Miki Spitzer, 29 ans, anciennement élève à la Yéchiva de Mir à Jérusalem, est un photographe de notoriété internationale.

Il dit sur lui-même qu’il a fait ses premières armes, comme tout le monde, en photographiant avec son iPhone, pas plus. Après avoir tâtonné sans grand enthousiasme dans la pâtisserie et le montage, il opte pour une formation dans la photo. Il accroche, il sent que c’est son domaine, s’achète un bon appareil et se lance.

En très peu de temps, c’est la consécration. Ses photos font le tour du monde, on le demande pour des interviews, des magazines de photos le réclament, et, Corona ou pas, il voyage beaucoup. Il enseigne à “Prog”, école religieuse des arts médias à Jérusalem. Sa virtuosité et sa maîtrise des techniques photographiques ne peuvent pas un seul instant laisser deviner qu’il exerce son art depuis à peine deux ans. Comme quoi, quand on aime et qu’on a du talent, tout va très vite.

En tant que juif et orthodoxe, il dit qu’il veut partager avec son public cette émotion et cet émerveillement que suscite en lui la vision d’un paysage sublime, création de D.ieu. Il y intègre souvent un personnage en Talith, comme une signature, une trace juive et humaine dans ce décor d’une beauté vertigineuse.

Son sujet de prédilection, ce sont les paysages extérieurs, les grands espaces naturels.

Ses pays fétiches ? L’Islande et l’Angleterre. Pour leurs étendues à perte de vue, pour la mer et la terre qui fusionnent. 

Il s’est rendu au Royaume-Uni pendant le Corona, et y a trouvé un pays fantôme, une Londres déserte et vidée de ses habitants. Mais pour un photographe d’extérieur, c’est le bonheur : personne ne le dérange en passant devant son objectif et cette solitude lui permet de choisir les meilleures perspectives pour repérer ses sujets. Avec 20 euros, il a pris un billet d’avion pour l’Islande, et curieux, mais sans rien connaître de ce pays, il a débarqué sur cette île glacée, faite de plaines enneigées, de vent soufflant à 140 km/h et de montagnes. Six fois grande comme Israël, cette terre est à peine peuplée de 360 000 habitants.

C’est le paradis d’un photographe d’extérieur. Des vues à couper le souffle, les aurores boréales qui colorient le ciel avec des teintes jamais vues dans un firmament, une plage de sable noir volcanique sur lequel, comme des diamants, sont déposés des morceaux de glaces : tout cela donne un rendu complètement surréaliste aux paysages, et, bien sûr, aux photos de l’artiste qui sait les saisir.

Il passe des heures à faire poser son modèle, en l’occurrence le paysage qu’il a choisi, cherche l’angle le plus intéressant, observe longuement les jeux de lumière sur le panorama, attrape l’instant magique où l’éclairage, soudain, allume le paysage, et là, il enclenche son appareil. C’est un metteur en scène de la nature : ses comédiens sont la mer, les falaises d’Angleterre coupées au ciseau, les dunes onduleuses et suffocantes de Dubaï.

Une de ses photos, dans une forêt anglaise, à l’approche du soir, surgissant des fougères, un Talith se déploie, comme les ailes d’un oiseau. Le châle de prière aux lignes blanches et noires fait écho à la vibration de la végétation qui entoure l’homme en prière. C’est un chef d’œuvre. Car la beauté plastique de la photo rejoint l’intensité spirituelle qui s’en dégage.

La première photo qui l’a fait connaître, il l’avait prise à Dubaï, bien avant les accords de paix. Ses clichés sont déjà des classiques : les dunes de sable du désert, la City illuminée, ou l'île Palmier, construction artificielle qui éclate dans l’océan comme un feu d’artifice.

Miki insiste sur le fait que, derrière une photo, peuvent se cacher cinq heures de travail. Il dit en souriant que des personnes lui ont demandé pourquoi il ne photographiait pas dans des mariages : "Ça gagne sûrement mieux !”, lui dit-on. 

Il répond : “Je suis un photographe de nature, de panorama. Pour moi, attendre des heures qu'un ciel flamboie, c’est ce que j’aime. Chercher l’angle qui m’émeut d’une chute d’eau dans un lac d’Islande m’est plus facile que de cadrer des jeunes mariés.

Mon véritable souhait, en fin de compte, est que chaque personne qui regarde mes photos puisse dire : “Quelles sont grandes Tes œuvres, Hachem”, et, par elles, sanctifier le Nom Divin.

* Miki Spitzer a enregistré un clip, du chant “Réfaénou” en Islande : https://www.geula.fm/video/40458/