Dans la vie, se présentent à nous parfois des opportunités (travail, appartement, associé,…) qu’il faut vite saisir, de peur qu’elles ne nous échappent à tout jamais. Ce même principe se retrouve aussi dans le domaine spirituel et si l'on ne s’empresse pas pour accomplir les Mitsvot qui s’offrent à nous, on risque de perdre l’occasion de les réaliser.

C’est pourquoi, comme le relevait l’auteur du Messilat Yécharim, nos Ancêtres, à l’image d’Avraham, sont toujours très actifs et tout ce qu’ils accomplissent, ils le font avec zèle et rapidité. Dans la même optique, nos Sages nous enseignent (‘Haguiga 9b) que les commandements qui dépendent d’un laps de temps pour les réaliser ne sont pas récupérables si l'on a manqué son devoir. Par exemple, si nous n’avons pas lu le Chéma’ Israël en son temps, cette Mitsva est perdue, la Torah n’ayant pas prévu de “session de rattrapage”, même si une contrainte nous a empêché de l’accomplir.

Mais il existe une exception à cette règle : Pessa’h Cheni. La Torah nous rapporte que des personnes qui se trouvaient impures, ne pouvant pas dans leur état accomplir la Mitsva d’offrir le Korban Pessa’h (sacrifice pascal), ont réclamé à Moché Rabbénou la possibilité de l’offrir plus tard lorsqu’ils se seraient purifiés. Leur cas fut soumis à l’Eternel qui accéda à leur demande, et c’est ainsi que toute personne impure ou se trouvant loin de la ville de Jérusalem l’après-midi du 14 Nissan, put désormais un mois plus tard (Pessa’h Cheni - soit “second Pessa’h”) offrir ce sacrifice (Bamidbar 9). Le Séfer Ha’hinoukh nous en donne l’explication : le Korban Pessa’h est l’expression de notre croyance en un D.ieu unique, qui a bouleversé les lois de la nature lors de la sortie d’Egypte pour nous montrer que c’est bien Lui le Créateur. Vu l’importance de cette Mitsva fondamentale, D.ieu a voulu permettre à tout un chacun de la réaliser, en proposant même une possibilité de rattrapage.

Pessa’h Cheni n’est plus applicable aujourd’hui, après la destruction du Temple, mais il véhicule un message totalement actuel : nous sommes témoins partout dans le monde d’un réveil extraordinaire de Téchouva. Beaucoup de juifs qui, dans le passé, se sont rendus impurs par des fautes et se sont éloignés de la Torah, réclament aujourd’hui la possibilité de revenir vers D.ieu et de Le servir, mais le défi apparait souvent comme impossible à relever. La Mitsva de Pessa’h Cheni nous révèle que lorsqu’il existe chez le juif une volonté de retourner à la source et au fondement du judaïsme, il y a toujours une possibilité de retour et de rattrapage, même impur et éloigné, et du Ciel on lui lancera une corde pour y parvenir. 

Cette pensée profondément juive qu’il n’existe pas de point de non-retour, a été beaucoup développée dans la ‘Hassidout, surtout celle de Breslev. On a pu se rendre compte combien cette approche a sauvé de juifs en leur donnant l’espoir de pouvoir revenir à leur source, malgré l’éloignement.

Dans la même semaine où tombe Pessa’h Cheni, nous fêtons Lag Ba’omer, avec en Israël le pèlerinage à Méron auprès du tombeau de Rabbi Chim’on Bar Yo’hay.  Là aussi, il est légitime de se demander pour quelle raison ce grand Sage a mérité de voir autant de visiteurs le jour de sa Hiloula, et que partout dans le monde on allume des cierges à sa mémoire. La Tradition nous rapporte que Rabbi Chim’on a pu avant sa mort dévoiler le Sod (la partie cachée) de la Torah, le Zohar, et c’est pourquoi son souvenir est tellement marqué. Si cette étude pendant des centaines d’années était réservée à une élite d’érudits, depuis deux centenaires, par le biais du Ram’hal, du Gaon de Vilna et surtout du Ba’al Chem Tov avec la ‘Hassidout, elle s’est répandue et a permis de raviver la foi chez les gens simples et les “éloignés”. D.ieu, dans Sa Bonté, a permis le dévoilement d’une Science qui va permettre bien plus tard un renouvellement prodigieux au judaïsme.

Pessa’h Cheni et Lag Ba’omèr, ces deux événements fêtés à quelques jours d’intervalle, véhiculent un message commun : l’espoir et la lumière de la fin des temps.