de leur Brakha ; « Qui bénissent-ils ? Leurs frères juifs affairés dans les champs ». (Traité Sota, 38b)

9. Chaque personne qui prie seule récite la bénédiction chaque matin : Après les bénédictions de la Torah, récitées tous les matins avant d’étudier la Torah, l’usage est de réciter les versets de la bénédiction des Kohanim, telle une étude de la Torah renfermant un message positif et béni.

10. La Brakha des enfants : D’après un usage courant, les pères bénissent (et dans une partie des communautés - les mères) les enfants le soir de Chabbath et à Yom Kippour avec les versets de la Brakha des Kohanim. Dans certaines communautés, le Minhag (coutume) s’est ancré par lequel les parents bénissent leurs enfants par la Brakha des Kohanim avant un voyage vers une contrée lointaine ou avant d’entreprendre une action dangereuse.