Il y a 30 ans exactement s’est déroulé un évènement qui a priori n’aurait pas dû concerner Israël, et pourtant va l’être contre son gré : la guerre du Golfe. 

Un court rappel des faits : le dictateur irakien et ennemi juré d’Israël, Saddam Hussein, décide d’envahir le Koweït sans préambule. Les Nations-Unies lui donnent un ultimatum pour se retirer et, devant son refus, une coalition de 34 Etats avec à leur tête les USA attaque massivement l’Irak afin de l’obliger à se retirer du Koweït. Cette guerre se terminera en 6 semaines avec la victoire éclatante de cette coalition.

Dès le début de cette attaque, Saddam Hussein enverra contre Israël des scuds, qui sont d’énormes missiles capables de détruire des immeubles entiers. Son but était d’obliger l’Etat hébreu à réagir et ainsi parvenir à déstabiliser la coalition qui comptait parmi elle des pays arabes. En tout, 39 scuds seront lancés, touchant les villes de Tel-Aviv, Ramat Gan et ‘Haïfa, et causant des dégâts très importants (plus de 6000 appartements endommagés).

Tout au long de cette guerre, l’ambiance en Israël était très tendue. Avant même le début des hostilités, chaque citoyen s’était vu fournir un masque pour se protéger d’une éventuelle attaque chimique ou biologique. Il était nécessaire de prévoir dans chaque maison une chambre complètement étanche et protégée pour empêcher l’infiltration de gaz mortel. Les grandes surfaces avaient été vidées en quelques jours de toutes denrées essentielles, et beaucoup de ressortissants étrangers avaient préféré quitter le pays.

Dès la nouvelle de l’offensive américaine, les écoles furent fermées, la vie bouleversée et les mariages devancés au début de l’après-midi afin que chacun puisse être chez soi, à l’abri, en soirée. En effet, les scuds ne tombaient que la nuit (afin d’éviter d’être repérés par les avions de la coalition) et lorsque les sirènes sifflaient pour annoncer la chute imminente d’un missile, tout le monde courait alors rapidement dans la pièce prévue et revêtait son masque. Beaucoup d’habitants quittèrent leur domicile pour chercher refuge dans des villes “protégées” comme Jérusalem ou Eilat. Le quotidien des Israéliens était fait d’angoisse, de peur et de fatigue nerveuse. 

Finalement, le jour de Pourim, on annonça la fin de cette guerre et on réalisa alors le miracle incroyable qui s’était produit : on ne dénombra en effet qu’une seule victime civile israélienne et les journaux publièrent les photos ahurissantes de personnes sortant des décombres à peine égratignées (à titre de référence, un seul de ces missiles lancé contre une base militaire américaine au Koweït avait tué 28 soldats). La défaite de Saddam Hussein marquera la fin de son rêve maléfique d’anéantir Israël, sans qu’il n’y ait eu la moindre effusion de sang du côté des soldats israéliens.

Ce miracle aurait mérité d’être marqué chaque année dans le pays, et pourtant ce ne fut pas le cas. La raison tient peut-être au fait que cet évènement marque la fin d’une certaine conception de la légende de Tsahal dans la conscience israélienne, celle d’une armée forte, entrainée, mais surtout indispensable à la sécurité des citoyens. Et soudain, lors de la guerre du Golfe, les choses se faisaient sans elle. Saddam, en provoquant un acte stupide, allait causer sa propre perte et Israël, en spectateur passif, allait devoir laisser les Nations guerroyer pour elle, sans intervenir un seul instant.

Le Rav Wolbe pensait qu’il y avait lieu de rappeler cet évènement comme un miracle incontestable, à l’image de celui de Pourim !

“L’Eternel combattra pour vous ; et vous, tenez-vous tranquilles” (Chémot 14, 14).