Si d’habitude le mois d’Eloul se profile au retour des vacances, cette année il nous surprend au début du mois d'août, en pleine “villégiature” alors qu’on se déconnecte de nos activités afin de jouir d’un peu de détente et de repos bien mérité. Mais un juif a appris à gérer les besoins de son corps sans délaisser ceux de l’âme et on peut très bien imaginer nos lecteurs allongés sous un parasol en sirotant une boisson fraîche au bord de la mer, le magazine Torah-Box entre les mains.

Nous savons par la Tradition que c’est pendant ces quarante jours qui séparent le début du mois d’Eloul de Yom Kippour que Moché Rabbénou obtint le pardon auprès de D.ieu après la faute du Veau d’or. C’est pourquoi cette période restera dans l’Histoire juive propice à la Téchouva, le mois d’Eloul représentant, selon l’image employée par le Ba’al Hatanya, le moment idéal pour rencontrer le Roi qui Se promène parmi Son peuple pour écouter ses demandes. Ani Lédodi Védodi Li (“Je me rapproche de mon Bien-aimé, et mon Bien-aimé de moi”), c’est le message de communion d’amour et de réconciliation entre l’homme et son Créateur, que l’on retrouve en allusion dans les premières lettres de ce mois particulier. 

Mais parler de Téchouva - c’est-à- dire de fautes, de jugement et de pardon - nous amène à une réflexion d’actualité : celle de la pertinence de la notion de libre-arbitre dans nos sociétés. Car s’il y a jugement sur une faute, cela implique obligatoirement que l’homme avait le choix de la commettre ou de se retenir. Mais dans le monde moderne, on cherche de plus en plus à nier cette notion de libre-arbitre, prétendant que l’homme est prédisposé à des attitudes incontrôlables dues à sa nature et au milieu familial dans lequel il a grandi. Le système juridique, très influencé par ces conceptions, se perd dans des considérations brumeuses et les peines infligées à des criminels sont minimisées à presque rien. La balance de la justice penche de façon inquiétante vers des  ”bénéfices du doute”, ce qui est plus que surprenant pour des actes gravissimes.

Il y a malgré tout des esprits clairs dans le monde, et je fais ici référence à Viktor Fränkel, qui fut professeur de neurologie et de psychiatrie à la faculté de Vienne et fut l’auteur d’un ouvrage intitulé “Découvrir un sens à la vie”, fruit des conclusions de sa propre expérience des camps de la mort durant la Shoa. Dans cette œuvre majeure qui figure parmi les dix livres les plus influents au monde, Fränkel rapporte l’attitude exemplaire de prisonniers qui avaient perdu leurs proches, exténués par la faim et de froid, victimes de brutalités et de sadisme, et qui s’attendaient à tout moment à être exécutés. Dans ces conditions extrêmes où on les poussait à devenir des bêtes sauvages afin de subsister, certains furent capables de sacrifier leur pain et de se mettre en danger pour aider leur prochain, sans espérer le moindre retour de leur geste. Ces personnes avaient choisi la voie du bien, alors que leur condition les programmait à suivre la voie contraire.

Évidemment, la Torah n’a pas besoin d’appui de professeurs ni de scientifiques pour confirmer Ses principes, mais il est important de relever que même une personne ne possédant pas la richesse de notre Patrimoine peut arriver aux mêmes conclusions que la Torah si elle est animée d’honnêteté intellectuelle. On en déduit aussi que ceux qui s’en éloignent, en niant ces vérités reçues au mont Sinaï, cherchent à justifier leurs inclinaisons par des théories erronées.

Forts dans nos convictions, nous perpétuons les Minhaguim de nos ancêtres en nous préparant spirituellement (par les Séli’hot, le Moussar et les prières) aux fêtes marquant la nouvelle année juive. Le Roi descend à notre rencontre, qui peut rester enfermé dans sa demeure et ne pas profiter de cette aubaine ?!