Nous disons dans la dix-huitième bénédiction de la Amida : Nous Te remercions, car Tu es pour toujours notre D.ieu et le D.ieu de nos ancêtres, le Protecteur de notre vie, le Gardien de notre salut. Nous te remercions et proclamons Ta louange pour nos vies réunies entre Tes mains et pour nos âmes à Toi confiées, pour Tes miracles qui chaque jour sont avec nous, pour les bienfaits que Tu dispenses en tout temps, nuit et jour. D.ieu de clémence, Tes bontés sont inépuisables ; depuis toujours nous espérons en Toi. Pour tout cela, que Ton nom, notre Roi, soit béni et magnifié à jamais, et que tous les vivants rendent hommage à Ton nom, en toute vérité, Toi qui es notre salut et notre secours. Béni sois-Tu Eternel, Toi dont le Nom est bonté et à qui s’adressent les louanges.

D.ieu ne nous doit rien, mais il nous donne tout. Il nous rend chaque matin notre âme rassérénée. Il assure le bon fonctionnement de nos organes. Il garantit notre subsistance. Nous lui devons notre famille et nos amis. Il nous couvre chaque instant de son amour infini. La reconnaissance de ses bienfaits est un fondement de notre judaïsme. Nous ne pouvons avoir un service divin intègre sans reconnaissance. En fait, notre service divin est l’expression de notre reconnaissance. Nous remercions D.ieu lorsque nous le servons avec joie et dévotion. Le roi David chante (Ps. 100) : « Acclamez l’Éternel, toute la terre. Adorez l’Éternel avec joie et présentez-vous devant Lui avec des chants d’allégresse. Reconnaissez que l’Éternel est D.ieu ; c’est Lui qui nous a créés, nous sommes Son peuple, le troupeau dont Il est le pasteur. Entrez dans ses parvis avec des actions de grâces et des louanges. Rendez-Lui hommage, bénissez Son nom. Car l’Éternel est bon, sa grâce est éternelle, sa bienveillance s’étend de génération en génération. » 

Le remerciement ne passe pas uniquement par les actes et les paroles codifiées que sont les Mitsvot et les bénédictions. Nous devons concrètement dire « Merci ». Il faut dire merci pour tous les bienfaits que D.ieu nous prodigue. C’est ce que le roi David chante dans son Mizmor : « Adorez l’Éternel avec joie présentez-vous devant Lui avec des chants d’allégresse. » Il faut savoir dire merci avec joie pour les grandes et pour les petites choses. Le remerciement ne se limite pas aux événements agréables. Nous devons également remercier D.ieu pour les contrariétés de l’existence. Comment et pourquoi dire merci si on a manqué un rendez-vous important ou si on a perdu de l’argent dans une mauvaise affaire ? 

Rabbenou Behaye explique dans la porte de la confiance du ‘Hovot haLevavot que D.ieu nous aime infiniment et il pourvoit à notre bien-être absolu. Il fait tout pour notre bien véritable. Nos sages racontent à ce sujet l’histoire suivante : une fois, Rabbi Akiva prit la route. Il emmena un âne pour porter ses affaires, une bougie pour étudier le soir et un coq pour le réveiller au petit matin. À l’approche de la nuit, il se rendit dans un village afin d’y demander l’hospitalité. Les habitants le rembarrèrent sans ménagement.  Rabbi Akiva dit alors : « Tout ce que D.ieu fait, Il le fait pour le bien. » Il décida donc de passer la nuit dans la forêt avoisinante.  Une fois installé, il entendit un bruit dans la végétation. Avant qu’il ait pu réagir, un lion sauta hors des feuillages et s’empara de son âne. Rabbi Akiva dit : « Tout ce que D.ieu fait, Il le fait pour le bien. » Il mit à l’étude. C’est alors qu’un chat happât son coq. Rabbi Akiba dit une nouvelle fois : « Tout ce que D.ieu fait, Il le fait pour le bien. » Il décida de se replonger dans son étude, mais un vent souffla sa bougie. Rabbi Akiba dit : « Tout ce que D.ieu fait, Il le fait pour le bien. » Le matin, rabbi Akiva entendit des bruits étranges. Il réalisa qu’une horde de brigands avait assailli le village et capturé tous ses habitants. Il comprit alors comment D.ieu l’avait protégé. S’il avait élu domicile dans le village, si ses animaux avaient gesticulés ou si sa bougie l’avait éclairé, il aurait subi le même sort que les habitants du village.

 

Cette histoire nous enseigne que D.ieu fait tout pour le bien, mais pas uniquement. On peut y apprendre la force de la louange et du remerciement à D.ieu. On peut en effet comprendre que rabbi Akiva a été sauvé parce qu’il louait D.ieu en toute circonstance. Sa louange lui a donné le mérite d’être sauvé. Nos sages nous racontent une histoire similaire avec Na’houm Ich-Gamzou, l’un des maîtres de Rabbi Akiva. Ce dernier avait également la ferme conviction que tout ce qui pouvait lui arriver tendait nécessairement au bien. Comment le savait-il ? C'est très simple. Il savait que rien n'arrive par hasard ni à l'insu de D.ieu. Or D.ieu est bon ; donc rien de mal ne peut arriver. Il avait donc l’habitude de dire : « Gamzou le Tova » (cela aussi est pour le bien). Cette réalité était tellement ancrée en lui que nos sages ne l’appellent pas Rabbi comme les autres maîtres de la Michna, mais Na’houm Ich-Gamzou. Son leitmotiv est devenu son titre. Il lui conféra la force de faire des prodiges. On ne soupçonne pas la force d’une louange ou d’un remerciement à D.ieu. Le rav Chalom Arouch écrit dans son livre Les merveilles du remerciement que des gens ont été sauvés de maux terribles grâce au pouvoir d’un merci. Car le remerciement n’est pas une simple Segoula (un remède inexplicable), mais il s’agit d’un lien avec D.ieu. Il arrive souvent que D.ieu nous éprouve afin que nous nous tournions vers Lui. Il faut donc savoir dire merci et renforcer ainsi notre lien avec notre Créateur.

Puisse D.ieu agréer nos remerciements et continuer à nous couvrir de son amour ainsi que de sa bienveillance.