Le Covid-19 a fait près de 65 000 morts dans le monde depuis fin décembre et contaminé plus de 1 200 000 personnes. L’état d’urgence est déclaré dans plusieurs pays du monde, à tel point que la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui confinée. De son côté, Israël a partiellement fermé ses frontières et mis en isolement presque toute la population. La ville de Bné Brak est soumise à des règles d’accès restreint. Il est question d’élargir ces mesures à d’autres villes. C’est une pandémie mondiale, selon les termes de l’OMS. Bref, c’est la catastrophe ou pour certains, le début de la fin du monde ! En effet, les discours alarmistes, voire apocalyptiques se propagent aussi rapidement que le virus. On parle de magasins vidés, de ruptures de stock, de mouvements de panique. Il n’y aurait plus de masques ou de gel hydroalcoolique. La moindre petite toux, le moindre éternuement et c’est la menace de quarantaine. Pour couronner le tout, des « marchands de malheur » s’ingénient à prophétiser des scénarios plus macabres les uns que les autres, à D.ieu ne plaise. Une question harcèle désormais nos esprits : est-ce vraiment la fin du monde ? Découvrons-le ensemble.

Je citerai tout d’abord les paroles de Job. Il dit au sujet de sa tragédie : « C’est que tout malheur dont j’avais peur fond sur moi ; ce que je redoutais vient m’assaillir. » Rachi explique dans son commentaire que Job désigna sa peur constante des malheurs comme la principale cause de tous ses maux. En effet, l’angoisse excessive peut devenir le vecteur métaphysique de maux qui nous dépassent. Certes, les tragédies sont le plus souvent indépendantes de notre volonté, mais leur venue est parfois favorisée par nos angoisses. Nous pouvons conditionner notre malheur et matérialiser nos peurs. La confiance en Hachem est depuis toujours le remède ultime aux divers maux de l’existence comme il est écrit (Prov. 32 ;10) : « Nombreux sont les maux qui menacent le méchant ; mais quiconque a confiance en l’Éternel se trouve environné de sa grâce. » Mais attention ! Cela ne signifie pas pour autant l’adoption d’une attitude nonchalante, voire négligente, face aux dangers de la vie comme il est écrit (Deut. 4, 15) : « Mais aussi garde-toi, et évite avec soin […] » « Prenez donc bien garde à vous-mêmes ! »  Selon Maïmonide ainsi que d’autres décisionnaires, nous avons une Mitsva positive d’éviter le danger (Cf. Hilkhot Rotsea’h VeChémirat HaNefech chap. 11 loi 4). Nos sages enseignent également (Ketoubot 20a) : « Tout dépend d’Hachem sauf le chaud et froid. » Rachi explique dans son commentaire qu’il nous incombe de nous protéger des maladies dans la mesure du possible. Nous devons donc rester sereins et confiants face aux épreuves tout en adoptant une attitude responsable.

Qu’en est-il du COVID-19 ? Est-ce vraiment la fin du monde qu’annoncent les prophètes ?

Maïmonide écrit dans son Michné Tora : « Nul ne sait comment ils [les évènements qui précèdent la venue du Machia’h] se dérouleront jusqu’à ce qu’elles aient lieu, car les paroles des Prophètes sont énigmatiques. Les Sages eux-mêmes n’ont rien reçu par tradition à ce sujet, si ce n’est ce qu’en disent les textes, et c’est pourquoi ils sont partagés sur ces sujets. Dans tous les cas, la façon dont ces choses auront lieu en détail n’est pas un sujet fondamental de la foi. C’est pourquoi un homme ne devrait pas s’occuper des récits, ni s’attarder sur les contes énoncés sur ces sujets, ni en faire un problème fondamental, car ces préoccupations ne l’amènent pas à plus de crainte et plus d’amour de D.ieu. De même, on ne devrait pas chercher à connaître la date de la venue de Machia’h. Nos Sages ont dit « que se vide l’esprit de ceux qui calculent la fin des temps ». Mais il faut attendre et croire au principe de la venue de Machia’h, comme nous l’avons expliqué. » (Lois des Rois 12, 2) 

Les mots du Rambam sont sans équivoques. Nous devons nous éloigner des spéculations sur la fin des temps et la venue du Machia’h, car nous ne possédons aucune tradition claire à ce sujet. Et les paroles des Prophètes sont bien trop énigmatiques pour servir de support solide aux interprétations. Il nous ne reste donc qu’à nous renforcer en permanence avec la conviction que Machia’h peut se dévoiler à chaque instant. Ainsi, lorsque l’on a demandé au Rav ‘Haïm Kanievsky si la pandémie du nouveau coronavirus annonçait la venue de Machia’h, il a répondu : « Nous verrons après », en d’autres termes « seul l’avenir nous le dira. »  Néanmoins lorsqu’on lui a demandé pourquoi Hachem nous envoie cette plaie (tout particulièrement aux Juifs de diaspora qui sont désormais « bloqués » en dehors d’Israël, dans des zones plus touchées par le virus), il a répondu : « afin que l’on prie. » Il est évident que cette pandémie n’est pas un simple accident. Il ne s’agit pas du seul fruit de la gastronomie chinoise originale. Hachem nous interpelle. Chacun y décèlera un message particulier. Mais une chose est sûre : la couronne du coronavirus n’est pas sans rappeler celle du Roi des rois, Hachem. Et il nous rappelle qu’Il est le seul Maître du monde.

Qu’Hachem ait pitié de nous. Qu’Il annule cette plaie et nous apporte promptement la Guéoula (délivrance) dans la paix et la joie.