Nous approchons de la fête de Pourim et les mamans s'affairent déjà pour choisir un costume approprié à leurs chéris. D’ailleurs le plaisir du déguisement n’est pas seulement celui des petits : jeunes et moins jeunes vont se surpasser pour se vêtir de la façon la plus originale et c’est là une partie de la fête.

Mais au fait, pourquoi se déguise-t-on à Pourim ? Serait-ce en souvenir de Mordékhaï qui revêtit, contre toute attente, les vêtements royaux d’A’hachvéroch, monté sur le cheval du roi ? Ou peut-être pour illustrer que D.ieu, dont le Nom est absent de la Méguila, Se "cache" derrière tous les événements de la vie et tire les ficelles dans les coulisses ? Ou tout simplement pour marquer la Sim’ha de ce grand jour ? Dans tous les cas, le fait même de se déguiser nous amène au rire et à la gaieté, ce qui représente la Mitsva du jour.

Si déjà nous parlons de déguisement, d’habit, on ne peut ignorer l’influence considérable que peut avoir un vêtement sur l’individu et ce, dans la vie de tous les jours. On remarquera dans nos sociétés que l’habit a acquis une fonction beaucoup plus large que celle qui initialement était la sienne - à savoir couvrir sa nudité et protéger son corps. Il peut servir à afficher son niveau social, sa fonction professionnelle ou même son appartenance idéologique. Derrière les fluctuations de la mode se trouvent des créateurs de génie qui lancent leurs produits par le biais de mannequins savamment choisis, et qui décideront pour nous qui nous serons cette année : intello, décontracté, sportif, menaçant, désabusé… Dernièrement ils semblent qu’ils aient optés pour… l’hideux. Ils brouillent les identités homme-femme, cultivent l’androgyne et le décadent.

Il y a dans toutes ces modes un danger spirituel certain, car elles cherchent à nous faire adopter des attitudes contraires à l’esprit du judaïsme.

La Torah, dans son immense sagesse, va elle interdire de porter les habits de l’autre sexe, sachant l’influence néfaste que cette confusion exerce sur notre comportement et même sur nos sentiments. Rappelons également combien le jean, à la base innocent bleu de travail des ouvriers américains de la fin du XIXème siècle, est devenu, porté entre autres par les icônes d’Hollywood, le chouchou des générations hippies, symbole de toutes les libertés, drapeau de l’émancipation et de ce qu’elle draine.

 L’approche de la Torah au vêtement, nous la trouvons dans notre Paracha, Tétsavé, où la Torah décrit en détails ce que portait le Kohen Gadol lors du service au Temple.  On trouve là-bas deux termes qui définissent la particularité de ses habits : "Lékavod Vélétiféret", c'est-à-dire "honorabilité et prestige".

Comme le rapporte le Ramban dans son commentaire, ce sont ce genre de parures que les rois et les hommes de haut rang revêtaient. Le but en est double : la vision du Kohen Gadol paré de ses somptueux vêtements éveille en nous un sentiment de respect, et lui-même vêtu de ces atours, sent toute l’honorabilité et la responsabilité de sa fonction. C’est toute la différence entre la vision juive et celle qui ne l’est pas : l’habit qui nous responsabilise et nous élève devant le vêtement qui avilit, qui dégrade, qui "animalise" l’homme.  

Il est très difficile de se débarrasser de tous les clichés de mode qui font partie de notre décor et de la culture ambiante.  Essayons au moins d’en être conscient et pendant les jours de fête et de Chabbath, de nous habiller le plus fidèlement possible à notre patrimoine, "Lékavod Vélétiferet".