Le 9 Av est un jour de deuil collectif pour le peuple juif, marquant la destruction des deux Temples et l’exil qui s’ensuivit. D’un autre côté, il est aussi nommé Mo’èd (Eikha 1, 15) - comme s’il s’agissait d’un jour de fête - et le Midrach rapporte que le Machia’h naîtra ce jour-là. Étonnant ! 

Cette contradiction apparente trouve son explication lorsqu’on définit le sens de ce souvenir fixé par nos Sages : en effet, l’idée n’est pas de se tourner vers le passé pour réveiller des sentiments de regret et de nostalgie stériles, mais au contraire de se rappeler que dans les temps anciens, notre peuple a pu faire l’expérience d’une communion extraordinaire avec le divin grâce à la présence du Beth Hamikdach, et de désirer ardemment revivre cette proximité exaltante.

Un Juif est toujours tourné vers l’avenir et ne se sert du passé que comme tremplin pour mieux progresser. Le 9 Av est un jour de jeûne entièrement consacré au souvenir de la destruction du Temple. À la manière des endeuillés, il y est interdit même d’étudier des passages de la Torah susceptibles de nous réjouir ou de se réunir entre amis pour discuter. Imprégnés de cet esprit grâce aux prières et aux lectures fixées par nos Sages, nous suscitons évidemment des sentiments de peine, mais dans le but d’évoluer vers l’espoir de retrouver notre dignité de peuple de Kohanim (prêtres) et voir Jérusalem reconstruite dans toute sa splendeur.

En fait, Ticha’ Béav est un jour unique où il nous est donné la disponibilité de désirer la venue du Machia’h et la reconstruction du Temple. C’est ainsi qu’au fur et à mesure de la journée, les lois de deuil s’allègent et se forge en nous le sentiment que ce jour pourra bientôt se transformer en un jour de fête et d’allégresse. 

Ne croyons pas que cet espoir soit loin de nous ni qu’il relève du domaine du rêve ou de l’impossible. À ce propos, le ‘Hafets ‘Haïm rapporte dans son livre “Ma’hané Israël” un Midrach qui dit :

“Qui aurait pu imaginer qu’Avraham et Sarah auraient un enfant dans leur vieillesse ?

Qui pouvait penser que Yossef deviendrait le dirigeant d’Égypte après avoir été abandonné par ses frères et jeté en prison pendant 12 ans en terre étrangère ?

Qui pouvait croire que Moché Rabbénou nous libérerait d’Égypte après avoir été placé nourrisson dans un berceau sur le Nil ?

Qui pouvait rêver que Ruth la Prosélyte donnerait naissance au royaume de David ?

Qui pouvait penser que David, délaissé et dénigré par les siens, deviendrait le Roi d’Israël ?

Qui pouvait prévoir que le peuple hébreu échapperait des mains de Haman, dans un tel retournement de situation ? […]”

On pourrait rajouter à cette liste des faits miraculeux plus actuels, comme :

Qui pouvait imaginer que les Juifs reviendraient sur leur terre après près de deux millénaires en exil et parviendraient à la faire refleurir après des siècles de désolation ?

Qui aurait pu croire qu’Israël tiendrait tête à plusieurs reprises aux légions arabes, bien armées et entraînées, venues l’encercler et le détruire ?

Qui aurait pensé que le Chékel, qui dans les années 80 était en dévaluation constante, deviendrait aujourd’hui l’une des monnaies les plus fortes au monde ?

Qui pouvait penser après la Shoah que le peuple d’Israël renaîtrait de ses cendres et constituerait à nouveau d’importantes communautés partout dans le monde ?

Qui pouvait imaginer un tel mouvement de Téchouva aux quatre coins du globe et un tel engouement pour l’étude de la Torah, dont on n’a point le souvenir depuis les temps anciens ?

‘Am Israël ‘Haï Vékayam ! (“Le peuple d’Israël est bien vivant !”)

De la même façon que tous les faits rapportés se sont accomplis, ainsi la venue du Messie et la reconstruction du Temple se réaliseront !  

Pour très bientôt, Amen !