Je fus un jour témoin d’une discussion entre un Juif pratiquant et un autre qui ne l’était pas. Ce dernier lui disait : Machia’h, Machia’h… Vous parlez tout le temps de Machia’h. Mais peut-être vous manque-t-il quelque chose dans votre mode de vie : vous vous imposez des privations, vous avez beaucoup d’enfants, vous ne vous accordez pas de “kifs”, vous ne pensez pas à votre bien-être, vous vivotez financièrement, sans projet d’avenir. Évidemment, dans ce contexte, vous levez les yeux au ciel en réclamant le Messie ! Personnellement, j’ai monté une entreprise qui marche bien, je viens de changer de voiture, j’habite un bel appartement spacieux. J’ai deux enfants, ce qui me permet de bien m’en occuper, de suivre leur scolarité et de leur proposer des activités artistiques et sportives. On voyage, on part souvent en vacances… Bref, moi, je n’attends pas le Machia’h pour améliorer mon quotidien !

Je fus d’abord choqué par ces paroles “blasphématoires”, mais dans un second temps, je me suis dit qu’elles contenaient peut-être une part de vérité…

Chaque année, pendant trois semaines, nous marquons par des signes de deuil le souvenir de la destruction du Temple et de l’exil qui s’ensuivit. Nous prions pour voir ce Temple reconstruit, avec la venue du Machia’h et son couronnement.
Dans l’Histoire, il y eut des périodes difficiles où le peuple hébreu attendait ardemment cet évènement, et d’autres, plus paisibles, avec moins de ferveur. Le faux messie Chabtaï Tsvi, par exemple, n’eut une telle influence que parce que l’époque s’y prêtait, avec notamment les pogroms qui faisaient des ravages dans les communautés juives, surtout en Ukraine. Beaucoup de rescapés de la Shoah furent aussi très peinés de ne pas avoir connu l’avènement du Machia’h après tout ce qu’ils avaient enduré. Ces réactions sont on ne peut plus compréhensibles.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’époque est relativement calme pour les Juifs (subsistance, liberté de culte, droits, sécurité…), sauf en Israël où l’on a souffert de guerres et d’attentats. La récente réussite de l’opération militaire en Iran fait espérer un avenir plus serein en terre sainte, avec le retour rapide des derniers otages et la fin de la guerre à Gaza. Certains rêvent déjà d’un pays qui va “exploser”, devenant l’un des États les plus riches et influents du globe, une puissance mondiale.

Poussons ce rêve jusqu’au bout : tous nos ennemis neutralisés, des accords de paix avec tous les pays voisins, l’émergence d’un dirigeant palestinien modéré, l’économie israélienne florissante, les prix de l’immobilier en baisse et une harmonie retrouvée entre les différentes composantes de la société israélienne.

Des Juifs font leur ‘Alyah, la médecine progresse, des villes se développent ainsi que des jardins et des lieux de vacances… Dans un tel contexte, pleurera-t-on encore la destruction du Temple ? Après tout, l’esplanade du Kotel est agréable, partiellement climatisée, elle suscite ferveur et émotion. On y célèbre des Bar-Mitsvot au son du tambour et de la clarinette. Le lieu idéal pour les Séli’hot et les Kinot du 9 Av. Que nous manquerait-il vraiment ? Aurions-nous encore besoin de ces trois semaines de deuil ? Du Machia’h ?

Ou bien… y a-t-il une dimension de cet évènement pour lequel nous prions depuis deux mille ans et qui nous échappe totalement ?
Et c’est peut-être cela, précisément, notre ‘Horban – notre vide – sur lequel il nous faut nous attarder et méditer durant cette période de deuil collectif.

Dans cette optique, Torah-Box vous propose une variété de contenus susceptibles de répondre à ce questionnement.