L'émetteur envoie son message, par petits bouts, d'une ou deux phrases à la fois. Le récepteur fait le miroir, c'est-à-dire qu'il répète ce qu'il a entendu, mot à mot, ou en paraphrasant le plus précisément possible.
Chaque fois que le récepteur reflète les propos de l'émetteur, il commence par la phrase : « Je t'entends dire... » et il termine par cette question : « Est-ce que je t'ai bien entendu ? » 
Ces deux phrases, qui encadrent le contenu de l'émetteur, lui offrent la garantie que le message qui lui est renvoyé exprime ce que le récepteur a entendu, et pas forcément ce qui a été dit. Cela laisse la possibilité à l'émetteur de corriger, d'ajouter ou de retrancher les propos qui ne sont pas conformes à sa réalité. La question : « Est-ce que je t'ai bien entendu » permet à l'émetteur de contrôler la pertinence de ses propos.
 
Par ce processus, le rythme du dialogue est fortement ralenti, ce qui laisse du temps aux deux partenaires pour approfondir le lien. Le récepteur reste très attentif aux expressions du visage et au ton de la voix de son interlocuteur ainsi qu'à toutes les modifications qui inévitablement vont se manifester. Il est invité à visiter le monde de l'émetteur tel que ce dernier le présente, ici et maintenant.
 
Le dialogue continue de cette manière, telle une danse entre deux personnes, tel un va-et-vient de mots. Le récepteur ne pose pas de questions, ne donne pas de conseils, il écoute seulement ce que son partenaire lui dit. Il prend la responsabilité de l'espace entre-deux, c'est-à-dire qu'il n'intervient jamais, ni ne juge, ni ne compare, ni n'évalue, ni ne critique, ni ne blâme. Il reste neutre, à l'écoute, avec pour consigne de refléter les propos de son partenaire, de la manière dont ils sont exprimés, tel un écho, avec cœur et empathie.
 
Très rapidement, et toutes les personnes qui pratiquent cette méthode le confirment, le récepteur se trouve dans une situation délicate. Il veut spontanément répondre aux propos de son partenaire, surtout lorsque celui-ci le rend responsable d'une situation ou d'un événement. Cette réaction est un comportement tout à fait normal, instinctif. C'est le cerveau reptilien qui fait son travail et personne ne va le blâmer, pas plus que l'on reprocherait à un chien de garde d'aboyer à l'approche d'un inconnu. En effet, lorsqu'il y a une attaque ou une menace, chacun de nous utilise sa stratégie favorite pour se défendre : ironiser, se mettre en colère, fuir, devenir confus, bâiller, poser des questions, se désintéresser, bref, nous utilisons toutes les armes dont nous disposons.
 
C'est justement ce type de réactions qu'il s'agit d'apprendre à contenir. C'est-à-dire apprendre à ne pas les « jeter » dans l'espace du couple. Contenir ne signifie pas refouler, ignorer ou nier, mais bloquer. Cela veut dire qu'il est nécessaire de prendre conscience de cette réaction, de la regarder, de l'accepter et de la mettre provisoirement de côté, sachant que l'on s'en occupera en temps voulu. Puis de revenir dans le monde du partenaire et s'intéresser à nouveau à sa réalité exclusivement.
 
Pour reprendre la métaphore du chien de garde, contenir veut dire : « Tu as très bien fait ton travail, mais ce n'est plus nécessaire d'aboyer. Cette personne n'est pas une menace pour nous, je suis capable de l'écouter, de répondre à ses demandes et de lui donner l'hospitalité ».
 
Ainsi, le récepteur apprend à calmer son mode réactif, avec pour effet qu'il peut réellement écouter l’autre. Il découvre alors une nouvelle réalité, car il est en connexion avec lui, au lieu de rester uniquement à l'écoute de son propre monde, de ses propres inquiétudes, de ses propres frustrations et de son système de défense.
 
En portant toute son attention sur l'émetteur, le récepteur lui permet de se sentir vraiment entendu. Lorsque nous reflétons correctement les mots, l'expérience, l'histoire de notre partenaire, non seulement nous recevons cette part précieuse de lui, mais nous faisons ce que fait un miroir, c'est-à-dire renvoyer une image précise de la personne qui est devant nous.
 
Faire le miroir, c'est veiller à ce que l'espace entre-deux ne soit pas pollué, (le récepteur n'y déposant rien de personnel), c'est soutenir le partenaire et l'espace, c'est signifier à l'autre que vous le voyez, que vous entendez son histoire, que vous lui permettez d'être là, juste comme il est, dans l'instant. Vous ne voulez pas lui donner de conseils, vous ne voulez pas déformer ses propos, vous voulez l'accueillir avec bienveillance, comme un nouveau-né.
 
Ce que la personne exprime peut être important, mais cela ne l’est pas autant que le processus lui-même et surtout pas aussi important que la manière dont vous écoutez votre partenaire qui fait la différence entre connexion et son contraire. Il s'agit d'une rencontre de personne à personne et non pas d'un problème à un autre problème.
 
Dans la pratique, faire le miroir est très important, car cela nous apprend en tant que récepteur à se débarrasser de vieux habits que nous mettons chaque fois que nous entrons dans l'intimité d'une relation. Nous découvrons que nous sommes capables d'écouter sur un mode intentionnel, sans jugement, sans comparaison. Nous apprenons à abandonner certains comportements d'évitement de l'intimité dans la relation, tels que le rire, poser des questions, ne pas regarder notre partenaire dans les yeux, prêter attention à ce qui se passe aux alentours, interrompre, ne pas écouter. 
Dans cette phase du miroir, le récepteur n'a pas à comprendre les propos de l'émetteur. La compréhension se fera dans la prochaine étape du dialogue. La séparation de ces deux activités, écouter et comprendre, offre de la disponibilité au récepteur car il n'a pas besoin de comparer les propos de l'émetteur avec sa propre réalité pour leur donner du sens ou non.
 
Cette attitude crée évidemment un climat de sécurité pour l'émetteur. Ce dernier découvre rapidement les bienfaits d'être écouté avec une telle qualité. Il peut s'ouvrir à son monde et ouvrir son monde à son partenaire. Il lui fait découvrir sa vérité, ses soucis, ses blessures, avec la garantie que rien ne sera touché, transformé, critiqué, nié. Mais qu'au contraire ses propos seront reçus, donc reconnus. Ainsi, l'émetteur parvient-il peu à peu à se découvrir, car le sentiment de sécurité créé par la qualité de l'écoute du
récepteur permet au cerveau reptilien de l'émetteur de relâcher sa vigilance, pour rester ainsi totalement disponible. Il peut ainsi aller à la recherche de sa vérité. Alors, des souvenirs, des compréhensions, des émotions, des sentiments, des liens, qui jusque-là étaient restés non conscients, émergent. Ils vont donner du volume et du poids à son histoire.
 
Chaque fois que votre cerveau reptilien se rappelle à votre bon souvenir, il vous est demandé de mobiliser le nouveau cerveau (le lobe frontal) pour faire le miroir. Même si cela peut paraître difficile au début, vous verrez qu'avec un peu d'entraînement, comme un sportif qui entraîne tel ou tel muscle, vous développerez vous aussi un nouveau muscle : celui qui vous permet de rester conscient au lieu de retourner dans vos schémas réactifs.
 
Je vous invite, en attendant la prochaine étape, à vous essayer à cet exercice au travers duquel vous vous découvrirez seul et à deux à la fois.
N’oubliez surtout pas que pour faire couple, il incombe de quitter sa zone de confort pour aller à la découverte de son être et de celui ou de celle qui partage votre vie.
Expérience enrichissante teintée d’émotions garantie !