Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises l’obligation pour l’homme de faire du ‘Hessed chez lui, bien avant d’en faire à l’extérieur. Il n’est pas possible de se lancer dans de grandes actions de bienfaisance hors de chez soi lorsqu’à la maison c’est le principe inverse qui domine.

Un jeune homme, fils d’une illustre famille de Bné Brak, a complimenté son père, célèbre homme de ‘Hessed, pour un acte de bonté qu’il a fait pour lui, son fils. Il lui a ainsi indiqué que le ‘Hessed est au centre de ses préoccupations, pas uniquement à l’extérieur, mais aussi pour son propre fils.

Le jeune homme relate qu’un vendredi, la famille s’était rendue à Péta’h Tikva chez des proches pour y passer le Chabbath. « Nous avons tout entassé dans la voiture familiale et avons pris le départ. Une fois arrivés chez la famille, je me rendis compte que j’avais oublié mon chapeau à la maison. Bien que tout le monde sût que ce fût important pour moi, je n’osai pas demander à mon père de quitter Péta’h Tikva pour retourner à Bné Brak chercher mon chapeau. »

Après avoir monté nos bagages dans l’appartement de la famille, mon père s’adressa à moi avec un large sourire :

« Je te connais, et je sais que tu ne seras pas à l’aise sans ton chapeau. Tu voudrais que je rentre à la maison pour le ramener ? »

Je fus étonné de sa demande. J’essayai de l’en dissuader, mais il fut inflexible et cita même le verset : « Certes, sans le délai, nous serions, à présent, déjà revenus deux fois. » Ce fut un grand sacrifice pour mon père. Notre famille part très peu le Chabbath. Nous aimons passer le Chabbath chez nous. Lorsqu’il y a une occasion de le passer chez des proches, dommage de manquer un seul instant… et on le sait, les premiers moments sont les meilleurs…

Mais malgré tout, mon père n’y réfléchit pas à deux fois et me proposa de retourner à la maison. Il ne se contenta pas de me le proposer, il se mit en route. Dès que je lui donnai mon accord par un hochement de tête, nous entrâmes dans la voiture en route pour Bné Brak.

Apprends de moi, mon cher fils, comment te conduire

Et de quoi parla le père en route ? Il est facile de le deviner… Il profita de cette occasion pour lui faire tout un discours sur le ‘Hessed, en lui expliquant que lorsqu’un homme fonde un foyer juif, le plus grand ‘Hessed, le plus authentique, s’effectue à la maison.

« Inspire-toi de moi, mon cher fils, pour savoir comment te conduire avec tes enfants, et lorsque tu seras, avec l’aide de D.ieu, un père, essaie de leur faire du ‘Hessed », me déclara papa, en m’expliquant que les actes de bonté que l’on fait avec sa famille sont considérés d’une certaine façon comme le ‘Hessed de vérité. En effet, contrairement à celui que l’on prodigue en-dehors du cadre familial, où les gens - parfois - savent le reconnaître et remercier pour les actes de bonté que l’on effectue à leur égard, ici, les proches ne l’estiment pas, cela leur semble naturel que le papa doive leur prodiguer du bien. C’est justement pourquoi, dans ce cas où l’on ne sait pas estimer à sa juste valeur ces gestes de bonté, c’est un véritable ‘Hessed.

Tout en conversant sur un ton agréable, nous arrivâmes à la maison.

En ouvrant la porte, nous avons compris que lorsque l’homme fait du ‘Hessed authentique, de tout cœur, le Saint béni soit-Il le lui rend mesure pour mesure, en lui prodiguant de grandes bontés. En entrant à la maison, une forte odeur de gaz nous accueillit. Il s’avère que ma mère avait oublié d’éteindre le gaz sous la casserole contenant des œufs… l’eau s’était évaporée, les œufs et la casserole étaient totalement brûlés, le feu s’était éteint et le gaz avait commencé à se propager dans l’appartement.

Il n’est pas difficile d’imaginer ce qui se serait passé si nous n’avions pas fait demi-tour pour chercher mon chapeau. De l’exemple personnel appris auprès de mon père sur le ‘Hessed, j’ai appris que l’on n’est jamais perdant en effectuant une Mitsva.