« Ma femme a un problème médical très complexe, elle fait fausse couche sur fausse couche, confie le riche homme d’affaires au jeune Rav. J’ai trois filles, certes, mais j’aimerais beaucoup avoir un garçon. »

Ce jeune Rav était le Gaon Rav Moché Lévi, auteur du Ménou’hat Ahava, ainsi que d’autres ouvrages, et l’un des Raché Yéchiva de la Yéchiva « Kissé Ra’hamim » à Bné Brak. Le Gaon de la génération, Rav Ovadia Yossef, l’avait décrit comme « celui qui poursuivrait ma voie après cent vingt ans ». Nous n’avons malheureusement pas eu ce mérite, car ce Gaon a été emporté à la fleur de l’âge en l’an 2000, après de nombreuses souffrances. Le jour de son décès est le 11 ‘Hechvan.

Avant sa conversation avec le Gaon Rav Moché, l’homme d’affaires de notre histoire avait prêté sa voiture au Gaon Rav ‘Haim Ravi, pour qu’il puisse voyager et obtenir la bénédiction de Maran, le Gaon Rav Ovadia Yossef. Lorsqu’il se trouva chez Maran, Rav Ravi demanda une bénédiction pour le propriétaire de la voiture grâce à laquelle il avait pu faire le trajet. Maran l’avait béni et lui avait écrit sur un papier : « Puisse-t-il mériter d’avoir des garçons, une descendance sainte ».

L’homme d’affaires qui était un proche de Rabbi Moché, lui avait décrit ses souffrances. Rabbi Moché l’avait encouragé : « Dis à ton épouse de ne pas avoir peur. Tout se passera bien à partir de maintenant. Et avec l’aide de D.ieu, puisse la naissance se dérouler facilement et sans difficulté. »

« Après quelque temps, j’annonçais au Rav que, grâce à D.ieu, la période difficile avait été passé sans difficulté, et que nous attendions la naissance. Ce jour-là, ma femme devait se faire examiner par un professeur réputé dans son domaine. Après le cours du Rav, celui-ci s’adressa à moi avec un grand sourire : "Sache qu’une surprise t’attend".

Devant mon regard étonné, le Rav s’expliqua : "Tu auras trois enfants. A une condition, tu devras les nommer d’après les noms des saints ancêtres : Avraham, Its’hak et Ya’acov".

Pendant cette conversation, ma femme me téléphone : "Viens vite à la maison". J’arrive à la maison, et elle me sourit de bonheur : "J’étais aujourd’hui chez le professeur, les résultats de l’examen sont bons". Elle fit une pause pour accentuer le côté dramatique de son récit, mais je la devançais : "Ecoute-moi, nous avons trois garçons…".

Elle m’observa un instant, stupéfaite, puis s’exclama, déçue : "J’avais demandé au professeur de ne rien te révéler. C’est moi qui voulais te l’annoncer. Ce n’est vraiment pas gentil de sa part".

Je me hâtais de l’apaiser en lui expliquant que je n’avais eu aucun contact avec le professeur. Je lui racontai que j’étais auprès du Rav Moché Lévi qui m’avait dévoilé ce qu’il en serait. Ma femme s’émut beaucoup et déclara : "Si le pouvoir du Rav est si grand, je m’engage à nommer les garçons comme il le préconise, et je suivrai à partir d’aujourd’hui toutes ses recommandations".

Au cours de la grossesse, il y eut plusieurs frayeurs suite à des saignements, mais le Rav était toujours là pour les apaiser, et pendant toute la durée de la grossesse, il a promis qu’elle aurait un accouchement facile et naturel !

Le moment venu, nous arrivâmes à l’hôpital tard dans la nuit, les médecins décidèrent de ne pas prendre de risque, et même si tout avait l’air normal, comme il s’agissait de triplés, ils décidèrent de l’opérer. J’appelai immédiatement le Rav Moché pour lui demander son avis. Le Rav me répondit que ce n’était pas nécessaire, et les médecins eux-mêmes reconnurent que la naissance se déroulerait bien, sans césarienne.

Inutile de préciser qu’il en fut ainsi.

Lors de la Brit-Mila, j’offris bien entendu l’honneur d’être Sandak au Rav Moché Lévi. A la fin de la circoncision, le grand professeur se dirigea vers le Rav, les larmes aux yeux : "Je ne suis pas religieux. Mais je suis obligé de dire que j’ai assisté à un miracle". »

Gad Shechtman