Mon mari et moi sommes des personnes extrêmement réservés qui ne cherchons pas à attirer l’attention. Cependant, avec mon mari, nous avons décidé de rédiger cette lettre pour le message de ´Hizouk et d’espoir qu’elle transmet et pour qu’elle soit lue par le plus grand nombre :
Appartenant à un mouvement ‘Hassidique, nous nous sommes mariés très jeunes. Je venais d’avoir dix-huit ans et mon mari n'avait qu'un an de plus. Dès notre première rencontre, nous savions tous les deux que nous étions faits l'un pour l'autre. Nous nous sommes rapidement mariés et nous étions incroyablement heureux.

Lorsque la première année s'est écoulée et que je n'étais toujours pas enceinte, mes parents et ma belle-famille semblaient préoccupés et m'ont suggéré d'aller voir un médecin. Nous avons décidé d’un commun accord avec mon époux de ne pas consulter.

Après que trois années se soient écoulées sans que je tombe enceinte, mes beaux-parents ont insisté pour que j'aille voir un médecin, ce que j’ai finalement fait.

Après m'avoir fait des examens, le médecin m'a annoncé que je ne pourrais probablement jamais avoir d'enfant car mes ovaires étaient gravement déformés. Je suis rentrée chez moi désespérée, pensant que mon mariage était terminé.

À mon retour, j’ai annoncé la terrible nouvelle à mon mari en rajoutant que je comprendrais s'il voulait me donner un Guèt (acte de divorce religieux). Il a retiré mes mains de mon visage en pleurs et a dit que la seule façon de nous séparer était que je devienne veuve !

Notre amour l'un pour l'autre était si fort, et notre amour pour Hachem incommensurable. Même si nous restions sans enfant, nous resterions toujours ensemble.

Quand nous l'avons dit à nos parents, ils ont insisté pour qu'un Guèt soit donné, pour qu'au moins mon mari puisse avoir des enfants. Mais il a fait taire tout le monde en disant que c’était entre Hachem et nous, et jusqu'à ce qu'Hachem décide autrement, nous prierons et nous verserons des larmes pour abroger ce décret.

Ils nous ont finalement laissé seuls et nous sommes devenus le couple sans enfant qui se démarquait lors des réunions de famille et des Sma’hot. Les années ont passé, et peu importe ce que nous avons essayé ou combien nous avons pleuré et supplié les Cieux, rien n'a changé.

Ce qui a changé, c'est la profondeur de notre amour l'un pour l'autre, le respect et la dévotion que nous nous sommes donnés. Cet amour est devenu plus grand et plus profond au fil des années.

Nous étions mariés depuis dix-huit ans lorsque mon mari a décidé de demander une bénédiction spéciale à un Gadol Hador (Grand Rabbin de la génération) qui est venu dans notre ville avant Roch Hachana. Quand le Gadol a vu mon mari, il s'est levé de son siège et s'est avancé vers lui et a dit à haute voix pour que tous entendent : “Je t'ai attendu”.

Il semble qu'un jeune couple très spécial a eu un terrible accident de voiture, décédant sur le coup. Le couple a laissé derrière lui sa petite fille de six semaines, atteinte du syndrome de Down.

La nuit même de l’accident, le Gadol a eu une vision de cela, mais a également eu la vision d'un jeune homme qui venait le voir pour une bénédiction pour avoir des enfants.

C'est mon mari qu'il a vu dans son rêve. Mon époux a immédiatement dit que nous allions prendre ce bébé et l'élever avec tout l'amour qu'Hachem a implanté dans nos cœurs.

Quand mon mari est rentré à la maison et m'a dit cela, j'ai pleuré de joie de savoir que Hachem nous avait choisi pour aimer cette pauvre petite âme. C'était sûrement la raison pour laquelle nous étions sans enfant, car ce petit ange aurait besoin de toute notre attention et de notre amour.

Toutes les dispositions pour nous amener le bébé ont été prises en charge et, deux nuits plus tard, je tenais cette belle et pauvre petite orpheline contre mon cœur.

C'est étrange à quel point vous pouvez vous aveugler sur les défauts de quelqu'un que vous attendez d'aimer depuis si longtemps, mais mon mari et moi n'avons pas remarqué ces signes physiques qui étaient assez mineurs.

Nous nous sommes tous les deux investis dans la tâche d'être les meilleurs parents du monde. La petite Guéoula a grandi, riant et chantant et répandant une joie qui remplissait nos cœurs et notre maison.

Un jour, alors que je lisais une histoire à ma petite fille de trois ans avec sa tête sur mes genoux, elle s'est tournée vers moi et m'a dit : « Maman, je sens le bébé te donner des coups de pied dans le ventre ! » Elle riait et me frottait le ventre, je n'arrivais pas à la faire s'arrêter.

Elle n'arrêtait pas de parler du « bébé dans le ventre de maman », même après que mon mari soit rentré d'un cours de Torah et l'ait mise au lit. Tout ce que nous pouvions faire était de nous regarder.

Serait-il si exagéré de penser que Hachem nous envoyait à nouveau une autre Néchama (âme) ? Je me sentais bien, aucun symptôme ou quoi que ce soit pour y croire.

Mon mari a insisté pour que je fasse un test de grossesse, juste pour être sûr que ce n'était pas l'imagination de notre petite fille en jeu. Le lendemain matin, test en main, j'ai salué mon mari à son retour de Cha’harit (prière du matin). J’étais, en effet, enceinte. J'ai passé toute la journée avec ma petite Guéoula, à danser, chanter et lire des Téhilim grâce à la grande bonté de Hachem.

Au moment du test, j'avais quarante-quatre ans, quarante-cinq ans lorsque nos fils jumeaux sont nés et que les miracles se produisirent.

Au cours des cinq années suivantes, j'ai donné naissance à deux autres enfants. Mon enfant spécial qui n'a jamais perdu son lien avec son Père céleste a toujours été au courant de nos miracles avant nous.

C'était une grande sœur aînée qui m'a aidé à prendre soin de ses frères et sœurs avec un amour et une dévotion surnaturels. Nous avons été tellement bénis et nous avons remercié Hachem chaque jour pour Guéoula et les miracles qu'elle a apportés avec elle.

J'ai 83 ans maintenant. Guéoula a été rappelée à son Créateur il y a treize ans. Elle mourut paisiblement dans son sommeil. C'était comme si elle savait qu'elle avait accompli sa tâche sur cette Terre, et alors elle m'a embrassé avant d'aller au lit, m'a demandé de m'asseoir près de son lit en disant « Chéma », m'a souri et m'a dit « merci d'être le meilleure maman au monde. »

J'ai eu l'étrange impression que la pièce était pleine d'âmes qui étaient venus pour l'escorter “à la maison”, mais je ne voulais pas lui compliquer la tâche. Alors, je l'ai juste embrassé, l'ai serré très fort dans mes bras et je suis sortie de la pièce avant qu'elle ne voie les larmes couler sur mon visage.

Dans la cuisine, mon mari pleurait. Ensemble, nous avons pleuré le décès de notre enfant spécial alors qu'elle quittait ce monde.

La raison pour laquelle j'écris cette lettre est qu'il y a des miracles tout autour de nous. Si nous plaçons notre amour, notre confiance et notre foi en Hachem, si nous croyons qu'il n'y a rien de plus grand que Lui dans l'univers, si c'est Sa volonté, alors vous serez comblé de Ses bénédictions et comprendrez qu'Il est toujours présent dans nos vies, dans notre monde et dans nos cœurs. Et rien n'est impossible !

Merci de m'avoir permis de partager mon histoire avec les nombreuses personnes qui ont perdu espoir.

Dora Blum