Il est intéressant de constater que les prémices de l’histoire juive commencent par l’expérience de l’esclavage et de la souffrance. On se serait attendu à ce que le peuple qui va recevoir la Torah et va devenir le messager de D.ieu auprès de toutes les nations de la terre, le fils bien-aimé de l’Eternel, naisse avec une “cuillère d’argent dans la bouche”, gâté et choyé, les joues bien rondes et roses. Mais voilà que le peuple d’Israël va se forger en subissant en Egypte un esclavage pénible et douloureux. Il faut en déduire que c’est justement dans l’épreuve que le peuple élu va se réaliser.

En effet, l’esclavage va permettre aux descendants de Ya’akov d’apprendre à se soumettre totalement et à devenir de parfais serviteurs de D.ieu, comme le sont des esclaves auprès de leur maitre. La souffrance qu’ils vont endurer va à la fois adoucir leur caractère, les amenant à l’humilité et à la compassion envers le faible, mais aussi les renforcer, comme un soldat qu’on met à l’épreuve par des besognes éreintantes et des missions dangereuses afin qu’il surmonte la peur et la douilletterie. Ainsi, un Juif qui est appelé à devenir un soldat au service de D.ieu a besoin pour réaliser sa mission de courage et de vaillance. L’expérience connue en Egypte va s’avérer être la formation idéale pour devenir de vrais Yéhoudim.

Ces constatations nous amènent à opérer un parallèle entre la construction du peuple hébreu et l’éducation de nos enfants. Beaucoup de parents pensent que nous devons protéger de façon massive nos enfants, les choyer et les gâter. Chaque difficulté qui se présente à eux doit être neutralisée, chaque menace même lointaine écartée, on se mêle de toute dispute qui se présente et mettons en garde les intéressés de ne plus récidiver. Nous allons même changer de classe notre fils qui n’arrive pas à s’acclimater avec tel enseignant. Évidemment, sur le plan matériel, nous allons prévoir que l’enfant ne manque de rien : vêtements dernière mode, jouets et gadgets, vacances été/hiver, Bar/Bat Mitsva grandiose, et bien sûr de l’argent de poche à volonté.

Cette ligne d’éducation s’avère très souvent donner des résultats médiocres, ces jeunes ne sortant pas très épanouis ni particulièrement polis, réussissent moyennement d’un point de vue scolaire et surtout sont tout le temps en manque. Les sacrifices que l’on a faits ne sont pas suffisants, ils réclament cette autre chose que “tous les copains possèdent déjà”.

La vérité est que c’est nous par notre attitude qui les avons fragilisés. On ne les a pas préparés à la vie, à se frayer un chemin dans la jungle de l’existence, quitte à trébucher pour après se relever. En fait on en a fait des êtres apeurés, faibles, vite perdus. Il est vrai qu’il y a des situations où nous avons besoin d’intervenir, mais il s’agit de cas rares et limités, et en général l’enfant s’en sort beaucoup mieux sans notre présence. 

Il est inutile aussi de s’allonger sur les dégâts que cause une éducation ou les parents se positionnent d’égal à égal avec les jeunes, venant même à leur demander si notre décision leur convient : c’est là la voie tracée pour aboutir chez les psys.

Il faut absolument utiliser notre autorité pour poser à nos enfants des limites, savoir garder une hiérarchie et en aucun cas se sentir obligé de justifier nos décisions. 

Si nous négligeons ces règles, il ne faudra pas s’étonner si, adolescents, ils nous reprocheront leurs échecs dans tous les domaines… et ils n’auront pas tout à fait tort !

A bon entendeur.