C'est très simple. Il faut faire Téchouva ! Comme il est écrit dans la Guémara[1] : si [les Juifs] méritent (la Guéoula viendra) avant son temps. S'ils ne méritent pas, en son temps.

D'aucuns diront « qui suis-je, que suis-je ? Mes actions, bonnes ou mauvaises auraient-elles une quelconque influence ? » Ou bien « si c'est comme ça, alors le Machia'h est bien loin de venir ! On est loin d'avoir tous fait Téchouva ! ».

Ce ne sont que des réflexions inspirées par le mauvais penchant. Chaque juif en tant qu'individu a le devoir et le pouvoir de rapprocher la Guéoula, comme l'enseigne le Rambam[2] :

Chaque Homme doit se considérer lui-même, toute l'année comme aussi méritant que coupable et de même considérer le monde entier comme aussi méritant que coupable : ainsi s'il commet une faute, il fait pencher la balance pour lui-même et pour le monde entier du côté de la culpabilité et cause sa destruction. S'il accomplit une Mitsva, il fait pencher la balance pour lui-même et pour le monde entier du côté du mérite et apporte ainsi pour lui-même et pour le monde salut et délivrance.

Les fauteurs retardent-ils la Guéoula ?

Il n'y a donc aucune excuse. Et on ne parle donc pas d'une Téchouva totale et parfaite de tout le peuple d'Israël. En effet, il est dit explicitement que c'est le Machia'h lui-même qui ramènera à D.ieu l'ensemble du peuple. Ce que veut dire le Rambam, c'est qu'une simple action, même de personnes imparfaites comme nous, peut faire pencher la balance du bon côté ! Et la responsabilité incombe tout particulièrement à ceux qui ont déjà conscience de l'importance de la Torah et des Mitsvot.

En effet, la majorité du peuple d'Israël sont des « Tinok Chénichbou », littéralement, des enfants enlevés, perdus au milieu des Nations, détachés de leur peuple et de ses traditions depuis de nombreuses générations. Leurs « fautes » ne « comptent » pas et ne peuvent retarder la Guéoula comme le Métsoudat David le dit sur le verset[3] : « Et Il affranchit Israël de toutes ses fautes. » Même la faute ne retardera pas la Délivrance, car Il affranchit Israël de ses fautes.

Quelles Mitsvot en particulier, approchent la Guéoula ?

Les fautes ne retardent pas, mais les Mitsvot accélèrent ! Mais quelles Mitsvot ? A priori, tout est bon à prendre, cependant, il existe des Mitsvot particulières qui ont un gros potentiel « Guéoulatique ».

Par exemple, étudier la Michna. En effet, il est dit dans le Midrach[4]: toutes les Diasporas ne se réuniront que par le mérite des Michnayot.

Ou encore étudier l'intériorité de la Torah : Kabbale et 'Hassidout, comme il est dit dans le Zohar[5]: par le mérite du fait qu’Israël goûtera de l'arbre de vie, qui est le livre du Zohar, alors ils sortiront de l'exil avec miséricorde.

Mais la plus importante, c'est bien évidemment la Tsédaka comme il est dit[6] : Grande est la Tsédaka car elle rapproche la Délivrance.

Ce n'est évidemment pas un hasard si les Sages insistent justement sur cette Mitsva. Elle procède de la réparation ultime de la raison de l'exil et de la destruction du Temple : la réparation de la haine gratuite. Et ne croyez pas qu'il faille déplacer des montagnes pour réparer cette faute, comme donner des milliards à la Tsédaka ou adopter 12 orphelins. Non ! Chaque acte d'empathie, d'aide (pas forcément financière) n'est pas à prendre à la légère. Cela peut être cet acte qui fera pencher la balance. Dans la Ahavat Israël, l'amour du prochain, il n'y a pas de petites actions. La preuve ? Nos Sages enseignent que le Temple fut détruit à cause d'une véritable « broutille », une dispute idiote entre deux Juifs[7]. Pourquoi nous rapporter une telle histoire ? Pour que nous nous mettions bien dans la tête que si le Temple fut détruit à cause d'une telle bêtise, alors, à plus forte raison, il pourra être reconstruit par une « broutille » d'amour du prochain et de Tsédaka. Un sourire, un encouragement, empêcher une dispute, une petite pièce, tout compte. On parle donc de la Tsédaka au sens large, des actes prouvant qu'Israël a réparé la raison de l'Exil. Une Tsédaka qui peut être aussi bien matérielle que spirituelle.

La Tsédaka, donner à l'autre est donc le fer de lance de la Ahavat Israël.

Mais cet amour du prochain doit se traduire aussi par un comportement quotidien irréprochable.  On évite donc tout Lachon Hara’, médisance ou tout comportement irrespectueux, toute dispute ou offense.

Le 'Hafets 'Haïm disait que s'il régnait une paix véritable ne serait-ce que dans une seule synagogue dans le monde, alors le Machia'h viendrait tout de suite.

A méditer...


[1] Traité Sanhédrin 98a.

[2] Lois sur la Téchouva chapitre 3 loi 4.

[3] Psaumes 130.8.

[4] Vayikra Rabba chapitre 7.3.

[5] Rééya Méémna sur Parachat Nasso.

[6] Traité Baba Batra 10a.

[7] Voir l'histoire de « Kamtsa et Bar Kamtsa » Traité Guitin 55b.