Question de Chmouel H.

Chalom Rav,

Je me sens très angoissé par le phénomène de propagation du virus Corona, surtout depuis que j’ai arrêté de travailler et me retrouve comme tout le monde confiné à la maison. Les nouvelles qui ne parlent que des dangers de ce fléau et du nombre grandissant des personnes atteintes et des morts, ne font qu’augmenter mes sentiments d’effroi. Je dois préciser que je suis, de nature, un angoissé, mais à l’heure actuelle, face a ces événements dramatiques et aussi à l’inaction, je n’ai plus aucun contrôle sur mes pensées noires. Ma femme me dit de me ressaisir, ne serait-ce que par rapport à elle-même et à nos enfants, mais je n’y arrive pas. Que dois-je faire pour surmonter ces sentiments qui me submergent ?

Merci infiniment.

Réponse du Rav Daniel Scemama

Chalom Chmouel,

Il est certain que D.ieu a envoyé le Coronavirus pour justement instaurer dans le monde un sentiment d’insécurité. Nous ne sommes pas des prophètes pour connaitre les desseins de l’Eternel, mais nous comprenons très bien que, par ce fléau, D.ieu réalise deux buts : tout d’abord, Il déstabilise la quiétude des êtres humains qui ont cru pouvoir écarter de leur vie toute pensée et soumission à un Créateur, et ce virus vient leur rappeler à quel point ils sont dépendants et vulnérables. De plus, Il casse le phénomène de recherche de plaisirs incessant qui caractérise notre époque, car la peur annihile le désir, comme cela est rapporté dans le Talmud (Zeva’him 116b).

Mais il est certain aussi que D.ieu ne cherche pas à détruire Son monde, et que, de cette épreuve, on peut ressortir grandi. C’est pourquoi, l’heure est à la réflexion et à la Téchouva, et non à la panique et l’hystérie. Nous devons, malgré tout, respecter les instructions du Ministère de la Santé pour nous préserver et préserver les autres, comme la Torah nous l’ordonne.

Il est important aussi de rapporter le fait que la déprime constitue un terrain pour attraper des maladies, et qu’il est fortement conseillé de garder le moral, comme le recommandait le Rav Akiva Eiguer à ses élèves lors d’une épidémie de choléra qui sévissait à son époque.

Votre vrai problème, Chmouel, c’est, comme vous l’avez précisé, que vous êtes de nature angoissée. Vous n’êtes pas le seul, le stress et l’angoisse sont les maladies de l’âme les plus répandues, et c’est sur ce domaine que vous devez travailler pour arriver à une bonne qualité de vie et améliorer votre relation à D.ieu. Nous allons vous apporter quelques conseils qui, certainement, vous aideront :

- Arrêter de lire et d’écouter les nouvelles qui, en général, n’apportent pas d’informations importantes, mais, par contre, s’allongent sur des faits divers tristes et dramatisent encore la situation.

- Eloignez-vous de personnes pessimistes qui interprètent tout selon la pire éventualité, même quand elle est bien éloignée de la réalité. Au contraire, cherchez à côtoyer les optimistes et les personnes gaies et de nature plutôt insouciante, leur contact fera la balance avec votre tendance. Le rire et l’humour sont des excellents ingrédients pour la vie - particulièrement pour les stressés -, ainsi que la musique et le chant.

- Faites du sport, de la marche, respirez du bon air tous les jours et votre corps va influencer votre Néfech (âme). Mangez des repas réguliers et équilibrés, et dormez suffisamment.

- Ne restez pas sans rien faire, et, même dans la situation présente, cherchez une occupation. C’est peut-être l’occasion de réparer ou de ranger des affaires, de réfléchir à un projet et d’en parler tranquillement avec un ami, de faire les devoirs avec les enfants ou jouer avec eux, lire des lectures intéressantes, apprendre l’hébreu… et évidemment, étudier la Torah. Entre parenthèses, Torah-Box vous propose dans la section « Etude sur texte » plus d’une vingtaine de traités de Michna, du Moussar, de la ‘Hassidout, du Tanakh, ainsi que le Daf Hayomi et le Michna Beroura Dirchou, sans compter des dizaines de cours de pensée juive.

- Il faut vous renforcer dans la Emouna (foi) que D.ieu est Bon de façon absolue. Nous le mentionnons trois fois par jour dans la prière (« Gomel ‘Hassadim Tovim ») et c’est l’occasion d’intérioriser cette vérité. De façon générale, à tout moment où nous sommes face à un problème, il faut avoir le réflexe avant tout de dire : « Gam Zou Létova » (« cela est aussi pour le bien »), et « Gam Zé Ya’avor » (« ça aussi, ça va passer »), et s’adresser constamment à l’Eternel, même si ce n’est pas le moment de la prière. Celui qui a créé vos poumons, qui est responsable de chaque battement de votre cœur, de l’ouverture au bon moment de chaque valve, au dixième de seconde près, ne vous inquiétez pas, vous protège et contrôle parfaitement virus, microbes, et épidémies…

- Il est fortement conseillé de marquer dans un cahier personnel les bonnes choses qui nous sont arrivées dans la journée, ainsi que tout événement qui nous a causé du souci et qui s’est arrangé. En agissant ainsi, on imprime sur notre âme les bienfaits de D.ieu, surtout si on relit de temps à autre ces écrits.

- Mon dernier conseil est le plus important, car il englobe tout : se soucier de son entourage et s’oublier un peu. Nous avons trop tendance à nous préoccuper de nos propres besoins. C’est pourquoi, il est important de faire tous les jours des actes positifs envers notre prochain, et, petit à petit, nous allons nous déconnecter de notre « moi » atrophié, source de la majorité de nos maux. Le reproche de votre femme de penser plus à votre famille s’inscrit dans cette ligne.

Il est évident que ce n’est pas en un jour que l’on change. L’important est de prendre sur soi de modifier certains de ses comportements et se s’y tenir le plus fermement possible. Cette décision va pouvoir nous accompagner pendant de longues années. Peut-être que, pour vous, le Corona est venu pour cela.

Béhatsla’ha.