Est-ce que la Délivrance arrivera de façon rapide et sans détour ou alors serpentera-t-elle entre les embûches et les difficultés, sur un chemin parsemé de hauts et de bas ? 

Nos Sages nous apprennent que les deux éventualités sont possibles et qu’en grande partie, le dénouement dépendra de nous. 

Déjà en Egypte, le chemin vers la délivrance avait été précédé d’une chute phénoménale. On voit dans nos Parachiot qu’après que D.ieu envoya Moché pour annoncer la délivrance au peuple hébreu, la situation se dégrada encore et Pharaon ordonna d’alourdir l’esclavage et de ne plus donner de paille pour construire les briques. La détresse était immense et les responsables des travaux s’étaient rendus auprès de Moché pour exprimer leur désarroi et celui du peuple. Moché s’était alors adressé à D.ieu ainsi : « Pourquoi as-Tu alourdi l’esclavage de ce peuple, pourquoi m’as-Tu envoyé… ? » 

Mais l’on voit que cet épisode marque la toute dernière étape avant que ne commencent les 10 Plaies, qui aboutiront à la libération des Hébreux. 

Avant l’aube, la nuit est la plus noire 

Nos Sources regorgent de descriptions de situations semblables qui marquent les débuts de la délivrance. Dans le Zohar ‘Hadach (Béréchit 6,1) est décrit le processus de la Guéoula future : « Ainsi se produira la Délivrance d’Israël : avant que ne se lève le soleil du dénouement final, ils subiront épreuves sur épreuves et l’obscurité succédera aux ténèbres. C’est à ce moment, alors qu’ils se trouveront dans cette pénombre, que la lumière divine commencera à pointer… »

On rapporte au nom du Ramak (acronyme du kabbaliste Rabbi Moché Cordovero), dans l’ouvrage Or Ha'hama : « Le début de la Délivrance commencera par de grandes épreuves pour le peuple et ce, dans le but de le purifier pour deux raisons : afin d’écarter les impies qui rejetteront les épreuves et deviendront les ennemis du Machia’h, et également afin de purifier les Tsadikim, pour qui les souffrances seront une expiation pour mériter pleinement la Délivrance. » 

Le commentateur Keli Yakar, à la fin de la Paracha de Chémot, dit : « C’est ainsi, chaque jour avant l’aube, la nuit est d’une grande noirceur ; de même lors des jours d’hiver, c’est avant le lever du soleil que le froid est le plus intense. Ainsi, le fait que Pharaon ait plus que jamais alourdi les tâches sur les Juifs est la preuve absolue que l’heure de la délivrance approche. »

Les « talons du Machia’h »

Cette période, nommée ‘Ikvéta Dimechi’ha dans nos textes, est la plus difficile de toutes et est constituée d’évènements douloureux qui apparaissent justement alors que le soleil doit se lever.

Cette situation de chute a plusieurs objectifs : c’est la dernière purification avant la fin, le nettoyage d’éléments négatifs qui pourraient entraver la Guéoula, et un test pour chaque juif qui révèlera combien sa foi en la Délivrance finale est solide. 

Lorsqu’on connaît tous ces éléments, il n’y a pas de raison de tomber dans le désespoir et de douter. Bien au contraire, c’est en voyant cette chute incompréhensible que l’on peut en déduire que la fin est proche et qu’elle arrivera en un clin d’œil, lors d'une « seconde d’inattention », comme disent les textes. Au bout de la descente, il ne reste qu’une possibilité, celle de remonter, et ce sera alors une ascension fulgurante, jusqu’au sommet. 

Un juif doit savoir que rien n’est fermé et verrouillé à l’avance mais que tout dépend de ses actions. Chaque Mitsva, chaque prière, chaque geste de ‘Hessed, une parole réconfortante à son prochain auront le pouvoir de raccourcir le chemin et de nous éviter les peines et souffrances de l’enfantement. 

« Halevay ‘Alénou Békarov »

(Traduction et adaptation du feuillet Si’hat Hachavoua’, 01.01.2021)