L’importance de chacun de nous est que nous sommes tous absolument uniques. Nous peinons à percevoir cette vérité, car nos yeux ne voient qu’en surface. Nous ne remarquons habituellement que les talents et capacités « exceptionnels ». Parfois, nous cherchons même le succès à l’extérieur de nous-mêmes alors qu’en réalité il est en nous, si seulement nous pouvions le voir. Le judaïsme voit les choses différemment – chacun est unique, autrement il n’existerait pas.

À Cracovie se trouve une synagogue connue comme la Choule de Izik Reb Yekale’s. La légende raconte que Izik était un homme simple, un ouvrier en bâtiment de profession, qui était hanté par le même rêve nuit après nuit. À savoir que sous un certain pont à Prague était enterré un immense trésor, qui appartiendrait à quiconque le déterrerait.

Au premier abord, Izik tint le rêve pour absurde, mais au bout d’un moment il en fit une obsession et pouvait difficilement dormir la nuit. Bien que sa femme lui dit d’oublier cette idée folle, il décida qu’il devait se rendre à Prague et trouver le trésor. Ainsi, un jour, il prit quelques maigres provisions et partit pour Prague. Quand Izik avait la chance d’arrêter une carriole qui passait par là, il y montait. Autrement, il allait à pied, s’arrêtant seulement à la tombée de la nuit, pour dormir à l’abri des arbres.

Après plusieurs semaines, Izik arriva à Prague et rechercha le pont qu’il avait vu dans ses rêves. Mais hélas, la police patrouillait constamment la zone et il n’y avait aucun moyen pour qu’il puisse commencer à creuser.

Des jours durant, il rôda près du pont espérant que, peut-être, les policiers arrêteraient un moment de patrouiller, lui permettant de creuser à la recherche du trésor.

Finalement, l’une des patrouilles de police s’approcha de lui. « Pourquoi rôdes-tu constamment autour de cet endroit ? » lui demanda le policier. « Que veux-tu ici ? »

Izik était un homme simple, et ne vit pas d’autre alternative que de dire la vérité. Il raconta son rêve au policier, lui racontant également la difficulté du long voyage qu’il avait entrepris pour arriver à Prague depuis son modeste village près de Cracovie.

Quand Izik eut fini son récit, le policier hurla de rire. « Quel idiot tu fais ! » dit-il. « Et à cause d’un rêve stupide, tu es venu jusqu’ici ? Et bien, j’ai souvent eu un rêve moi aussi. J’ai rêvé que dans un tout petit village près de Cracovie il y avait une petite cabane qui appartient à un idiot nommé Izik Reb Yekale’s, et dans cette cabane se trouve un trésor extraordinaire. Crois-moi, mon ami, il n’y a pas de trésor pour toi ici. »

Anéanti, Izik rentra chez lui, pour trouver qu’en son absence les plans qu’ils avaient ébauchés avant son départ étaient devenus envisageables: ses espoirs de construire une plus grande maison étaient finalement réalisés, car le prix du bois avait considérablement chuté ; le lopin de terre qu’il convoitait était disponible et à un prix abordable étant donné que les propriétaires avaient quitté l’endroit, et la rumeur courait qu’ils avaient donné des ordres à leur agent de se défaire de la terre aussi vite que possible, à n’importe quel prix. Le meilleur de tout, sa femme avait appris qu’elle attendait un bébé. De toute cette bonne fortune, les projets de Izik Reb Yekale’s fleurirent, et il put construire non seulement une plus grande maison pour sa famille grandissante, mais aussi une nouvelle synagogue, plus grande, pour sa communauté. Il considérait la construction du temple comme une Mitsva, en retour pour la précieuse leçon qu’il avait apprise.

Ni la fortune, ni la célébrité, ni le prestige, ni quoi que ce soit d’extérieur ne peuvent nous donner plus qu’un bref sentiment de satisfaction. Aussi idiot que cela puisse paraître, le seul vrai bonheur durable est en nous-mêmes – qui, tristement, est trop souvent le dernier endroit où nous le cherchons.