La rentrée scolaire de septembre 2020 va se faire avec beaucoup de points d’interrogations et de suspensions : désormais l’épidémie fait partie de notre paysage et les risques de contagion sont importants, surtout dans des classes surchargées. Mais tout le monde s’accorde sur le fait qu’il est primordial que la jeunesse reprenne le chemin de l’école : un enfant a besoin d’être formé dans un cadre et de se trouver en compagnie de jeunes du même âge. En l’absence d’un emploi du temps bien rempli, l’oisiveté ne peut que le mener à des conduites négatives. D’après nos Sages, elle est d’ailleurs la “mère” de toutes les fautes. 

Toujours précurseurs, les Juifs, depuis plus de 3000 ans, se sont donné comme priorité absolue l’enseignement et la transmission de la Torah  à leur progéniture. Ils savaient, bien avant tout le monde, que la pérennité du patrimoine cultuel et culturel d’un peuple passe tout d’abord par l’enfant, qui est “l’avenir de l’homme”.

Si on lit le verset de Devarim 11,19, on relève que la Mitsva d’enseigner la Torah à ses enfants repose sur le père (“Vélimadtem otam èt benekhem“), et que ce n’est qu’à l’époque du second Temple - il y a un peu plus de 2000 ans - que l’institution de l’école ou Talmud Torah débute (Baba Batra 21a). Si la nécessité d’une telle institution - en autres pour les orphelins - n’a jamais été remise en cause, elle n’a pas pour autant dispensé le père de sa Mitsva.

Tout d’abord un père se doit de fixer un moment d’étude avec sa progéniture et de garder un lien constant avec les instituteurs pour suivre son évolution. Il devra choisir l’école qui correspond le plus aux aspirations et aux capacités de ses enfants, il devra payer sa cotisation, car c’est sur lui que repose la responsabilité de l’éducation de ses enfants. 

Mais cela n’est pas tout et il existe un deuxième point édifiant qu’une réponse  de Rav ‘Haïm Kanievsky à un père de famille illustre parfaitement : cet homme travaillant toute la journée et ne disposant le soir que d’une heure pour réviser le cours de Talmud auquel il participe chaque matin, a demandé au Gadol s’il était préférable de réviser cette heure à la synagogue dans une ambiance d’émulation collective, entouré d’érudits ou alors chez lui, en famille, où alors la qualité de ce Limoud est moindre. Le Rav lui a répondu sans hésiter : “Chez toi, afin de servir d’exemple à tes enfants”.

Nous touchons là le point névralgique de l’éducation juive : être l’exemple et la référence pour sa descendance. Pas pour se “rendre quitte” en répétant machinalement ce que nous-même avons appris dans notre jeunesse, mais avec toute la vibration de notre âme.

La Torah est une Torah de vie, et le meilleur enseignement à transmettre, c’est notre propre relation avec le Divin. C’est pourquoi même un papa Ba’al Téchouva qui ne connait pas encore grand-chose au judaïsme et qui va lui-même apprendre de ses enfants en étudiant avec eux, va par le plaisir et la joie de découvrir les enseignements de nos Sages réaliser la Mitsva d’enseigner la Torah. Parce que dans une définition juive, transmettre son enthousiasme, sa flamme à ses enfants, c’est ça leur enseigner ! 

Les paroles qui sortent du cœur rentre dans le cœur : prions pour que nous sachions transmettre cette flamme et que nos enfants s’épanouissent dans le chemin de nos ancêtres.

Rav Daniel Scemama