Nous sommes tous encore très touchés par la tragédie survenue à Méron, dans laquelle 45 personnes, venues se réjouir auprès de Rabbi Chim’on Bar Yo’haï, ont trouvé la mort. Les témoignages des rescapés rapportant les détails de l’accident nous font frémir et on s’émeut d’autant plus lorsqu’on entend comment les défunts sont mort le Chéma’ Israël, le Vidouy (acte de confession de ses fautes) ou encore la reconnaissance de leur amour pour D.ieu aux lèvres. Car il s’agissait bien de Tsadikim qui ont disparu, tous des gens exceptionnels dans leur service divin et leur piété.

Le monde juif a été touché dans sa totalité, quel que soit son niveau de religiosité, par l’événement. C’est ainsi que de tout Israël, on s’est déplacé auprès des familles endeuillées, des personnes éloignées de toute pratique ont pris sur elles de se renforcer et des présents remplissent les maisons touchées ; tout est fait pour bien marquer la solidarité. Le message du Rav ‘Hayout – qui a perdu son fils ainé Yédidia et son élève Moché Lévy (dont il avait la responsabilité) – a été diffusé par différents médias et a ému tout le pays : un message de foi pure, sans chercher de responsables, convaincu qu’il s’agit d’un décret divin et que le moment appelle à l’unité entre Juifs et à l’amour le plus sincère envers son prochain. Cet homme discret dans la vie de tous les jours s’est retrouvé malgré lui celui qui pouvait apporter la consolation et l’espoir à tout Israël, assis dans une chaise roulante avec le pied dans le plâtre et la blessure dans le cœur.

En vérité, personne ne peut sortir indifférent de cette terrible nouvelle, les 45 défunts représentant toutes les “nuances” du public pratiquant : Séfarades, Ashkénazes, Yéménites, ‘Hassidim de différents courants (‘Habad, Breslev, Gour,…), Kipot Srougot (“Kipot tricotées”, c’est-à-dire les sionistes-religieux) et Schtreimel, des gens de Diaspora (Français, Américains, Canadiens, un Argentin,…), des jeunes pas encore Bar-Mitsva, des adolescents, des jeunes pères de famille, des moins jeunes, des grand-pères, comme pour nous dire : “Tu es concerné, il y a parmi les morts au moins un qui te ressemble !”. Maïmonide écrit que tout celui qui voit dans une tragédie un événement terrestre sans aucun message est un homme cruel qui refuse de vouloir comprendre qu’on lui lance un appel d’En-Haut afin de parfaire sa conduite. C’est pourquoi  le réveil que chacun d’entre nous ressent est nécessaire et fait écho à cet appel intense.

Le problème qui se pose devant nous est de savoir comment conserver ces sentiments de Téchouva qui aujourd’hui sont en éveil mais qui demain vont s’estomper puis disparaitre, sous l’influence de notre compagnon “l’oubli”. Seules les familles frappées dans leur chair ne pourront jamais oublier, mais les autres - à savoir nous tous - seront très vite rattrapés par d’autres faits et préoccupations, pour la plupart banals, qui vont s’installer dans leurs esprits.

C’est pourquoi nos Sages nous ont dévoilé le moyen de conserver tout réveil qui s’opère en nous : l’acte. Lorsqu’on parvient à traduire un sentiment positif par une action, on crée si l’on peut dire une écorce au fruit afin de lui permettre de durer longtemps.

Nos Sages demandent pourquoi la Torah a juxtaposé, dans la Paracha de Nasso, le récit de la Sota (femme soupçonnée d’adultère) avec les lois concernant le Nazir, à qui il est interdit de boire du vin. C’est pour nous apprendre que tout celui qui voit une femme punie pour avoir trompé son mari doit s’abstenir de boire du vin, qui est l’une des causes principales de la débauche. Comme l’explique le Rav Dessler, une personne qui prend conscience de la gravité d’un tel interdit se doit de concrétiser ce réveil par un acte, comme en prenant sur soi d’être Nazir et par le fait de s’interdire de boire du vin.

C’est pourquoi nous devons nous aussi matérialiser ce désir de Téchouva qui s’éveille après la tragédie de Méron par des actes concrets : être plus pointilleux dans les lois de Chabbath, de la Tsn’iout, faire tous les jours un acte de bienfaisance, etc. Ainsi, on réalisera à la fois un véritable changement, mais aussi on permettra l’élévation de ces 45 grandes âmes. 

Bessorot tovot.