Nous nous approchons du mois d'août tant attendu qui rime en général avec détente et évasion. Cette année particulièrement, nous ressentons le besoin de nous déconnecter de notre lieu d’habitation après ces mois de confinement, de stress et d’angoisse qu’a engendrés l’épidémie - dont d’ailleurs on n’est pas vraiment sorti. Cette année, les vacances auront lieu à l’ombre du corona, il faut se faire une raison : nos choix seront limités et les possibilités qui s’ouvrent à nous demandent beaucoup de prudence pour ne pas, à D.ieu ne plaise, mettre en danger notre famille. Les frontières entre Israël et la France sont pratiquement fermées, et ceux qui résident en Israël ne peuvent faire aucun projet vu le taux très élevé de contamination quotidien.

Malgré tout, il n’est pas question de renoncer au bonheur d’être ensemble avec notre famille au bord de la plage ou à la campagne, de pouvoir remplir ses poumons d’air pur, de courir et se rouler sur le sable, de rire et de se laisser bercer par les vagues, en oubliant un tant soit peu nos soucis et en rechargeant nos batteries. Notre grand Sage Hillel considérait le fait d’aller au bain public comme une Mitsva, car notre âme vit dans un corps dont il faut prendre bien soin (Midrach Vayikra Rabba 34,3).

Mais cette année, le choix de nos vacances aura une tournure particulière :

En général, avouons-le, un dilemme profond perturbe le choix de notre lieu de villégiature : allons-nous nous rendre sur un site qui présente d’énormes avantages mais qui dans tout ce qui y est relié à Torah et Mitsvot laisse à désirer ? Les Rabbanim et les directeurs d’école préviennent les parents d’être vigilants et mettent en garde afin que ces quelques semaines de vacances ne viennent pas effacer les acquis de Torah obtenus avec beaucoup de labeur. Malgré tout, la tentation est grande et les décisions sont souvent accompagnées de compromis. Mais cette année, puisque de toute manière le tri des destinations va se faire de façon on ne peut plus méticuleuse et prudente pour des raisons évidentes de protection sanitaire, il sera bien plus facile de trancher et de  prendre en considération les paramètres spirituels. La sécurité recherchée pour notre santé physique nous amènera automatiquement à nous soucier de notre santé spirituelle.

Un autre point intéressant est à relever : la fermeture des frontières d’Israël - la destination la plus évidente pour de nombreux Juifs - nous amène à réfléchir et à apprécier à sa juste valeur le mérite que nous avons chaque année de pouvoir fouler le sol d’Erets Israël, de pouvoir épancher notre cœur au Kotel, de manger des fruits qui exigent des prélèvements avant de les consommer de par leur sainteté et de visiter les tombes de nos proches et de nos Sages qui reposent en paix dans la terre de leurs ancêtres.

Ces vacances du mois d'août se situent chronologiquement en « sandwich » entre les 3 semaines de Ben Hametsarim et le mois d’Eloul suivi des Yamim Noraïm (les fêtes du mois de Tichri, Jours Redoutables). En général, le « sandwich » déborde de tous les côtés et c’est lui qui capte l’attention : à Tich’a Béav, les valises sont déjà prêtes et à Roch ‘Hodech Eloul, on rêvasse encore longtemps aux randonnées et aux bains marins. Cette année, l’impact de ces vacances qui dépassent en général leurs propres limites et préoccupent notre esprit bien avant et bien après cette coupure, n’aura pas lieu : nous parviendrons sans difficulté à réfléchir au ‘Horban (la destruction du Temple) sans être affairés à comment organiser notre voyage. Nous sommes aussi certains que l’on pensera à la Téchouva pendant le mois d’Eloul car nous y pensons déjà depuis de longs mois.

Pour toutes ces raisons, les grandes vacances 2020 sont particulières. Il est certain que toute cette période n’est pas facile à vivre mais si de cette épreuve, nous sortons grandis avec des acquis, avec d’autres perspectives et en reconsidérant certains paliers de notre échelle de valeurs, nous serons parvenus à sanctifier ces moments de peine en les transcendant.